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samedi 30 mars 2013

Habes papam novum


                    La Sociale

Habes papam novum

Lettre bernoise 51

Par Gabriel Galice • Lettres genevoises • Samedi 30/03/2013 • 

Cher Hyacinthe,
Toi, l’ancien aumônier, tu touches un nouveau pape : habes papam novum, dit-on à Rome.  Je doute que tu en sois énamouré éperdu. L’amitié me pousse à t’écrire mon humeur, moi qui suis, tu le sais, mentalement agnostique, existentiellement athée. Tu me livreras ton sentiment, in petto, je t’en prie.
L’ancien pontife, Benoît XVI, s’est usé à la tâche.  Passer de chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (l’ancienne Inquisition), à Pape, c’est muter de responsable du service juridique au poste de Président-directeur Général d’une multinationale, en sus de chef d’Etat ; un labeur exténuant. Ressources humaines défaillantes sur les cinq continents pour vices de fond, finances douteuses selon la justice, le Conseil de l’Europe, la Banque d’Italie et le département d’Etat américain http://www.bilan.ch/myret-zaki/redaction-bilan/demission-du-pape-lenvers-du-decor , abandons mondains jusqu’à la Curie ; à 76 ans, le Panzerkardinal Ratzinger a jeté l’éponge. Point n’est besoin d’avoir été Pape pour connaître les servitudes, turpitudes et vicissitudes de la conduite d’une organisation humaine au service d’un idéal. Profane en arcanes vaticans, je ne conjecture pas des raisons du départ de Benoît XVI (un méchant parpaillot de ma connaissance le nommait insolemment « treize et trois », comme « très étroit »).
François succède à Benoît.  Vu de loin, les cardinaux, possiblement assistés par l’Esprit saint, ont réalisé une prouesse, visant l’équidistance, atteignant la quintessence ; argentin, mais d’extraction italienne, philosophe mais chimiste, franciscain mais jésuite, conservateur mais paupériste, ambitieux mais modeste, bénisseur mais béni, dignitaire mais accessible, solennel mais avenant, l’homme a de quoi plaire aux catholiques du monde, aux médias même. N’en déplaise à une image outrageuse, Jorge Bergoglio n’aurait pas présenté l’hostie au dictateur Videla sous l’œil d’un photographe indiscret mais il n’a pas non plus, en son temps, condamné la dictature argentine. Qu’on se le dise, la théologie de la libération n’est aucunement son credo.
Que l’on soit croyant ou mécréant, cher Hyacinthe, l’élection du pape est devenue un « fait social total » (Durkheim), surtout depuis l’intrusion de la télévision dans nos foyers. Deux cogitations, présentement, me viennent : l’exhaussement de la pauvreté d’abord, la relation à la politique ensuite....
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