Affaire Cahuzac : la presse fustige "l'ignominie" et la trahison
Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour leLe visage défait de Jérôme Cahuzac est à la une de tous les quotidiens français, mercredi 3 avril. La presse n'a pas manqué d'analyser le séisme politiqueprovoqué par les aveux de l'ancien ministre du budget sur sa possession de comptes bancaires à l'étranger.
"C'est une ignominie. Avec ses dissimulations, ses mensonges, Jérôme Cahuzac a fait bien plus que salir son honneur" écrit Eric Decouty dans Libération, pour qui"l'existence de son compte en Suisse est la première des fautes" de l'ancien ministre du budget, qui a jeté "l'opprobre sur son action, discrédité la parole politique et soulevé des doutes quant à l'autorité du chef de l'Etat".
"SUSPICION GÉNÉRALISÉE"
Pour Paul-Henri du Limbert du Figaro, "à l'heure où la France s'enfonce chaque jour un peu plus dans la crise, rien n'est plus grave que l'atmosphère de suspicion généralisée que provoquera inévitablement l'affaire Cahuzac".
"Le scandale politique est énorme" clame pour sa part Patrick Apel-Muller dansL'Humanité, car "l'homme qui tenait entre ses mains le budget de la France, qui pilotait l'administration fiscale et traquait les fraudeurs était lui-même un malfaiteur, auteur depuis plus de vingt ans d'évasions de capitaux et de dissimulation de ressources".
ARMSTRONG ET CAHUZAC, MÊME COMBAT
"Dans la stratégie du mensonge éhonté devant micros et caméras, on ne voit guère que Lance Armstrong pour rivaliser avec Jérôme Cahuzac !", ironise Hervé Favre dans La Voix du Nord. "Depuis des mois (...) l'ancien ministre du budget a multiplié les mensonges avec une constance qui n'avait d'égale que sa morgue à l'encontre de ses accusateurs", martèle Dominique Garraud dans la Charente Libre, ajoutant que cette affaire est "symptomatique de dérives individuelles nourries par un sentiment insupportable d'impunité". Un sentiment partagé parJacques Camus, dans La Montagne, qui souligne que "comme d'autres avant lui", Jérôme Cahuzac s'est "fourvoyé dans la spirale du mensonge en espérant une trompeuse impunité".
Mais Jérôme Cahuzac en mentant n'a pas fait du mal qu'à lui-même. Pour Michel Urvoy de Ouest-France, Jérôme Cahuzac "abîme la Politique avec un grand P". Dans le Midi Libre, Jean-Michel Servant ose même un rapprochement avec l'affaire DSK, jugeant qu'au final, cela concerne "deux mensonges, deux hommes rattrapés par la justice, deux gâchis énormes et une classe politique sonnée, humiliée, trahie".
"DÉVASTATEUR POUR LE PRÉSIDENT"
Plusieurs éditorialistes estiment que ces aveux pourraient avoir des répercussions jusque dans les plus hautes sphères de l'Etat. "Ce rebondissement n'est pas moins dévastateur pour le président de la République qui a accordé sa confiance à un homme brillant, mais fragile", selon Raymond Couraud de l'Alsace, et qui vadevoir "subir les conséquences de cette affaire sur son image de marque déjà érodée".
Ce "mensonge éhonté" selon Christophe Bonnefoy du Journal de la Haute-Marne,"s'il brise tout net le destin d'un homme, est également une épine supplémentaire dans le pied de François Hollande". Et Bruno Dive dans Sud Ouest de reconnaître qu'aujourd'hui "les deux têtes de l'exécutif se trouvent bafouées". Pour cet éditorialiste "au plus bas dans les sondages, en proie à une crise économique qu'ils ne savent pas comment affronter, menacés d'une crise sociale, Hollande et Ayrault n'avaient vraiment pas besoin de cette crise morale et politique".
ÉPREUVE GAGNÉE DANS SON "COMBAT INTÉRIEUR"
Indulgent, Hervé Chabaud dans L'Union-L'Ardennais estime que la confession de l'ex-ministre n'est pas "simplement celle du pauvre pécheur" mais qu'elle permet"à l'homme de se regarder à nouveau et en conscience devant sa glace" et qu'il a gagné "dans cette épreuve" son "combat intérieur".
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