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samedi 30 mars 2013

«Pourquoi Obama n’a pas réussi à fermer Guantanamo»

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MONDE -  le 30 Mars 2013

«Pourquoi Obama n’a pas réussi à fermer Guantanamo»

En 2012, à l’occasion du dixième anniversaire 
de la prison 
de Guantanamo, Amnesty International dénonçait les promesses non tenues du président américain quant à la fermeture du camp. Un an après, rien n'a changé.
Une centaine de détenus, selon leurs avocats, une quarantaine selon les autorités militaires américaines, observe depuis cinquante jours un mouvement de grève de la faim sans précédent. Un mouvement de "désespoir", selon les défenseurs des détenus sans procès, qui relance les interrogations exprimées par la présidente depuis 2008 d’Amnesty International France il y a un an dans l'Humanité.
Nous republions cet entretien avec Geneviève Garrigos, malheureusement toujours d'actualité.
Dix ans après son ouverture, en janvier 2002, le centre de détention américain de Guantanamo, sur l’île de Cuba, est toujours ouvert malgré la promesse du président des États-Unis, Barack Obama, de le fermer. Comment l’expliquez-vous ?
Geneviève Garrigos. Effectivement 
Barack Obama s’était engagé à fermer Guantanamo. Je ne peux que constater qu’au cours de ces trois dernières années et demie de pouvoir, ses actes ont été à chaque fois en demi-teinte par rapport à ses déclarations sur ce sujet. Par exemple, il avait annoncé qu’il supprimerait l’utilisation de la torture par la CIA… mais pas forcément à l’étranger. Aujourd’hui, la CIA se sert du manuel d’interrogatoire de l’armée. Celui-ci ne fait certes pas référence aux simulacres de noyades (« waterboarding ») qui firent scandales, mais il liste des techniques comme les privations sensorielles ou le manque de sommeil. Obama a lui-même confirmé la notion de guerre globale contre le terrorisme. Sur Guantanamo, il explique qu’il n’arrive pas à fermer cette prison car le Congrès y est opposé et parce que la population y est très réticente. Les actuels candidats républicains à la présidence sont d’ailleurs favorables au maintien de Guantanamo et à l’utilisation du waterboarding.

Que se passe-t-il aujourd’hui 
à Guantanamo ?
Geneviève Garrigos. Aujourd’hui, on y recense 171 détenus. On en a compté près de 800. La moitié des personnes encore à Guantanamo pourraient être libérées parce qu’il n’y a pas de chefs d’accusation contre elles. Si 85 de ces détenus sont toujours à Guantanamo, c’est parce que leur pays d’origine ne veut pas les accueillir ou parce qu’ils risqueraient d’être torturés dans leur futur pays d’accueil. Il existe un autre groupe, d’une cinquantaine de personnes, qui ne peuvent pas êtres jugées, et donc éventuellement libérées, parce que leurs aveux auraient été obtenus sous la torture. Une cour ne peut pas examiner un dossier monté grâce à l’utilisation de la torture. Ces prisonniers étant considérés comme dangereux, ils sont détenus pour une durée illimitée sans jugement. Le dernier groupe est composé d’hommes qui doivent passer devant des 
commissions militaires, ce qu’Amnesty International remet en cause. La situation à Guantanamo s’est encore aggravée avec la loi sur le budget de la Défense nationale....
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