Info Libé : un journaliste de France 3 au pied du « Mur des cons »
Extrait de la vidéo diffusée par Atlantico.
De plus en plus baroque, la polémique du « mur des cons ». Le mystérieux vidéaste amateur qui aurait transmis les images à l’origine de cette piteuse affaire politico-judicaire au site Atlantico, ne serait autre qu’un journaliste de la chaîne publique France 3.
Mercredi, le site Atlantico, marqué à droite, dévoile les images du désormais fameux « mur des cons ». Des images filmées avec un téléphone portable dans un local privé du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), qui montrent plusieurs dizaines de photos de personnalités épinglées sous le titre de « mur des cons ». Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie, Nadine Morano, Alain Bauer, Robert Ménard, Manuel Valls, entre autres, figurent au palmarès.
Atlantico dit avoir obtenu la vidéo d’un magistrat « apolitique et non syndiqué ». Depuis la diffusion de ces images, reprises et commentées très largement dans les médias, la polémique n’en finit pas d’enfler. Tout comme les réactions indignées : le président de l’UMP, Jean-François Copé, a immédiatement demandé l’ouverture d’une enquête. Jeudi, la garde des Sceaux Christiane Taubira a saisi, pour avis, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui devra dire s’il y a eu manquement à la déontologie.
Selon Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature, qui apparaît au début de la séquence filmée, « les éléments qui ont pu être décortiqués [au sein de la vidéo] amènent à penser qu’il s’agit d’une équipe d’une chaîne de télévision nationale ». Ce que nous ont confirmé deux représentants syndicaux de la rédaction nationale de France 3, agitée depuis plusieurs jours par cette affaire : des « faits convergents » pointent un journaliste de la chaîne, éditorialiste en charge de la justice. Contacté parLibération, l’intéressé nie : « Il y a une rumeur stupide et malveillante qui circule sur mon compte, que j’ai démentie. C’est tout. Je suis totalement étranger à cette affaire. » « Il dit que ce n’est pas lui, témoigne un journaliste de la chaîne publique, mais il s’est décomposé quand on l’a confronté. » Et plusieurs éléments le confondent.
Le vendredi 5 avril, une équipe de France 3 se rend dans les locaux du Syndicat de la magistrature, à Paris, pour réaliser une interview de Françoise Martres. La veille, on avait appris que le parquet de Bordeaux envisageait de requérir un non-lieu dans l’affaire Bettencourt. Avant l’interview, le journaliste de France 3 prend son téléphone portable et se met à filmer le mur en question.
L’équipe qui l’accompagne s’en étonne. Elle tombera carrément de sa chaise quand, mercredi dernier dans le Grand Soir 3, elle découvre la scène en images estampillées « Atlantico », dans un sujet sur la polémique signé... du vidéaste au smartphone. « Quand on passe la vidéo au ralenti, on voit les autres membres de l’équipe, le JRI et le preneur de son..., décrit un reporter de France 3. Cette histoire est intéressante, parce qu’elle permet de voir comment on instrumentalise une info à des fins politiques. »
Rapidement alertée par des syndicats, la direction de France 3 décide alors de retirer le sujet de l’antenne. « Le JRI a l’impression d’avoir été complètement manipulé », raconte encore un confrère. Pour un autre, la manœuvre est claire : « C’est une manipulation politique », de la part d’un journaliste « engagé à droite de manière assez affichée. »
L’éditorialiste en question est déjà « déontologiquement problématique » au sein de la rédaction, décrit-on. Il est notamment controversé pour avoir« mené la campagne contre Charles Enderlin », correspondant de France 2 à Jérusalem, qu’il accuse d’avoir truqué les images d’un sujet sur la mort d’un enfant palestinien en 2000.
La direction de France 3 a confronté les versions de ses journalistes ces derniers jours. Contactée par Libération, elle n’a pas souhaité faire de commentaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire