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mercredi 27 mars 2013

Le triste bilan de l'austérité budgétaire


Le triste bilan de l'austérité budgétaire

LE MONDE ECONOMIE |  • Mis à jour le 

Lors du sommet du G20, qui s'est tenu à Toronto en juin 2010, et devant l'émergence des crises des dettes souveraines en
 Grèce, en Irlande et auPortugal, les pays à hauts revenus ont pris le virage de l'austérité budgétaire. Les responsables politiques étaient terrifiés à l'idée de voir leur pays prendre le chemin de la Grèce. Le communiqué final du G20 était clair : "Les économies avancées ont adopté des plans budgétaires qui réduiront au moins de moitié les déficits d'ici à 2013 et stabiliseront ou réduiront avant 2016 les ratios de la dette par rapport au produit intérieur brut [PIB]." Cette orientation était-elle à la fois nécessaire et avisée ? Non.
La zone euro était au coeur de la crise de la dette souveraine qui faisait peur au monde entier. Un rapide resserrement budgétaire fut jugé indispensable poursoulager les Etats en difficulté. Ce point de vue, en retour, convainquit ceux qui n'étaient pas encore soumis à la pression des marchés de procéder de façon préventive à un resserrement. Ce fut, entre autres, la position du gouvernement de coalition en place au Royaume-Uni. L'idée selon laquelle chaque pays risquait de façon imminente de glisser sur la même pente que la Grèce se répandit aussi aux Etats-Unis, notamment parmi les républicains. La bataille qui s'y livre actuellement autour de la "séquestration" (réduction automatique des dépenses budgétaires) procède, en partie, de cette inquiétude.
L'un des principaux et, de mon point de vue, des plus convaincants parmi ceux qui professent une position contraire est l'économiste belge Paul De Grauwe, qui enseigne aujourd'hui à la London School of Economics. Pour lui, les crises de la dette des pays de la zone euro sont la conséquence des erreurs de la Banque centrale européenne (BCE). Du fait que la BCE a refusé d'agir en tant que prêteur de dernier ressort auprès des Etats, ceux-ci ont souffert d'un risque de trésorerie - le coût de l'emprunt a augmenté parce que les acheteurs d'obligations n'étaient pas assurés de pouvoir les revendre facilement au moment de leur choix. C'est ce manque de confiance, et non l'insolvabilité, qui était le péril immédiat.
Aujourd'hui, soutient De Grauwe, la décision de principe prise par la BCE d'acheter la dette des Etats en difficulté au travers de ce que l'on appelle les rachats de titres de dette ("Outright Monetary Transactions", OMT) permet demettre son hypothèse à l'épreuve. Résultat, "la réduction des écarts a été la plus forte dans les pays où le facteur peur avait été le plus puissant".
Quel rôle ont joué les fondamentaux ? Personne ne nie que certains pays, en particulier la Grèce, ont eu et ont encore une très mauvaise position budgétaire. L'article procède à trois observations importantes. Tout d'abord, le ratio dette/PIB a augmenté dans tous les pays, même après l'annonce faite par la Banque centrale. Deuxièmement, le changement de ce ratio s'est avéré un médiocre indicateur prédictif des diminutions des écarts de taux (spreads). Enfin, ces écarts ont déterminé la sévérité de l'austérité subie par les différents pays. Paul Krugman, du New York Times, y ajoute un élément : l'austérité a coûté cher aux économies concernées. D'après le Fonds monétaire international, plus le resserrement effectué entre 2009 et 2012 a été sévère, plus importante a été la baisse de la production. En adoptant les OMT plus tôt, la BCE aurait pu éviter la panique qui a suscité l'envol des taux qui ont eux-mêmes justifié l'austérité. Elle ne l'a pas fait. Des dizaines de millions de personnes sont plongées dans des difficultés inutiles. C'est une tragédie.
Je vois pourtant deux arguments en faveur de l'attitude de la BCE. Le premier est que les mesures d'aide ne pouvaient être envisagées qu'une fois démontrée la volonté d'adopter une politique de rigueur. En second lieu, comme le note à juste titre l'European Economic Advisory Group dans son dernier rapport, les véritables problèmes ont été non pas les déficits budgétaires, mais les flux déstabilisants de capitaux, les déséquilibres extérieurs et la dégradation de la compétitivité. Mais la zone euro parviendra-t-elle à survivre à son traitement ? Les pays du coeur de la zone se porteraient mieux s'ils laissaient le temps aux plus faibles de s'ajuster....
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