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jeudi 28 mars 2013

Pourquoi la baisse du pouvoir d'achat va encore s'aggraver

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Pourquoi la baisse du pouvoir d'achat va encore s'aggraver

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L'Insee a relevé ce mercredi que les Français avaient vu, pour la première fois depuis 1984, leur pouvoir d'achat régresser. Premier responsable: la hausse des impôts. Et ce sera encore pire cette année.

Confrontés à une baisse historique de leur pouvoir d'achat, les Français n'ont pas réduit leurs achats mais ils ont moins épargné. (DURAND FLORENCE/SIPA)
Confrontés à une baisse historique de leur pouvoir d'achat, les Français n'ont pas réduit leurs achats mais ils ont moins épargné. (DURAND FLORENCE/SIPA)
Du jamais vu depuis près de trente ans! Le pouvoir d’achat des Français a globalement reculé de 0,4% en 2012, avec notamment une baisse de 0,8 % au quatrième trimestre, selon les chiffres rendus publics ce matin par l’Insee. En le ramenant à un niveau individuel (par "unité de consommation" dans le jargon des statisticiens), la chute atteint même 1% sur l’année, contre une stagnation en 2011.
Certes, le salaire moyen par tête versé par les entreprises a encore augmenté de 2,1% en 2012 après 2,5% en 2011, notamment grâce au coup de pouce donné au Smic l’été dernier. Mais les destructions d'emploi qui ont fait progressé le nombre de chômeurs ont aussi fortement pesé sur la masse salariale globale. Au total, elle n’a progressé que de 1,8% contre 2,9% en 2011. Lors de la récession de 2009, le reflux des tarifs de l'énergie avait permis de sauver le pouvoir d’achat des ménages mais, cette fois, la hausse des prix, même modérée, a tout de même atteint 1,7%.
Mais ce sont avant tout les hausses d’impôts qui ont donné le coup de grâce au pouvoir d’achat, souligne l’Insee. Il s’agit, pour l’essentiel, des effets des mesures décidées par le gouvernement de François Fillon avant son départ. En novembre 2011, le Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait notamment annoncé un gel du barème de l’Impôt sur le Revenu dont les tranches étaient habituellement indexées sur l’inflation.
400.000 ménages de plus ont payé un impôts sur leurs revenus en 2012
Selon un rapport de la sénatrice Marie-France Beaufils, cela a eu pour conséquence de faire entrer dans le barème de l'IR près de 400.000 ménages, qui étaient auparavant trop pauvres pour être imposés. Et, au total, plus de 17 millions de foyers ont subi une hausse de leurs impôts, à hauteur de 1,7 milliard d’euros.
Par ailleurs, le gouvernement Fillon a aussi raboté les niches fiscales et instauré une taxe exceptionnelle sur les hauts revenus de 3 ou 4%. François Hollande en a rajouté une couche en instaurant une contribution supplémentaire pour les redevables de l’Impôt sur la Fortune dès 2012. Au final, les taxes subies par les ménages ont grimpé de 10% en 2012 ! A ce coup de massue fiscale, il faut aussi ajouter l’impact de la hausse du taux de cotisation retraite et de la suppression des exonérations sociales sur les heures supplémentaires, décidées par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. La masse globale des prestations sociales versées en 2012 a néanmoins continué à progresser, ce qui a permis d’amortir un peu le choc.
La baisse du pouvoir d'achat sera encore plus forte en 2013
Que faut-il attendre pour 2013? L’Insee prévoit que les revenus d’activité continuent à ralentir (+0,4% au premier semestre après +0,9% au second semestre 2012) sous le double effet de moindres augmentations de salaires et de la poursuite de la progression du chômage. Les hausses d’impôts marqueraient une pause au premier semestre avant de repartir de plus belle en fin d’année lorsque le choc fiscal de François Hollande commencera produire ses effets, notamment la poursuite de la non-indexation du barème de l’IR, la création de la tranche à 45% ou encore la baisse du plafond du quotient familial. Autant dire qu’il ne faut rien attendre de bon pour votre pouvoir d’achat cette année. Reste une question : les Français vont-ils comme en 2012 continuer à consommer en sacrifiant leur épargne? Ou bien cette baisse du pouvoir d'achat aura-t-elle un impact sensible sur la consommation et, par voie de conséquence, sur la croissance ?

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