Translate

samedi 30 mars 2013

Hollande, un président trop sourd aux attentes

                                               Accueil

POLITIQUE -  le 29 Mars 2013
Editorial Par Patrick Apel-Muller

Edito: Hollande, un président trop sourd aux attentes

           
L'édito de Patrick Apel-Muller. «Savoir qu’on n’a plus rien à espérer n’empêche pas de continuer à attendre », écrivait Marcel Proust. Les millions de téléspectateurs de France 2, jeudi soir, ne caressaient pas d’illusions en écoutant François Hollande. Ni de nostalgie à l’égard du règne de l’argent cynique qu’avait instauré Nicolas Sarkozy. Mais l’exercice de pédagogie soigneusement préparé par les experts de l’Élysée a semblé tourner à vide.
Qui oserait parier en effet que l’avalanche des mesures d’austérité conduira à autre chose qu’à plus de chômage et de difficultés? Qui croit encore que les cadeaux au patronat, à nouveau ajoutés à une hotte bien pleine, serviront l’emploi et construiront un redressement industriel? On aura entendu le président de la République vanter l’accord de dupes concocté par la direction de Renault ou celui de flexibilisation du travail ourdi par le Medef. Le modèle c’est donc « le donnant-perdant » pour les salariés. Ce sont aussi des dépenses publiques comprimées, les retraites repoussées et des prélèvements alourdis, si ce n’est l’impôt…
Les Français auront entendu cela: sensible aux appels des milieux patronaux ou conservateurs, le président reste sourd à la colère larvée qui parcourt le pays. La chronique des fermetures d’usines et des vagues de licenciements est quotidienne. Le pouvoir d’achat a diminué au quatrième trimestre. La perspective de vivre plus mal demain qu’aujourd’hui se précise. Les sondages ne disent pas tout mais ils disent beaucoup. L’effondrement de la popularité de François Hollande et de l’exécutif traduit une déception considérable.
Les électeurs n’attendaient pas du nouveau chef de l’État des lendemains qui chantent mais un peu moins d’injustice, un peu plus de solidarité, plus de distance à l’égard des marchés financiers, moins d’alignement sur les dogmes de l’austérité en cours à Bruxelles. Or le gouvernement ne s’éloigne guère des sentiers battus par l’équipe Sarkozy. La rigueur étouffe la croissance et les comptes s’enfoncent dans le rouge. Les alertes lancées par les syndicats, le Front de gauche et désormais de plus en plus d’élus socialistes et Verts ne sont pas entendus. L’inquiétante législative partielle de l’Oise et le score trop important du Front national devraient également conduire le chef de l’État à retrouver les fondamentaux de la gauche, ceux qu’il avait martelés à la tribune de son meeting au Bourget, le 22 janvier 2012.
Cependant, les Français aspirent toujours à ce que les années qui viennent ne soient pas du temps perdu pour eux et leurs proches. Sans doute la petite musique du renoncement qui leur est jouée par trop d’instruments peut-elle endormir des résolutions. Mais l’appétit de changement demeure. L’espérance de plus de justice et d’égalité persiste, prête à donner de nouveaux élans. L’attachement au modèle social français reste un moteur puissant. Une gauche bien à gauche s’est donné pour tâche de construire sans délai des rassemblements majoritaires qui permettent d’arracher des transformations, de faire reculer les ravages des politiques d’austérité, d’unir pour que le pouvoir quitte les mains des seigneurs du CAC 40. Ce chemin, celui choisi par le Front de gauche, est le meilleur pour ne pas se condamner à attendre ou à redouter le pire.
  • A lire aussi:
Patrick Apel-Muller

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire