POLITIQUE - le 24 Avril 2013
L'invitée de la semaine
Caroline Fourest : Pour une internationale laïque
Essayiste, rédactrice en chef de la revue Prochoix.
Essayiste et rédactrice en chef de la revue Prochoix, Caroline Fourest a été l'invitée cette semaine de l'Humanité. Dans sa chronique de mercredi, elle appelle à la fondation d'une internationale laïque, pour tenir tête aux intégrismes de tous bords.
Les intégristes existent dans toutes les religions. Aucune n’est en soi plus dangereuse qu’une autre. Seul le contexte dans lequel ces intégristes évoluent
– le degré de sécularisation ou au contraire de théocratisation d’un pays –
explique leur emprise plus ou moins néfaste. Le reconnaître permet
de bâtir un front du refus universaliste qui n’oppose pas une religion,
une civilisation ou une identité à
une autre, mais propose au contraire une internationale laïque transcendant les frontières et les cultures. Elle est urgente.
Car l’internationale des intégristes, elle, est bien soudée. Il suffit de voir les passerelles existant entre
les intégristes. Frigide Barjot se rendant au congrès de l’UOIF (tendance Frères musulmans) ou le président de l’UOIF se rendant à La manif pour tous… Le danger vient moins de ces liaisons dangereuses que de nos aveuglements. Celui de la droite républicaine, prête à monter sur ses grands chevaux face à l’intégrisme musulman, mais moutonnière et étrangement passive quand il s’agit de l’intégrisme catholique. Celui d’une certaine gauche, toujours prête à brandir le drapeau de la laïcité pour tenir tête à l’Église catholique, mais parfois étrangement embarrassée quand il s’agit de tenir
tête à l’intégrisme musulman.
Au nom de la peur de stigmatiser, de flatter
le racisme anti-musulmans, ou même parfois d’une complicité cynique
envers ceux que la gauche perçoit comme des damnés de la Terre, en guerre contre l’impérialisme américain et le sionisme. Ceux-là se trompent.
Les intégristes de toutes les religions
ne sont jamais du côté des damnés, mais bien du côté des dominants. La solution n’est pas de fermer les yeux face au danger, bien réel, qu’ils représentent. Mais de se battre sur tous les fronts à la fois : contre l’intégrisme
et contre le racisme. En un mot,
de se battre contre toutes les formes
de domination, sous toutes les latitudes, sans relâche et sans frontières.
- Les chroniques de l'invitée de la semaine, Caroline Fourest
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire