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vendredi 1 mars 2013

Cochon(s): que doit-on penser du livre de Marcela Iacub ?

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SOCIÉTÉ -  le 1 Mars 2013
le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin

Cochon(s): que doit-on penser du

 livre de Marcela Iacub ?


                    
Le bloc-note de Jean-Emmanuel Ducoin. Est-ce de l’art ou du cochon ? S’il ne s’agissait que de se dire, comme Fernando Pessoa, que « la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas », nous pourrions nous contenter de rigoler en silence sans nous demander de quelle schizophrénie procède ce livre, apparaissant soudain comme une pièce supplémentaire versée au procès dont le visiteur du Sofitel et du Carlton est l’accusé ad vitam aeternam.
Iacub. La littérature a tous les droits – pas un auteur. La nouvelle affaire DSK s’appelle donc Belle et Bête, livre à vocation médiatique publié chez Stock, dans lequel la juriste Marcela Iacub raconte jusqu’au sordide ses sept mois de liaison avec l’ancien patron du FMI, de janvier à juillet 2012. Jamais le nom de l’ancien ministre socialiste n’est écrit noir sur blanc. Mais pas de doute : « J’étais persuadée que si un autre politique français avait été arrêté à l’aéroport de New York à ta place, tu aurais crié avec la foule. » Le tutoiement pour forme. La vulgarité et le lynchage public comme objection. Car nous lisons, atterrés, la longue chronique d’une passion avec celui qu’elle nomme l’« homme-cochon ». Ainsi : « Même au temps où ma passion était si fastueuse que j’aurais échangé mon avenir contre 
une heure dans tes bras, je n’ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C’est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi. » Plus précis : « C’est parce que tu étais un porc que je suis tombée amoureuse de toi. » Ou encore : « La liste de tes conquêtes d’un jour, de tes victimes, de tes putes successives et concomitantes dont la presse ne cessait de s’horrifier et de se régaler montrait un autre aspect émouvant de ta vie de cochon. Ces femmes étaient laides et vulgaires. Comme si en chercher des jolies était déjà une manière d’être plus homme que cochon. » Le but de Iacub, ne plus être une « humaine véritable ». Car il lui révèle « à quel point c’est beau d’être une truie dans le rêve interminable d’un porc ». Car le cochon aime tout : les grosses, les sales, la souillure, la salissure et même les bouts d’oreille. D’autant que la truie n’est jamais loin. Son épouse l’aurait en effet laissé 
« se promener » car « il n’y a pas de mal à se faire sucer par 
une femme de ménage ». Stop. Arrêtons-là le récit nauséeux…
Morale. Est-ce de l’art ou du cochon ? S’il ne s’agissait que de se dire, comme Fernando Pessoa, que « la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas », nous pourrions nous contenter de rigoler en silence sans nous demander de quelle schizophrénie procède ce livre, apparaissant soudain comme une pièce supplémentaire versée au procès dont le visiteur du Sofitel et du Carlton est l’accusé ad vitam aeternam. Sauf que cette schizophrénie se fonde également sur une répartition des rôles de type incestueuse entre la presse et le livre. Six pages laudatrices dans le Nouvel Observateur, trois dans Libération. Et aucune réponse à cette question : sommes-nous prêts à vivre dans une société où la prostitution morale et le profit du papier vite vendu deviennent la règle ? Quand le cynisme et le nihilisme tiennent lieu de morale civile, nous préférons citer Flaubert : 
« Le difficile en littérature, c’est de savoir quoi ne pas dire. »
Angot. Et puis Christine Angot s’en est mêlée...
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