SAHEL. Les djihadistes et la "cocaïne connection"
Créé le 25-02-2013 à 00h11 - Mis à jour le 01-03-2013 à 19h06
Par Sarah Diffalah
La crise malienne a, ces derniers mois, attiré l'attention sur les liens qui pouvaient exister entre les trafiquants et les mouvements extrémistes du Sahel.
(Photo d'illustration prise le 21 février à Gao). Un attentat-suicide a fait au moins 5 morts vendredi 22 février dans la nord du Mali. (STR/AP/SIPA)
C'est une image qui a frappé tous les esprits. Celle d'un Boeing 727, calciné retrouvé au nord de Gao en novembre 2009. L'avion, qui venait vraisemblablement du Venezuela, près de la Colombie, était chargé de plusieurs tonnes de cocaïne. Les médias découvraient ce qu'ils ont surnommé le "Air cocaïne" et avec, l'ampleur du trafic de drogue dans la région. L'Afrique de l'Ouest est devenue depuis de nombreuses années une plaque tournante du trafic de drogue, les cartels d'Amérique du Sud délaissant la route nord qui passait directement par l'Europe pour des chemins beaucoup plus sûrs. En 2010, 18 tonnes de cocaïne ont transité via la région (le pic ayant été atteint en 2007 avec 47 tonnes). La crise malienne a, ces derniers mois, attiré l'attention sur les liens qui pouvaient exister entre les trafiquants et les mouvements extrémistes du Sahel. Appâtées par le gain, les mouvances telles qu'Aqmi, Ansar Dine ou le Mujao ont vite compris l'intérêt financier d'une telle collaboration.
Mais l'intervention française au Mali est venu compromettre tout le circuit. L'usage du mot "narcoterroriste" a remplacé "les djihadistes". Dernièrement, Laurent Fabius a ainsi évoqué le risque, enrayé par l'intervention française, de voir la naissance d'un "Etat narcoterroriste" au Mali. Avant lui, François Hollande soulignait devant le Parlement européen que le terrorisme se nourrissait "du trafic narcotique partout dans le monde et notamment en Afrique de l'Ouest", dans une allusion sans ambiguïté aux adversaires militaires qui se sont réfugiés pour la plupart dans la région du massif des Ifoghas après la libération des villes dans le nord du Mali.
Après le rapport des députés François Loncle et Henri Plagnol sur la situation sécuritaire dans la zone sahélienne présenté en mars 2012, huit députés de la Commission des Affaires étrangères présidée par Pierre Lellouche, planchent sur la sécurité au Sahel. La manne financière générée par ce rapprochement est considérable, bien qu'impossible à chiffrer. Elle s'ajoute à d'autres trafics rentables : prise d'otages, trafic de cigarettes, de migrants, d'armes, de voitures volées, de l'essence, de bétail...
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