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vendredi 1 mars 2013

«Le Panthéon, ça ne va pas avec la modestie de Hessel»

                                     Le Nouvel Observateur

«Le Panthéon, ça ne va pas avec la modestie de Hessel»

Créé le 28-02-2013 à 15h16 - Mis à jour à 17h04

Manfred Flügge était l'ami et le biographe de Stéphane Hessel. On lui a posé quelques questions sur l'auteur d'«Indignez-vous». 

Manfred Flügge et Stéphane Hessel à Paris, le novembre 2011, pendant la préparation du livre. (©Nathalie Huet)
                  Manfred Flügge et Stéphane Hessel à Paris, le novembre 2011, pendant la préparation du livre. (©Nathalie Huet)
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Manfred Flügge, biographe de Stéphane Hessel, l'avoue: «Si j’étais insolent, je dirais que je l’ai inventé...». Il faut dire que depuis 1985, cet écrivain berlinois a accompagné l'auteur d'«Indignez-vous !», et suivi l’évolution du résistant devenu diplomate avant d’écrire sa première biographie, «Portrait d’un rebelle heureux» (Autrement), parue en octobre 2012 en France. Au lendemain de la mort d'Hessel, il a accepté de revenir sur l'étonnant parcours de cet humaniste parfois controversé, féru de poésie, et devenu à plus de 90 ans une star planétaire.
BibliObs Depuis la parution de «Indignez-vous!» en 2010, Stéphane Hessel occupait une place centrale dans le monde médiatique. A l’occasion de sa mort, les articles sur sa vie, son œuvre, se multiplient – «Libération» lui a même consacré un dossier de 32 pages. Cette couverture médiatique vous semble-t-elle disproportionnée?
Manfred Flügge Oui, c’est excessif. Mais lui-même le disait: il ne s’attendait pas à un tel succès, à ce qu’il devienne un phénomène international. «Indignez-vous!» n’a pas eu autant de succès en Allemagne qu’en France, mais s’est quand même vendu à un million d’exemplaires – de même en Espagne, en Italie, et dans une moindre mesure en Amérique. Je pense que ce succès a révélé quelque chose sur la société française de 2010, qui vivait une période de creux politique – comme quand Coluche s’est porté candidat à l’élection présidentielle. Il y avait une attente des français, une attente politique et spirituelle en même temps. La gauche était meurtrie, Stéphane Hessel est venu occuper ce terrain vide. En un sens, il a contribué à la victoire de François Hollande.
De la résistance à Hollande, de 1941 à 2012, son parcours a été hors du commun.
Il a eu un parcours inouï – si vous aviez écrit un scénario comme ça pour le cinéma, on vous l’aurait refusé. Il a toujours été moralement en avance sur son temps. C’était un petit Berlinois devenu un petit Parisien – et 100% Parisien – mais en même temps un citoyen du monde, réunissant l’humanisme et le combat.
On dit qu’Hessel a été résistant, mais il a véritablement été dans les services secrets des gaullistes. Il était responsable des missions des autres, il accomplissait ses propres missions. D’ailleurs, il utilisait la poésie pour coder ses messages. Quand il a été envoyé en mission à Paris, en 1944, il a désobéi aux ordres: il a refusé de revenir à Londres une fois sa mission accomplie. Il ne m’a jamais donné de raison à ce geste, mais comme le débarquement avait déjà eu lieu, je suppose qu’il voulait assister à la libération de Paris.
C’est alors qu’il a été pris par les nazis, qui avaient des méthodes de dépistage des radios. Il a été arrêté à Montparnasse, puis déporté à Buchenwald avec 37 officiers, principalement des Anglais. Seuls trois ont survécu. C’est un miracle qui lui a permis d’en réchapper: le jour de son 27ème anniversaire, le 20 octobre 1944, il été déclaré officiellement mort et a pu se cacher jusqu’à la Libération. Ce n’était pas la première fois qu’un miracle avait lieu le jour de son anniversaire: le jour de ses 8 ans, un 20 octobre aussi, il s’est fait écraser par une voiture. Il en est sorti sans une égratignure. Enfin, «Indignez-vous!» est paru le jour de son anniversaire.
Sa vie ne se résume pas à la résistance ou à l‘indignation: il y avait aussi la poésie. Son goût pour les vers lui venait de ses parents. Enfant, il lisait de la poésie allemande, française, anglaise. Il passait des soirées entières à déclamer du Shakespeare, du Rilke... Dans ses dernières années, il finissait chaque interview en déclamant un poème, même si personne ne le lui demandait. Il n’a pas écrit une seule ligne de poésie mais il avait plus de poésie en lui que quiconque. Il comprenait la poésie intérieurement, sensuellement –  pour lui, elle se dégustait....
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