CHRONIQUE
Rêve de classe
Dimanche 3 Mars 2013 à 05:00 |
GUY KONOPNICKI
La SNCF lance le train à tarif réduit, les cinémas Pathé lancent une première classe au ciné... On rétablit les différences sociales, c'est tendance.
La SNCF lance le train à tarif réduit... Pour partir de Paris, il faudra gagner la gare de Marne-la-Vallée, par le RER tarif zone 4, pour arriver à 10 ou 20 km de la ville de destination. Ce train bon marché est annoncé «moins confortable» que la seconde classe TGV, ce qui constitue un exploit. Les voyageurs devront payer un supplément pour utiliser une prise de courant et ils n'auront droit qu'à un seul bagage.
Il serait cependant injuste d'accuser la SNCF de mépriser les passagers à petit budget : les nouvelles rames ne comporteront pas ces bars où, en s'armant de patience, on peut se procurer une tranche de caoutchouc serrée entre deux lattes d'aggloméré. Mieux encore : ce nouveau système remonte le temps et n'est pas bien loin d'atteindre les banquettes de bois de la troisième classe, supprimée en 1956.
La gauche était alors au pouvoir, mais on se souvient plus de son rappel des classes, mobilisées pour l'Algérie, que de la suppression de la troisième dans les trains. Elle a pourtant persévéré dans cette voie, la gauche, en s'y prenant par le haut : en 1981, la société sans classes a été établie dans le métro parisien, par la suppression de la première. La voiture bourgeoise avait beau être rouge, elle était condamnée, avec les trous de première classe et le poinçonneur des Lilas. Maintenant, on rétablit les différences sociales, c'est tendance.
Il y a eu une manif du Front de gauche contre les classes, à l'endroit où débute le Voyage, à la place Clichy, devant le Wepler. Ce n'était pas à cause de la SNCF, c'est le Voyagede Céline, au bout de la nuit, qui commence comme ça, avec Bardamu, à Clichy. C'est le Pathé Wepler qui énerve les potes à «Méluche».
Pathé lance une première classe au ciné ! Pour deux balles de plus, des fauteuils cuir, bien placés ! Torticolis pour les pauvres, confort pour les rupins, dans un quartier populaire, c'est une provoc, selon les manifestants. Quel Pathé caisse ! Quand le quartier était encore populaire, il y avait trois prix de places, balcon, orchestre et avancées, au Pathé Wepler comme au grand Gaumont Clichy détruit par les vandales pompidoliens.
Un soir au théâtre, des prolos massés au poulailler ont vu Jaurès installé dans un fauteuil d'orchestre. Ils ont scandé : «A bas les fauteuils !» Jaurès a répondu : «Non, camarades, des fauteuils pour tous !»
Ce qui vaut pour le ciné place Clichy comme pour le train à tarif réduit.
Il serait cependant injuste d'accuser la SNCF de mépriser les passagers à petit budget : les nouvelles rames ne comporteront pas ces bars où, en s'armant de patience, on peut se procurer une tranche de caoutchouc serrée entre deux lattes d'aggloméré. Mieux encore : ce nouveau système remonte le temps et n'est pas bien loin d'atteindre les banquettes de bois de la troisième classe, supprimée en 1956.
La gauche était alors au pouvoir, mais on se souvient plus de son rappel des classes, mobilisées pour l'Algérie, que de la suppression de la troisième dans les trains. Elle a pourtant persévéré dans cette voie, la gauche, en s'y prenant par le haut : en 1981, la société sans classes a été établie dans le métro parisien, par la suppression de la première. La voiture bourgeoise avait beau être rouge, elle était condamnée, avec les trous de première classe et le poinçonneur des Lilas. Maintenant, on rétablit les différences sociales, c'est tendance.
Il y a eu une manif du Front de gauche contre les classes, à l'endroit où débute le Voyage, à la place Clichy, devant le Wepler. Ce n'était pas à cause de la SNCF, c'est le Voyagede Céline, au bout de la nuit, qui commence comme ça, avec Bardamu, à Clichy. C'est le Pathé Wepler qui énerve les potes à «Méluche».
Pathé lance une première classe au ciné ! Pour deux balles de plus, des fauteuils cuir, bien placés ! Torticolis pour les pauvres, confort pour les rupins, dans un quartier populaire, c'est une provoc, selon les manifestants. Quel Pathé caisse ! Quand le quartier était encore populaire, il y avait trois prix de places, balcon, orchestre et avancées, au Pathé Wepler comme au grand Gaumont Clichy détruit par les vandales pompidoliens.
Un soir au théâtre, des prolos massés au poulailler ont vu Jaurès installé dans un fauteuil d'orchestre. Ils ont scandé : «A bas les fauteuils !» Jaurès a répondu : «Non, camarades, des fauteuils pour tous !»
Ce qui vaut pour le ciné place Clichy comme pour le train à tarif réduit.
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