MONDE - le 25 Avril 2013
Italie
Un clone de Super Mario pour succéder à Monti
Numéro deux du Parti démocrate, Enrico Letta est chargé, par le président de la République réélu samedi, de former le gouvernement italien, qui aura le soutien du centre gauche, du centre et de la droite.
Pour une fois, Silvio Berlusconi ne qualifiera pas le Parti démocrate (PD), principale formation de centre gauche, de communiste. Il est prêt à soutenir un gouvernement mené par Enrico Letta, membre du Parti démocrate (PD), formation qu’il a vilipendée pendant toute la campagne des législatives. Après cinquante-huit jours de vacance de pouvoir, Enrico Letta, secrétaire adjoint du PD, a reçu hier le mandat, de la part du président de la République réélu samedi, Giorgio Napolitano, de former un gouvernement de grande coalition.
Neveu du bras droit de Silvio Berlusconi, Gianni Letta, Enrico Letta, quarante-six ans et ancien démocrate-chrétien, doit encore constituer son équipe. Pas simple. Le dirigeant de centre gauche devra mettre d’accord les trois partis qui ont soutenu depuis novembre 2011 le gouvernement d’union nationale de Mario Monti.
Le Peuple de la liberté (PDL, droite) de Silvio Berlusconi avait soufflé, lors de ses rencontres avec Giorgio Napolitano, mardi, qu’Enrico Letta ferait l’affaire. Les partisans de Mario Monti ont validé ce choix.
La principale difficulté viendra, en réalité, de la propre formation de Letta, le Parti démocrate (PD). Lors des cinq premiers tours de l’élection du président de la République, entre jeudi et samedi, le PD s’est divisé. Ce qui a conduit, vendredi, à la démission de son numéro un, Pier Luigi Bersani.
Les communistes appellent à une opposition forte
Candidat au poste de premier ministre, ce dernier avait exclu toute alliance avec le Cavaliere. Une partie de la base démocrate privilégie une alliance avec les populistes du M5S. La seule expérience de ce type, en Sicile, depuis octobre, s’est achevée mardi. N’ayant pas obtenu gain de cause sur certains dossiers, le M5S a quitté la majorité de centre gauche.
Enrico Letta saura-t-il tenir ses troupes ? Les votes de confiance à venir répondront à la question. Le gouvernement aura à conquérir la majorité tant à la Chambre des députés, où le PD est majoritaire, qu’au Sénat, où il est minoritaire.
Si on ignore encore si l’exécutif est programmé pour durer quelques mois ou cinq ans, on sait déjà à quoi ressemblera l’opposition. Hétéroclite, celle-ci sera dominée par le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo, qui s’est adjugé un quart des suffrages le 25 février. Siégeraient également sur les bancs de l’opposition la Ligue du Nord (séparatiste), Fratelli d’Italia (droite) et les antilibéraux de Gauche écologie et liberté. Cette formation alliée du PD vient de refuser de s’engager dans une alliance avec Silvio Berlusconi. Absents du Parlement, les communistes ont appelé à une opposition forte.
Il faut dire que le nouveau gouvernement a déjà un programme. Lors de ces dernières semaines, Napolitano a fait plancher deux commissions sur des réformes institutionnelles et économiques, en droite ligne avec les demandes de Bruxelles. Ce gouvernement aura tout l’air d’un Monti bis. L’ancien commissaire pourrait même figurer parmi les ministres.
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