La Sociale
Par Jean-Marie Brohm • Actualités • Samedi 30/03/2013
La saturation de l’espace public par le spectacle sportif atteint aujourd’hui des proportions démesurées. Contenu idéologique dominant, souvent exclusif même, des grands médias, des commentaires politiques, des ragots journalistiques, des conversations quotidiennes (y compris chez les intellectuels dits de gauche), le spectacle sportif apparaît comme une propagande ininterrompue pour la brutalité, l’abrutissement, la vulgarité, la régression intellectuelle et pour finir l’infantilisation des « foules solitaires » pour paraphraser l’ouvrage classique de David Riesman [1].
Que l’équipe de France de rugby soit reléguée à une piteuse dernière place dans le Tournoi des six nations 2013 ou que l’équipe de France de football soit battue par l’Allemagne en « match amical », en présence d’Angela Merkel et de François Hollande, à chaque fois se déchaîne la machine à décerveler les consciences. Qu’en retour l’équipe d’Espagne s’impose face à la France et ce sont les multimillionnaires madrilènes et barcelonais du crampon qui sont félicités pour leur contribution au renforcement du « moral de la nation » par les dirigeants espagnols, ceux-là même qui ont amené leur pays au bord de la banqueroute ! On pourrait multiplier à l’envi les exemples du rôle que jouent les grandes compétitions sportives dans la manipulation des esprits, et ceci dans tous les pays du monde où elles ont colonisé la vie publique et privée des individus intoxiqués par l’opium sportif [2]. Selon les résultats d’un match de foot ou d’une compétition (le Vendée globe, Roland Garros, les Jeux olympiques), on assiste soit à une exaltation mégalomaniaque en cas de victoire, surtout si elle est « historique » ou « inespérée », soit à une dépression mélancolique en cas de défaite, en particulier quand il s’agit d’une « raclée humiliante » ou d’une « déculottée ». Comme l’a souligné Umberto Eco, l’un des rares intellectuels à n’avoir pas succombé aux charmes vénéneux du bavardage sportif, ce cortège de commentaires sur les commentaires – qui mobilisent totalement les piliers de bars sportifs, les rédactions des médias et in fine tous les zélateurs de la « culture sportive » – « devient l’ersatz du discours politique et à tel point qu’il devient lui-même le discours politique », un discours « qui se présente sous les fausses apparences du discours sur la cité et sur ses finalités », un discours en somme de diversion et de mystification. Il n’est dès lors pas étonnant que le sport devienne « instrumentum regni, ce que d’ailleurs il n’a pas cessé d’être au cours des siècles. C’est évident : les circenses canalisent les énergies incontrôlables de la foule » [3].
Dans une période de crise économique majeure où le chômage atteint des records en Europe la première mystification que favorise le sport-spectacle capitaliste est celle qui amène les classes populaires frappées par la paupérisation et la précarisation à s’identifier à des mercenaires multimillionnaires : David Beckham (PSG) : 36 millions d’euros annuels ; Ronaldo (Real Madrid), 30 millions ; Samuel Eto’o (Anzi Makachkala – Russie) : 20 millions ; Lionel Messi (Barcelone) : 16 millions ; Zlatan Ibrahimovic (PSG) : 14 millions ; Wayne Rooney (Manchester United) : 13, 8 millions ; Yaya Touré (Manchester City) : 13 millions, etc. Le football « populaire » et « familial » célébré par les idéologues sportifs n’est donc que le théâtre de l’illusion et de l’enfumage. En faisant rêver des millions de personnes sur les voitures de sport des « génies » du dribble et de la « passe décisive », sur leurs salaires mirobolants, leurs tatouages, leurs looks, leurs coiffures branchées, leurs frasques nocturnes tarifées, la misérable storytelling footballistique contribue de manière massive à la lobotomisation qui gagne toute la société du spectacle. L’entreprise de déréalisation, d’évasion, de diversion des « merveilleuses histoires du football » ne peut avoir que des effets de dépolitisation, de détournement idéologique, de paupérisation culturelle au profit de l’ordre établi. La « passion » des sports où se déchaînent les « vibrations » de meutes [4] hystériques (olas, chants guerriers, bras et doigts d’honneur [5], trépignements furieux, hurlements vengeurs, appels au lynch, etc.) entraîne non seulement la régression émotionnelle et la fascination pour des spectacles futiles et dérisoires, sinon sanglants et dégradants, mais aussi la polarisation hostile des « commandos sportifs » (PSG contre OM…). Le sport qui est de nos jours la principale marchandise de l’industrie de l’amusement est donc une véritable économie politique de la crétinisation des masses.« On a gagné » hurlent les cerveaux reptiliens en brandissant banderoles ultras, calicots débiles et canettes de bière. La « culture foot » de la délinquance en somme…
