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mercredi 3 avril 2013

L’affaire Cahuzac, un poison politique

                                                      http://fressoz.blog.lemonde.fr

L’affaire Cahuzac, un poison politique

Jérôme Cahuzac n'est plus ministre. Il a démissionné, le 19 mars, de sa fonction de ministre du budget après l'ouverture d'une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale.
Cependant, les aveux qu'il a faits aujourd'hui à deux magistrats du pôle financier font l'effet d'une déflagration.
Ils abîment la gauche et la politique tout entière au moment où une gangrène se répand :  le populisme anti-élus. Car l'ancien ministre du budget s'est moqué du président de la République, du premier ministre et des députés. Il leur a menti lorsqu'il leur a  solennellement assuré, en décembre, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale : "Je n'ai jamais eu un compte à l'étranger, ni maintenant ni avant."
Ce mardi, après avoir changé d'avocat, Jérôme Cahuzac a changé de défense. Du tout au tout. Il reconnaît l'existence d'un compte à l'étranger d'un montant de 600 000 euros, qu'il dit ne pas avoir alimenté depuis "une douzaine d'années". Il est en quelque sorte rattrapé par son passé. Son passé de chirurgien esthétique et de parlementaire. Il demande "pardon" pour le "dommage causé" et se dit "dévasté par le remords".
Mais le mal est fait : celui qui, pendant neuf mois, a été notamment chargé, dans le gouvernement Ayrault, de traquer les fraudeurs reconnaît qu'il a lui même fraudé le fisc. Et non seulement fraudé, mais menti à tous les élus de la République.
François Hollande n'a formellement rien à se reprocher. Adepte de "la République irréprochable", le président de la République a agi avant même la mise en examen de Jérôme Cahuzac. Il lui a appliqué, lors de l'ouverture de l'information judiciaire, un protocole qui vaut pour tous les membres de son gouvernement : "Tout ministre concerné par une procédure judiciaire doit quitter le gouvernement."
L'opposition n'a pas à rougir. Elle est restée dans cette affaire d'une parfaite sobriété, qui tranche avec la bruyante contre-offensive qu'elle a menée au moment de la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt.
A aucun moment, l'UMP n'a pratiqué la chasse à l'homme. Elle est restée au contraire quasiment silencieuse lorsque le site Mediapart a lancé les premières accusations contre Jérôme Cahuzac.
Elle n'a pas renchéri non plus lorsque la justice a annoncé, en mars, qu'elle enquêtait non seulement sur l'existence d'un compte à l'étranger, mais aussi sur la provenance de l'argent, alors qu'un témoin auditionné pendant l'enquête préliminaire de police faisait état de sommes provenant de laboratoires pharmaceutiques.
François Hollande, son gouvernement, les élus de gauche, mais aussi de droite, ont"fait confiance à la parole" de Jérôme Cahuzac, qui était reconnu sur tous les bancs comme un "bon ministre". Ils lui ont, jusqu'au bout, accordé le bénéfice de la présomption d'innocence.
Aujourd'hui, tous risquent de payer la confiance qu'ils lui ont accordée par un excès de défiance qui les toucheraient tous. C'est en ce sens que l'affaire Cahuzac est un vrai poison politique.

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