A qui va profiter le 1er-Mai ?
Autour d’un brin de muguet ou sous la
statue de Jeanne d’Arc, cette journée rassemble chaque année plusieurs familles
syndicales et politiques. Qui défile, pourquoi, et à qui va profiter le 1er-Mai
cette année ?
Défilé
intersyndical du 1er mai 2009 à Grenoble (Isère). Cette année, les organisations
défileront en ordre dispersé. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)
Par
Premier mai, jour chômé. Jour de mobilisation aussi.
Historiquement, les rassemblements du 1er-Mai remontent à la fin du
XIXe siècle et au combat pour les huit heures quotidiennes de travail,
mais différents cortèges politiques et syndicaux vont se croiser
mercredi. Qui défile, pourquoi, et à qui va profiter le 1er-Mai cette
année ?
Des
syndicats en ordre dispersé
Journée de manifestations revendicatrices instaurée en 1889, le
1er-Mai est devenu, après la seconde guerre mondiale, le "seul
jour obligatoirement chômé pour tous les salariés", selon le Code du travail. Et d'ordinaire, c'est dans
un même cortège que se retrouvent les syndicats.
Mais cette année, pas de grande manifestation unitaire :
plusieurs organisations feront bande à part. "C'est la configuration la plus originale
qu'on ait eue ces dernières années du point de vue syndical,
analyse Stéphane Sirot, historien du mouvement social qui enseigne à
l'université de Cergy-Pontoise. On se dirige vers deux cortèges : celui des
'réformistes' et celui des contestataires."
Divisés sur l'accord emploi, les
syndicats défilent avec d'un côté la CGT et ses alliés, opposés au texte, et de
l'autre la CFDT et deux autres centrales réformistes. FO fera aussi
cavalier seul au mur des Fédérés. Outre cette division, "on
peut penser que les rangs seront assez clairsemés cette année,
soutient Stéphane Sirot, car à
l'inverse des années précédentes, il n'y a pas de revendications, ces
démonstrations sont symboliques." Et même s'il est remis
en cause, le pouvoir en place a été soutenu par les syndicats lors des élections
de 2012.
Difficile d'envisager une aussi forte affluence que l'an passé,
entre les deux tours de l'élection présidentielle : 300 000
manifestants, selon la police, et 750 000, selon les syndicats. Cette
année, prévient l'historien, "on se dirige vers un 1er-Mai syndical
morose".
Une
montée en puissance du Front national ?
Ce ne devrait pas être le cas du Front national. Depuis 1988, le
parti d'extrême droite défile à cette date en l'honneur de Jeanne d'Arc bien
que, selon plusieurs historiens, le 1er mai n'ait rien à voir avec la
Pucelle d'Orléans. "C'est une volonté de se rapprocher des
milieux populaires en récupérant ce jour", explique Stéphane
Sirot.
Cette année, le parti de Marine Le Pen profite de la conjoncture
économique et de sesbons sondages pour tenter de mobiliser plus que ses
militants. Et entre 5 000 et 10 000 personnes sont prévues, la même
fourchette que l'an passé où l'on attendait les consignes de vote de Marine Le
Pen pour le second tour.
Pourtant, nuance l'historien du mouvement social, on ne devrait
pas voir trop de différence avec les années précédentes : "Toute l'extrême droite organisée et encartée sera dans la rue,
mais pas plus. Car entre voter pour le FN dans le secret de l'isoloir et aller
défiler sous sa bannière, il y a un pas que beaucoup ne franchissent pas."
Pour autant, la présidente du Front national doit prononcer
son discours depuis la place de l'Opéra pour la seconde année d'affilée, et non
plus sur la plus modeste place des Pyramides.
Vers
un troisième round dimanche
Cette année, la droite républicaine n'a pas appelé au
rassemblement. A la différence de l'an dernier, où Nicolas Sarkozy avait mobilisé ses partisans sur le thème du "vrai travail", ou encore
des années 1950 avec les rassemblements du général de Gaulle au parc
de Bagatelle, à Paris.
Pas de consignes non plus à gauche. Le 1er-Mai mobilise
surtout lorsqu'il y a un enjeu politique direct, ce qui n'est pas le cas en
2013. Mais si l'extrême gauche n'a pas prévu de manifester ce mercredi, ce n'est
que partie remise. Car un troisième round se profile dès dimanche 5 mai, à
la suite de l'appel à la mobilisation de Jean-Luc Mélenchon pour une
VIe République et "un coup de balai". Le même
jour, la Manif pour tous a aussi prévu de défiler contre la loi ouvrant le
mariage et l'adoption aux personnes de même sexe et, plus largement, contre la
politique du gouvernement.
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