POLITIQUE - le 27 Mai 2013
Le PCF se lance dans la préparation des européennes
Mots clés : union européenne, pcf, austérité, front de gauche, gauche unitaire européenne,élections européennes,
Pierre Laurent
Un calendrier de travail de préparation des élections européennes de 2014 a été soumis, dimanche, au Conseil national du PCF, qui a tenu de premiers échanges sur les enjeux du scrutin, avant l’organisation d’une «convention nationale» prévue à l’automne.
Consacrée à la préparation des élections européennes du 25 mai 2014, la séance de dimanche matin du Conseil national du PCF ne se voulait qu’un «premier rendez-vous» d’échanges sur les enjeux liés à ce scrutin. Mais, entre la préparation de la «convention nationale» sur les propositions pour une autre Europe, prévue à l’automne, et la désignation des candidats, en décembre, tout comme la tenue du congrès du Parti de la gauche européenne (PGE) aujourd’hui présidé par le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, l’Europe «va devoir encore plus s’inviter dans nos débats au sein de notre parti, mais aussi du Front de gauche et plus largement encore dans le débat citoyen», a prévenu d’emblée Gilles Garnier, rapporteur en charge des questions Europe au PCF.
Et d’abord dans la campagne des municipales qui démarre, car «la conception même des pouvoirs locaux en Europe pèse sur notre organisation politico-administrative et en particulier sur l’échelon communal», avec des réformes dites de décentralisation passées ou en cours qui, partout en Europe (Grèce, Italie), «ont toutes abouti à un assèchement du pluralisme, à un éloignement de la décision du citoyen» et «à une complexification du système», suivant une «volonté d’uniformiser les modes de fonctionnement de nos collectivités au plan européen» qui «fait primer à chaque fois les décisions de l’échelon supérieur sur l’échelon inférieur».
Défiance envers les dirigeants européens
Une construction antidémocratique qui renforce la «défiance» qui «s’est durablement installée entre la population et les dirigeants» de l’Union européenne (UE) et de ses Etats-membres depuis 2009, a souligné Gilles Garnier. Pour lui, les communistes ne peuvent plus se «contenter de parler de réorientation de la construction européenne mais bien de sa reconstruction, de sa refondation», car «dans tous les cas (…) il lui faut changer de logiciel», l’orateur rappelant la «défiance» qui «s’est durablement installée entre la population et les dirigeants» de l’Union européenne (UE) et de ses Etats-membres depuis 2009.
Mais tandis que «les peuples qui ont longtemps cru, du moins majoritairement, en une Europe protectrice, îlot de stabilité et de développement se sentent définitivement floués», des «forces syndicales, associatives, citoyennes et politiques organisent la riposte», relève le responsable communiste, pointant l’ambivalence de la situation, avec le risque bien réel d’une montée de l’abstention, mais aussi d’un progrès des «démagogues et des forces conservatrices et d’extrême droite».
Les peuples oubliés
Face à ce péril, pour Gilles Garnier, l’accent mis, «dans les mots, sur le social» et «la croissance» par François Hollande, et son «ralliement à l’idée d’un gouvernement économique européen» ne sont pas à la hauteur et masquent surtout son absence de «volonté de réformer le système». «La pièce manquante depuis les débuts de la construction européenne, ce sont les peuples», rappelle-t-il. «Dans de nombreux pays européens, les réactions syndicales, citoyennes et politiques ont déjà permis de constater des convergences », comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal, où les formations membres de la Gauche unitaire européenne (GUE) au Parlement européen ont tissé des liens avec les mobilisations sociales. «De ce désordre de courage face à l’agression des politiques libérales peut-il sortir quelque chose?», s’interroge Gilles Garnier.
Pour le député européen Jacky Hénin, la préparation des élections de mai 2014 en France est inséparable du contexte à la fois «européen et national» : «Ce sera la première élection après la présidentielle et les législatives, rappelle-t-il, et la droite veut en faire une sanction» contre la gauche. «Quant au sentiment anti-européen, jamais il n’a été aussi fort», poursuit-il. Face à cette réalité, Jacky Hénin appelle à ne pas passer à côté des enjeux de l’élection, en dénonçant clairement une «UE qui a été créée dès le départ pour enrichir les actionnaires», et en exprimant tout aussi clairement des alternatives qui n’ont rien à voir avec des «volontés nationalistes». L’occasion de rappeler fortement au gouvernement, aussi, «les engagements de changement qu’il ne respecte pas». Le député appelle à «s’appuyer sur le résultat de la présidentielle» en développant une «expression identique» dans son ampleur et la clarté de ses messages.
Pas de cacophonie
Ce qui implique au passage de trancher nombre de questions, d’ici les européennes, par le débat « au sein (du) parti et dans le Front de gauche », a souligné Gilles Garnier : fédéralisme ou confédéralisme européen, rôle des institutions de l’UE et de la BCE, positionnement à l’égard de l’euro (sortie ou réorientation), accord de libre-échange transatlantique etc. Pour Christine Mendelsohn, un « socle » commun de propositions des forces de gauche pour une autre Europe est indispensable. « Pas de cacophonie si on veut de bons résultats », insiste pour sa part Nicolas Marchand, qui appelle les communistes à « être porteurs d’alternatives crédibles, en prise avec les luttes » sur un sujet où le référendum européen de 2005 a montré que les communistes et ses partenaires sont « en phase avec une partie de l’électorat socialiste ».
De son côté, Pierre Laurent a appelé à combattre pied à pied l’argument, utilisé par toutes les autres forces politiques, selon lequel « la France n’aurait qu’un choix : se soumettre à l’UE telle qu’elle est ou la quitter ». « La France est suffisamment forte pour engager le combat dans l’UE pour sa transformation. Toutes les forces qui se battent dos au mur en Europe attendent que la France prenne l’initiative », Le secrétaire national du PCF invite les militants « à contester l’argument qui voudrait que la France est trop isolée pour se battre » en Europe, car la tentation du « repli » nationaliste se nourrit à « l’idée qu’il n’est pas possible de changer ».
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