Que l’équipe de France de rugby soit reléguée à une piteuse dernière place dans le Tournoi des six nations 2013 ou que l’équipe de France de football soit battue par l’Allemagne en « match amical », en présence d’Angela Merkel et de François Hollande, à chaque fois se déchaîne la machine à décerveler les consciences. Qu’en retour l’équipe d’Espagne s’impose face à la France et ce sont les multimillionnaires madrilènes et barcelonais du crampon qui sont félicités pour leur contribution au renforcement du « moral de la nation » par les dirigeants espagnols, ceux-là même qui ont amené leur pays au bord de la banqueroute ! On pourrait multiplier à l’envi les exemples du rôle que jouent les grandes compétitions sportives dans la manipulation des esprits, et ceci dans tous les pays du monde où elles ont colonisé la vie publique et privée des individus intoxiqués par l’opium sportif [2]. Selon les résultats d’un match de foot ou d’une compétition (le Vendée globe, Roland Garros, les Jeux olympiques), on assiste soit à une exaltation mégalomaniaque en cas de victoire, surtout si elle est « historique » ou « inespérée », soit à une dépression mélancolique en cas de défaite, en particulier quand il s’agit d’une « raclée humiliante » ou d’une « déculottée ». Comme l’a souligné Umberto Eco, l’un des rares intellectuels à n’avoir pas succombé aux charmes vénéneux du bavardage sportif, ce cortège de commentaires sur les commentaires – qui mobilisent totalement les piliers de bars sportifs, les rédactions des médias et in fine tous les zélateurs de la « culture sportive » – « devient l’ersatz du discours politique et à tel point qu’il devient lui-même le discours politique », un discours « qui se présente sous les fausses apparences du discours sur la cité et sur ses finalités », un discours en somme de diversion et de mystification. Il n’est dès lors pas étonnant que le sport devienne « instrumentum regni, ce que d’ailleurs il n’a pas cessé d’être au cours des siècles. C’est évident : les circenses canalisent les énergies incontrôlables de la foule » [3].
Dans une période de crise économique majeure où le chômage atteint des records en Europe la première mystification que favorise le sport-spectacle capitaliste est celle qui amène les classes populaires frappées par la paupérisation et la précarisation à s’identifier à des mercenaires multimillionnaires : David Beckham (PSG) : 36 millions d’euros annuels ; Ronaldo (Real Madrid), 30 millions ; Samuel Eto’o (Anzi Makachkala – Russie) : 20 millions ; Lionel Messi (Barcelone) : 16 millions ; Zlatan Ibrahimovic (PSG) : 14 millions ; Wayne Rooney (Manchester United) : 13, 8 millions ; Yaya Touré (Manchester City) : 13 millions, etc. Le football « populaire » et « familial » célébré par les idéologues sportifs n’est donc que le théâtre de l’illusion et de l’enfumage. En faisant rêver des millions de personnes sur les voitures de sport des « génies » du dribble et de la « passe décisive », sur leurs salaires mirobolants, leurs tatouages, leurs looks, leurs coiffures branchées, leurs frasques nocturnes tarifées, la misérable storytelling footballistique contribue de manière massive à la lobotomisation qui gagne toute la société du spectacle. L’entreprise de déréalisation, d’évasion, de diversion des « merveilleuses histoires du football » ne peut avoir que des effets de dépolitisation, de détournement idéologique, de paupérisation culturelle au profit de l’ordre établi. La « passion » des sports où se déchaînent les « vibrations » de meutes [4] hystériques (olas, chants guerriers, bras et doigts d’honneur [5], trépignements furieux, hurlements vengeurs, appels au lynch, etc.) entraîne non seulement la régression émotionnelle et la fascination pour des spectacles futiles et dérisoires, sinon sanglants et dégradants, mais aussi la polarisation hostile des « commandos sportifs » (PSG contre OM…). Le sport qui est de nos jours la principale marchandise de l’industrie de l’amusement est donc une véritable économie politique de la crétinisation des masses.« On a gagné » hurlent les cerveaux reptiliens en brandissant banderoles ultras, calicots débiles et canettes de bière. La « culture foot » de la délinquance en somme…
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