Appel pour la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple de la Guerre de 1914-1918
jeudi 30 mai 2013
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Voilà près de dix ans maintenant que des organisations comme la Libre Pensée, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, l’Union pacifiste, le Mouvement de la Paix, et de nombreuses sections départementales de la Ligue des droits de l’homme, se prononcent ensemble pour une réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple.
Reprenant la suite d’un combat qui a marqué l’entre-deux-guerres et qui a abouti à la réhabilitation judiciaire d’une cinquantaine de fusillés, ces organisations ont donné à leur action un contenu qui ne pouvait plus être celui du passé. Il ne s’agissait plus pour elles de « rejuger » ce qui l’a été dans les conditions inqualifiables que l’on sait et qui ne sont désormais plus depuis longtemps « reproductibles », même en pensée.
En effet, le bon sens conduit à conclure qu’il faut réhabiliter la totalité des fusillés pour l’exemple, sans prise en compte de cas particuliers, inaccessibles à une investigation scientifique digne de ce nom.
La recherche historique ne peut pas inventer les faits : elle peut, si elle a suffisamment d’indices, tenter de reconstituer le passé, mais elle ne peut pas le faire à partir de rien. Or il faut le reconnaître : la nature exacte des faits qui ont conduit à ce que la hiérarchie militaire en situation de guerre ait fait exécuter tel ou tel soldat appartient à la catégorie de l’indéterminable
Dans des situations de guerre d’une violence et d’une complexité extrêmes, en matière de justice militaire, véritable oxymore pour ce qui concerne la guerre de 1914-1918, qui pourrait prétendre pouvoir établir, 100 ans après, la vérité des faits ?
Qui pourrait s’autoriser de façon certaine à dire : tel soldat a été fusillé « à juste titre », et tel autre non ?
Qui pourrait établir de façon irréfutable que les rapports qui constituent les dossiers de la justice militaire en temps de guerre sont des rapports insoupçonnables, objectifs, fiables ?
Qui découvrira que tel pauvre type a payé de sa vie des exactions qui n’étaient pas de son fait ?
Qui découvrira que tel sous-officier, tel officier a fait condamner à mort un innocent pour échapper lui-même à des poursuites ?
Il est bien évident que l’exigence élémentaire qui veut qu’en matière de jugement on ne puisse à la fois être juge et partie n’a jamais été respectée par la justice militaire durant la première guerre mondiale.
L’historien privé de pièces fiables est condamné aux conjectures. . Nombre d’historiens ont une parfaite conscience de ces difficultés insurmontables qui rendent l’étude au cas par cas impossible, définitivement hors de portée. Beaucoup de ces historiens ont accompli un travail remarquable, qui a enrichi de façon décisive notre connaissance de la Grande Guerre, loin des clichés hérités du passé qui perduraient dans une certaine opinion soucieuse d’un patriotisme de circonstance, comme elles perduraient dans beaucoup de travaux universitaires, et du même coup dans les manuels scolaires.
Grâce à ces historiens, le regard sur la Grande Guerre a été modifié en profondeur. Qui ne s’en réjouirait ?
Un dernier point : nous ne méprisons pas ceux qui nous objectent que des erreurs peuvent être commises si on procède à une réhabilitation globale, sans considération de cas particuliers. Aucun scrupule n’est déshonorant.
Mais nous leur répondrons dans l’esprit des grands philosophes des Lumières du XVIII ème siècle. Nous leur ferons observer que dans son Traité sur la tolérance inspiré du grand juriste italien des Lumières, Beccaria, Voltaire, en pleine bataille pour la réhabilitation de Calas, développera ce qu’il avait écrit dans Zadig : « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. »
C’est ce principe généreux - grâce auquel l’humanité pourra peut-être s’élever un jour au niveau d’un devenir pacifique - qui guide les signataires de cet appel pour la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de 1914-1918.
Les soussignés, historiens, cinéastes, réalisateurs, artistes, élus, écrivains, libres penseurs, syndicalistes, pacifistes, internationalistes, par delà leurs engagements respectifs, par delà les investissements personnels, culturels, philosophiques, politiques, militants, qui leur sont propres, se retrouvent ensemble sur cette exigence, dont la satisfaction ressortit à l’honneur de la République.
Premiers signataires :
Aranéo Christine, maire de Saint-Martin d’Estreaux (Loire), Blondel Marc, président national de la FNLP, Boisset Yves, cinéaste, Bruneel Jean-Marc, Président du Groupe non-violent Louis Lecoin,Candelier Jean-Jacques, député PCF du Nord, Chambefort Guy, maire d’Yzeure, député PS de l’Allier, Fraix Philippe, petit-fils d’un résistant fusillé en 39-45, Frère Michel, général de brigade en retraite, Gaudy Gabriel, syndicaliste et maire adjoint dans l’Aisne, Guerry Philippe, peintre, Houguet Daniel, pacifiste, Lebel Jean-Jacques, peintre et écrivain, Le Garrec Jean, ancien ministre, parlementaire honoraire, Lanouilh Jean-Luc, conseiller général PCF de Chauny, et vice président du Conseil général de l’Aisne, Le Mignot Renée co-présidente du MRAP, Le Naour Jean-Yves, historien, Ley Noël, petit-neveu d’un fusillé pour l’exemple, retraité, citoyen libre de la République française, Markidès Paul,.vice-président de l’ARAC, Montet Maurice, Union Pacifiste,Moreau Alain, écrivain et scénariste, Nollet Josiane, petite-fille d’Albert Truton, fusillé pour l’exemple,Nollet Coralie, Loraine et Marie-Pierre, arrière-petites-filles d’Albert Truton, Prat Christian, conseiller municipal EELV, Roanne, Roy Pierre, président de la Fédération nationale laïque des associations des monuments pacifistes, Truton Jean, petit neveu du caporal Albert Truton, fusillé le 18 juin 1917 au chemin des dames, Valette Michel, Union Pacifiste, Viot Eric, écrivain
Pour tout contact Pierre Roy, 31 rue du 11 Novembre, 42 100, Saint-Etienne 06 81 07 82 56, roypie@wanadoo.fr
Tous au Rassemblement pacifiste et internationaliste
Pour la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple
Samedi 8 juin 2013 à 14 h
Salle de spectacle – Annexe Bourse du Travail – 85 rue Charlot 75010 Paris.
Pour la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple
Samedi 8 juin 2013 à 14 h
Salle de spectacle – Annexe Bourse du Travail – 85 rue Charlot 75010 Paris.
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