MONDE - le 28 Mai 2013
Syrie
Damas accusé d’usage d’armes chimiques
À la veille de la conférence de Genève, c’est, cette fois, l’armée syrienne qui est accusée de l’utilisation de gaz mortel. Elle pourrait contrôler bientôt le verrou stratégique de Qousseir.
Les combats se poursuivent à Qousseir, près de la frontière libanaise, dans la région de Homs, où l’armée syrienne, soutenue par plusieurs centaines de combattants du Hezbollah libanais, se heurte à une forte résistance. Dans la perspective de la conférence de Genève, dite Genève 2, la reprise de la ville par les forces syriennes va certainement changer la donne : elle rend caduc le projet de contrôle de toute cette région par le Front al-Nosra (djihadiste). Il y a un an, en juin dernier, plusieurs dizaines de milliers de chrétiens syriens habitant cette ville et la région avaient dû partir vers le Liban et Damas quand le chef djihadiste Abdel Salam Harba avait diffusé un appel lancé par les mosquées sous son contrôle demandant aux chrétiens de quitter la ville, n’hésitant pas à faire exécuter l’un d’eux pour montrer qu’il ne plaisantait pas. « Ils seront tous égorgés devant les égouts », prévenait-il en décembre dernier à l’intention de ceux qui soutiennent le régime de Bachar Al Assad.
Les partisans de ce dernier paraissent ainsi sur le point de remporter une victoire militaire à Qousseir, qui pourrait leur permettre de participer à la conférence de Genève en position de force, avec en toile de fond une opposition syrienne toujours aussi divisée à propos des négociations avec le régime syrien et prisonnière en fait des rivalités régionales entre le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie. Cependant, au même moment, les soupçons d’usage d’armes chimiques par l’armée syrienne s’intensifient. De nouvelles informations sur ce point pourraient peser dans la balance des négociations, les rebelles, accusés par la juge Carla del Ponte d’avoir fait usage de ce type d’armes, n’étant plus seuls sur le banc des accusés.
Une certitude, l’opposition syrienne s’en est saisie pour exhorter l’UE à lever l’embargo sur les armes. Si Paris et Londres sont pour un allégement de cet embargo, plusieurs États membres de l’UE y sont opposés. Washington n’y est pas favorable. Car sur le terrain les djihadistes du Front al-Nosra et leurs alliés islamistes mènent la danse. Les États-Unis sont de plus en plus inquiets des risques de débordement du conflit en Turquie, en Irak et au Liban, pays théâtres d’affrontements meurtriers politico-confessionnels mais aussi en Jordanie, chez un allié stratégique, où la monarchie hachémite, assise sur un baril de poudre, risque d’être emportée à la moindre secousse. D’autant qu’Israël ne restera pas les bras croisés en cas de menace contre Amman. Autant de questions au centre des entretiens hier soir à Paris entre John Kerry, Laurent Fabius et le Russe Sergei Lavrov destinés à préparer précisément la conférence de Genève 2.
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