Allocs, chômage, retraite : Hollande donne sa philosophie mais pas le détail des coupes
Le Monde.fr | • Mis à jour le Par Jean-Baptiste ChastandLe président de la République savait que c'était l'un des principaux points sur lequel il était attendu. Alors que l'effort de réduction des dépenses publiques doit reposer en partie sur la sécurité sociale, l'exécutif n'avait jusqu'ici pas précisé comment il s'y prendrait pour couper dans les retraites, les allocations familiales ou les indemnités chômage. Jeudi, François Hollande s'est borné à annoncer ses grandes orientations. Pour les mesures détaillées, les Français devront encore attendre.
- Famille : vers la dégressivité des allocations
François Hollande a confirmé qu'il refuserait toute fiscalisation des allocations familiales, qui aurait alourdi l'impôt de toutes les familles imposables. En revanche, il a annoncé que, tout en restant attaché à "l'universalité des allocations familiales", il agirait sur le montant des allocations des plus riches. En clair, les familles les plus aisées ne toucheront pas demain autant que celles les plus pauvres.
Mais le président s'est bien gardé de donner des exemples concrets, alors qu'il a rappelé que le déficit de la branche famille atteint 2 milliards d'euros. Le député Gérard Bapt avait calculé qu'une diminution de moitié des allocations des 20 % des Français les plus riches permettrait d'économiser seulement un milliard. Le président du Haut Conseil à la famille, Bertrand Fragonard, doit rendre se préconisations le 4 avril. L'exécutif devrait annoncer dans la foulée les mesures qu'il en retient.
- Retraite : vers une hausse de la durée de cotisation
François Hollande a confirmé qu'il comptait réformer les retraites en agissant d'abord sur la durée de cotisation. Censée être plus juste qu'un relèvement de l'âge minimum légal, cette piste a toutefois l'inconvénient de ne pas rapporterautant à court terme. Le président l'a d'ailleurs admis en rappelant que les prévisions prévoyaient "un déficit de 20 milliards" et qu'il faudrait donc prendre"d'autres mesures". Interrogé sur une désindexation des pensions, il a confirmé que cette piste était à l'étude, mais il a exclu qu'elle touche les retraités les plus pauvres. En parlant d'épargner soit "les petites retraites" soit "les retraites de base", il a toutefois entretenu une confusion sur ce point. Le comité d'experts sur les retraites doit rendre ses préconisations en juin et le gouvernement entamer sa concertation avec les partenaires sociaux dans la foulée.
- Chômage : vers un meilleur cumul emploi-indemnités
Sur ce sujet, le président a moins de marge de manœuvre, les allocations chômage étant exclusivement gérées par les partenaires sociaux. Mais cela ne l'a pas empêché de donner les grandes lignes de sa philosophie, alors que le déficit de l'assurance-chômage, garanti par l'Etat, devrait atteindre 5 milliards d'euros en 2013. "Il faut donner une incitation forte à reprendre le travail", a défendu M. Hollande, en plaidant pour une meilleure articulation entre activité et allocations chômage.
Il a ainsi expliqué qu'il était partisan d'une amélioration du RSA activité, qui permet de cumuler un emploi avec le RSA. Géré par l'Etat, ce dispositif reste largement sous-utilisé. Enfin, il a réaffirmé qu'il voulait améliorer la formation des chômeurs, avec pour objectif "qu'un chômeur sur deux se voit proposer une formation dans les deux mois suivant son inscription". Il n'a en revanche pas pris position sur le niveau ou la durée d'indemnisation.
Jean-Baptiste Chastand
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