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mardi 28 mai 2013

Décalage. L'éditorial de Maurice Ulrich

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POLITIQUE -  le 28 Mai 2013

Décalage. L'éditorial de Maurice Ulrich

On peut s’interroger sur la forme, qui est, comme on le sait, toujours la forme d’un contenu. François Hollande avait choisi hier de donner à son hommage à la création du CNR, le 27 mai 1943, le sens d’une réunion sans apparat, en présence toutefois de médias choisis, semble-t-il, et dans le cadre scolaire du lycée Buffon, à Paris.
Une courte intervention laissait la place ensuite a des questions posées par les lycéens aux anciens résistants présents. Sans doute n’est-il de meilleure communication que celle qui affecte de ne pas en être. On y verra sans doute le souci, du moins le souci affiché, de ne pas instrumentaliser le CNR. On ne peut en même temps s’empêcher de penser que ce minimalisme formel permettait de s’en tenir aux généralités, lesquelles ont cet avantage qu’elles se passent de programme.
Car à s’en tenir à ce qui fut le programme, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on sent comme un décalage, et quel décalage, avec les politiques d’hier, mais aussi avec celle d’aujourd’hui. Nicolas Sarkozy n’avait pas fait mystère de son intention d’en finir avec l’esprit hérité de ce programme. François Hollande au contraire s’en est réclamé. Mais pour la lettre, c’est autre chose. Comment ne pas évoquer par exemple « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction, de l’économie » ? La sécurité de l’emploi ou la hausse des salaires… Nous en serions sur le chemin ?
Certes, François Hollande n’a pas craint de rappeler l’ambition de subordonner les intérêts privés à l’intérêt général… Qu’en pensent les salariés de Florange, de Petroplus, de PSA ? « Vous avez à conquérir des droits économiques », a-t-il assuré. C’est bien de le dire. Surtout après le vote de l’ANI à la satisfaction du Medef et contre FO et la CGT. Il a aussi rappelé que la France, dans cette période de l’après-guerre, avait su trouver les ressources pour se relever, et c’est vrai. Mais elle l’a fait en même temps qu’elle mettait en place les conditions d’un progrès social sans précédent dont la Sécurité sociale fut une des mesures phares, une grande ambition et une grande réalisation. On ne considérait pas alors la santé comme un coût, mais comme un atout, comme un socle de la nation. Mais surtout la reconstruction de la France de l’après-guerre s’est faite avec la confiance, avec la mobilisation, avec l’engagement du peuple de France et, pour le dire clairement, carrément, pas avec ses capitalistes mais avec sa classe ouvrière, avec ses travailleurs et leurs organisations. Pas exclusivement mais essentiellement. Cela fait tout de même une sacrée différence.

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