Recherche sur les embryons : quels enjeux ?
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Le décryptage de Sciences et Avenir, alors qu'une proposition de loi autorisant la recherche sur les embryons vient d'être repoussée à l'Assemblée.
Mots-clés : embryon, cellues souches, cordon
Une proposition de loi autorisant la recherche sur l'embryon a été repoussée après une journée de débats à l’Assemblée, jeudi 28 mars. À cette occasion, et alors que certains travaux sont déjà autorisés sur dérogation depuis 2004, Sciences et Avenir décrypte les enjeux de la recherche sur les embryons.
DE QUELS EMBRYONS PARLE-T-ON ?
Les embryons destinés à la recherche médicale proviennent de couples qui ont eu recours à l’Aide médicale à la procréation et plus spécifiquement à la fécondation in vitro. Dans ce cas la fécondation n’a pas lieu dans le corps de la femme mais dans une boîte de culture contenant un milieu liquide nutritif. Les ovocytes qui ont été fécondés deviennent des embryons qui sont implantés deux à trois jours après dans l’utérus de la mère. Ce sont les fameux bébés-éprouvette.
Tous les embryons obtenus ne sont pas forcément utilisés, certains dits surnuméraires peuvent être congelés. Lorsque le couple n’a plus de projet parental, il peut donner son accord pour que les embryons ainsi conservés fassent l’objet d’une recherche. Ces embryons sont congelés et conservés à un stade très précoce de leur développement.
POURQUOI FAIRE ?
L’enjeu de ces recherches est d’étudier les cellules souches embryonnaires (CSE). Ces cellules pluripotentes peuvent former tous les types de cellules du corps humain (peau, cerveau, cœur,…). Leur étude peut donc aider à comprendre les mécanismes qui commandent ces transformations. La recherche sur ces cellules ouvre également des pistes pour le traitement de certaines maladies graves, ainsi que pour la médecine régénérative.
QUELLES SONT LES RECHERCHES AUTORISÉES EN FRANCE ?
Les recherches autorisées sur les cellules souches embryonnaires en France se répartissent en 3 grands groupes :
- Celles qui visent à comprendre de quelles façons se transforment les cellules embryonnaires pour devenir des cellules spécialisées de foie, de rein… Ces travaux pourraient conduire, dans le futur, à des développements thérapeutiques palliant les défaillances des organes (thérapie cellulaire).
- Celles qui visent à développer des travaux portant sur la compréhension de la survenue des maladies (modélisation de maladie).
- Celles qui servent à tester en laboratoire l’efficacité et la toxicité des médicaments.
(Source : Agence de biomédecine).
QUELLES SONT LES ALTERNATIVES ?
Les CSE ne sont pas les seules cellules souches disponibles pour la recherche. Chez les adultes il existe aussi des cellules souches multipotentes qui peuvent donner naissance à plusieurs types de cellules et qui sont déjà engagées dans un programme tissulaire spécifique. De plus il est possible de reprogrammer certaines cellules pour leur faire retrouver leur caractère embryonnaire. Ce sont les cellules pluripotentes induites dites IPS (Voir l’interview Shinya Yamanaka, le Nobel de médecine 2012 qui a inventé la recette pour transformer les cellules adulte en IPS).
Autre alternative : le sang de cordon. Le sang du cordon ombilical est riche en cellules souches sanguines, dites hématopoïétiques. Chez l’adulte, ces cellules sont présentes dans la moelle osseuse. Elles assurent le renouvellement des globules rouges et des globules blancs – les agents du système immunitaire. D’un point de vue thérapeutique, les cellules du cordon ont un énorme avantage sur celles de la moelle : elles sont presque universellement compatibles. De nombreuses maladies comme certaines leucémies de l’enfant sont traitées avec ces cellules.
Joël Ignasse, Sciences et Avenir, 29/03/2013
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