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samedi 30 mars 2013

Guy Debord livré en spectacle

                                                            Marianne

Guy Debord livré en spectacle

Samedi 30 Mars 2013 à 05:00 | 

BENOÎT DUTEURTRE

Le fondateur de l'Internationale situationniste fut un stratège aux vies multiples, un provocateur audacieux et profondément lettré. La BNF lui consacre une exposition passionnante du 27 mars au 13 juillet : "Guy Debord, un art de la guerre".

Guy Debord livré en spectacle
A New York, en 1990, un journaliste américain m'avait entraîné dans les rayons d'une libraire d'East Village pour me montrer l'édition américaine de la Société du spectacle. A côté, en bonne place, figurait Lipstick Traces, le livre de Greil Marcus, publié l'année précédente, où apparaissait l'influence des situationnistes sur le mouvement punk. De quoi réjouir un jeune Français qui venait de découvrir avec passion Guy Debord et de dévorer ses livres. Cette preuve venait s'ajouter aux précédentes : tandis que la pensée gauchiste retombait en poussière, balayée par le mouvement de l'histoire, l'unique figure contemporaine conjuguant révolution et intelligence était ce théoricien presque ignoré des médias. Guy Debord n'avait pas pris une ride. Mieux encore, sa théorie du monde transformé en «spectacle» semblait chaque jour plus pertinente et se diffusait entre initiés d'un pays à l'autre. 

Quant à imaginer que Debord, vingt-trois ans plus tard, deviendrait le héros posthume d'une exposition très officielle, organisée par la Bibliothèque nationale de France, il y avait un pas que nous n'aurions osé franchir. N'avait-il pas lui-même insisté, dans ses écrits, sur le côté irrécupérable de sa pensée ? Aujourd'hui, ses archives, achetées par l'Etat, ont obtenu le statut de «trésor national» ! Mais rien, après tout, n'assure qu'il eût désapprouvé ce destin paradoxal, comme tant d'aspects de sa vie. Son œuvre relève-t-elle de la poésie ou de la politique ? Pourquoi le théoricien du «dépassement de l'art» a-t-il laissé, parfois, l'image d'un grand nostalgique, amoureux des siècles passés ? De ces ambiguïtés, il aura joué continuellement avec une passion de la stratégie qui justifie le titre de cette exposition : «Guy Debord, un art de la guerre». ...
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