POLITIQUE - le 28 Mars 2013
Elysée
À la télé, un Hollande rattrapé par la réalité
Le chef de l’État se livre ce soir sur France 2 à une relance médiatique, tandis que les clignotants économiques persistent à demeurer au rouge et que sa popularité dégringole.
La nervosité est perceptible et le caporalisme pointe. La porte-parole du gouvernement a vivement condamné des « propos assez intolérables » du député de l’aile gauche du PS Pascal Cherki qui, la veille, s’en était pris à François Hollande, l’appelant à « changer de braquet » car il « n’a pas été élu pour conduire le peuple français sur le chemin sans fin de l’austérité et de la rigueur ». « M. Cherki, tance Najat Vallaud-Belkacem, semble avoir oublié que les électeurs qui l’ont envoyé à l’Assemblée nationale l’ont fait pour qu’il fasse un travail de député rigoureux, utile et pas pour qu’il tienne des propos à l’emporte-pièce qui ne le grandissent pas. » Ambiance, à la veille de l’intervention télévisée de François Hollande, alors que tous les clignotants sont au rouge. La courbe du chômage ne s’inverse pas, la crise de la zone euro, « derrière nous » selon le chef de l’État fin 2012, revient par la fenêtre avec Chypre, la réforme fiscale s’évanouit, l’affaire Cahuzac ternit la « République irréprochable » voulue. L’accord compétitivité et la hausse de la TVA, hormis leur mise en œuvre, ressemblent furieusement aux choix sarkozystes.
Même l’indéfectible allié du PRG juge, par la voix de son président Jean-Michel Baylet, que le PS « n’est pas en ordre de bataille », et doit « surtout être solidaire de cette majorité ». Six mois après son dernier rendez-vous télévisuel, le 9 septembre dernier, François Hollande sera donc ce soir sur France 2 pour démontrer, selon Bruno Le Roux, le patron des députés socialistes, « une capacité à prendre la mesure de la situation (…) et en même temps rester serein parce qu’il sait qu’il faut un peu de temps ». Du temps, ou une politique de rechange ? Emmanuel Maurel, animateur de l’aile gauche du parti, déclare au JDD que « sur le fond, Pascal Cherki traduit une forme d’impatience d’un certain nombre de militants socialistes. Mais aussi de doutes par rapport à l’orientation actuelle de la politique gouvernementale ». « Alors même, ajoute-t-il, que j’ai la prétention de croire que nous exprimons un sentiment majoritaire à gauche. » Bruno Le Roux n’est pas de cet avis : « Nous sommes 300 (députés PS), il y en a 35 qui veulent durcir » le texte sur l’ANI. « Il n’y aurait rien de pire qu’un accord où tout le monde saute de joie en se disant “ah il est vraiment à gauche cet accord”, et qu’il soit ensuite inapplicable sur le terrain. » Curieuse rhétorique où il faudrait donc renoncer à être de gauche en période de crise.
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