François Hollande : la résilience pour seule arme
Françoise Fressoz
Physiquement, il a à peine changé. Un peu d’embonpoint qui cependant prospère au fil des mois et tranche avec la cure d’austérité imposée au pays.
Depuis un an , François Hollande affronte une succession de crises et une pluie de critiques propres à rendre insomniaque n’importe quel président.
Il les vit avec une apparente sérénité, sans piquer de colère, dans un abord facile et une approche aimable. La résilience est son arme, la seule qui lui reste pour résister à la spirale des mauvais sondages et des critiques acerbes qui l’entraînent chaque jour un peu plus vers le bas.
Il la met en scène à quelques jours de l’anniversaire du 6 mai. Ne pas se laisser impressionner, « persévérer » « rester maître de moi en étant sur de ce que je fais » . Voila sa réponse. Il la donne aux agences de presse, conscient d’engager un jeu de bluff , un bras de fer avec ceux qui voudraient le voir craquer.
Un an après son élection, le chômage, la dette, les dépenses publiques, l’impôt sont tous à des records mais dans le mauvais sens. Il s’y attendait, mais n’a pas été capable jusqu'à présent de faire entrevoir le bout du tunnel. Il y a comme un divorce profond entre Hollande l’optimiste et la France malheureuse. Une inadéquation ente l’ anti-héros qu’il campe par intime conviction et l’éternelle quête de grandeur d’un pays au bord de la crise de nerfs.
78 % des Français rêvent, face à la crise, d’un gouvernement d’union nationale mais il ne l’a pas voulu . D’emblée sa réponse à la crise a été étriquée, à l’image de son score du 6 mai qu’il rêvait bien plus large. Refus de l’ouverture, de la recomposition , de l’union nationale, du sursaut .
Pas un geste pour le président du MoDem François Bayrou qui lui avait tendu la main avant le second tour : le Béarnais était trop seul et Jean-Luc Mélenchon trop fort. Repli sur la base socialiste dont il avait pourtant su s’extraire pour se faire élire président . Et c’est comme si toutes les contradictions de la gauche l’avaient de nouveau étouffé : sauver les acquis ou construire un monde nouveau ? Il n’a pas tranché
François Hollande est l’anti-de Gaulle par excellence. Dans les crises, il ne renverse pas la table. Il gagne du temps. Toute sa vie, il s'est méfié du lyrisme, des grands mots , des grands hommes et des révolutions. Ses bons mots, ses pirouettes sont faits pour fuir le tragique de l’histoire. Il ne veut pas du chaos, sans être pour autant assuré de ne pas le créer lui-même par son incapacité à choisir la bonne ligne dans les temps impartis.
Sa première année aura été dominée par l’impôt et c’est un vrai paradoxe que de voir cet homme si rond matraquer comme il l’a fait. Il s’en est rendu compte et a un peu corrigé le tir. Le crédit d’impôt compétitivité reste cependant largement boudé par les chefs d’entreprises .
A peine élu, il a ouvert la réforme du marché du travail que Nicolas Sarkozy avait été incapable d’enclencher par excès de crispation du corps social. Mais il a négligé la réforme de l’Etat et refusé d’assumer clairement une nouvelle étape de décentralisation. Tout reste à faire.
>> Lire l'analyse François Hollande, en voie de jospinisation
Il dit cependant que sa ligne est la bonne, qu’il n’en changera pas. François Hollande a souvent fonctionné ainsi : désespérément tactique dans le court terme mais gagnant dans la durée. En 2008, on l’ avait cru anéanti par sa dernière synthèse socialiste avant de le voir ressurgir, affranchi de tous et mu par une ambition personnelle qui rejoignait l’idée qu’il se fait de la France : un grand pays qui ne va pas aussi mal qu’on le dit.
L’Elysée est une épreuve personnelle, une mise à nu d’une rare violence. Pour le Front de gauche, François Hollande est devenu « un traître »; pour la droite, un « Guy Mollet, plein de bonne volonté mais pas au niveau des événements ».
>> Consulter la courbe des sondages L'évolution de la cote de popularité de l'exécutif
L’essayiste Marcel Gauchet qui naguère le créditait d’une trop grande intelligence le trouve aujourd’hui sans courage : «Les chiens aboient, la caravane passe. Et lui il a peur des chiens » s’exclame-t-il dans le Point. Seul l’historien Jacques Julliard , qui connaît par cœur l’histoire des gauches, prête à François Hollande, vrai social démocrate « le dessein prométhéen » de vouloir mettre fin au déclin français....
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