Comment Bruxelles veut aider la France à se mettre au régime
Créé le 26-02-2013 à 17h26 - Mis à jour à 18h15
INTERVIEW Vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic révèle travailler avec Paris sur "une gamme de mesures" permettant de mettre le déficit sous contrôle.
Le slovaque Maros Sefcovic, Vice-Président de la Commission européenne en charge des relations interinstitutionnelles était de passage à Paris ce mardi 26 février. (Photo : Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA)
La Commission vient de rendre son diagnostic sur la santé économique de la France, comment a-t-elle travaillé?
Nos prévisions ont mis en évidence que la France avait pris du retard sur la reprise économique, avec une croissance à 0,1% et un déficit de 3,7% en 2013, bien supérieur à ce à quoi on s’attendait il y a un an. Cet exercice est une nouvelle tâche qui nous incombe. C’est la 3è année que nous la réalisons. Il s’inscrit dans le cadre de ce qu’on appelle le "semestre européen", où nous faisons une analyse détaillée des programmes de réformes économiques et structurelles des états membres, de leurs perspectives, à l’issue de laquelle, nous leur adressons des recommandations pour les 12 à 18 mois à venir. Trois de nos directions (budget, ecofin et compétitivité) travaillent ensemble. Nous travaillons aussi avec Eurostat et l’OCDE. Nous utilisons des équipes pluridisciplinaires et nos propres méthodologies, pour préparer des recommandations spécifiques.
Au lendemain de l’élection présidentielle en mai 2012, vous avez fait une recommandation qui a fait grincer des dents à l’Elysée: la mise en place d’une TVA sociale, un des thèmes pour lequel Nicolas Sarkozy a été battu..
Nous faisons des recommandations aux pays membres, ce n’est pas toujours facile politiquement. Il n’empêche, nous préparons des scénarios. Ainsi, si rien n’est entrepris en France, le déficit pourrait atteindre 3,9% en 2014. C’est pourquoi nous allons avoir des consultations économiques avec la France, nous assurer qu’elle a déjà pris des mesures efficaces pour combattre les déficits. Nous allons travailler étroitement avec les responsables français. Et préparer une gamme de mesures pour créer les conditions permettant de mettre le déficit sous contrôle.
Vous voulez dire que vous allez mettre en place une troïka light?
Non, mais nous allons avoir des discussions concrètes.
Pourquoi le budget adopté lors du dernier Conseil européen vous a-t-il déçu?
Cet accord n’est pas facile à accepter. Pour la première fois dans son histoire, l’Union européenne a un budget en diminution, alors, qu’avec la crise, les tâches se multiplient. Nous avions fait des propositions il y a un an et demi et déjà nous avions travaillé sur l’hypothèse d’un budget d’austérité. Nous étions convaincus qu’il était en adéquation avec la situation de crise en Europe. Nous pensions avoir présenté une proposition équilibrée.
Depuis le Conseil, le Parlement européen a indiqué qu’il n’accepterait pas ce budget pluriannuel en baisse. La Commission va essayer de trouver une solution, en proposant une flexibilité maximale, pour dépenser mieux et plus intelligemment.
Qu’entendez-vous concrètement par là?
Aujourd’hui, on perd beaucoup d’argent à cause des rigidités du budget européen. Il faut créer des flexibilités, des passerelles, entre les rubriques du budget et entre les années. Par exemple, pour que l’on puisse réallouer une somme que l’on verse une année pour l’agriculture l’année suivante à un fonds de cohésion. Jusqu’à présent c’était compliqué. Ainsi, 40 à 42% des fonds de cohésion n’ont pas été utilisés à cause de règles rigides. S’ils ne sont pas consommés avant 2015, ils seront perdus. On veut les utiliser, notamment pour lutter contre le chômage des jeunes dans les pays les plus touchés. Maintenant que notre budget a été réduit, on a besoin de flexibilité pour en tirer le maximum. Et on s’y accroche! La procédure n’est cependant pas aisée à mettre en œuvre. Elle doit être soutenue par le Conseil et le Parlement.
Combien d’argent pouvez-vous récupérer grâce à cette plus grande souplesse?
Si on réussit à avoir toute la flexibilité qu’on souhaite, on peut couvrir presque toutes les coupes qui nous ont été imposées....
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