F. Hollande va parler ! Vraiment ?...
Dimanche 3 Mars 2013 à 05:00
NICOLAS DOMENACH - MARIANNE
François Hollande va parler ! On vous l’assure à l’Élysée : la parole présidentielle tombera prochainement comme l’oracle via la télévision. Les Français ont besoin de l’entendre. D’être rassurés. De savoir qu’ils ont un chef ! Pas seulement un mâle au Mali, mais un « Pacha » visionnaire qui fixe un cap, un pic, une péninsule, enfin un objectif et dissipe les brouillards de ses habiletés. On n’y est pas…
Le Capitaine en place ne fracasse rien, et surtout pas la purée de pois dans laquelle on se débat. On s’inquiète même de ses louvoiements entre les écueils, mais sans que l’on ne puisse jamais être sûrs de ne pas naufrager. On n’a plus un cabot au Palais, ça change heureusement, mais c’est toujours le cabotage de l’angoisse ; le gouvernement de l’incertitude, chaque jour venant démentir cruellement les assurances mordicus de la veille. Au point de plonger toujours davantage le pays dans la morosité d’une déprime molle. « Un pessimisme » si poisseux qu’il effraie les conseillers du monarque républicain. « On peut expliquer, faire de la pédagogie, constatent-ils, ça n’enclenche pas. Les Français sont au-delà ». Comme il y a un sentiment d’insécurité plus fort que la réalité, le sentiment de crise est plus aigu encore que la crise elle-même. Alors les élyséens ne doutent pas de la nécessité pour le Président de s’exprimer, mais de la possibilité pour lui aujourd’hui d’être entendu. Parole d’en haut s’est déjà faite parole en l’air…
Il est vrai que les Français sont aujourd’hui parmi les plus pessimistes d’Europe et même du monde. On dira que ça ne date pas d’hier, et que les Gaulois déjà craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête. Et il est arrivé en effet que celui-là leur chût dessus, de sorte que ce peuple a toujours conservé un sens du tragique particulier dont on peut d’ailleurs penser qu’il va de pair avec un art de vivre, de jouir de peur qu’une météorite de malheur vienne tout balayer le lendemain. Mais à côté de cette crainte de l’avenir, ces querelleurs humanistes ont toujours bataillé pour améliorer le futur. La France a avancé par révolutions successives, fussent-elles sanglantes. L’idée de progrès a toujours survécu et prospéré, en particulier à gauche, et le discours du candidat Hollande en gardait quelques traces d’espérances, qui paraissent aujourd’hui fort lointaines, effacées. Même les socialistes ne se vantent plus de réinventer le futur. Ne parlons pas des écologistes…
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