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samedi 2 mars 2013

Face à la crise, vite de la pédagogie !

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Face à la crise, vite de la pédagogie !

Photo AFP/Thibault Camus
De nouveau le doute, mais un cran au-dessus. En novembre, les Français se demandaient si François Hollande avait bien pris la mesure de la crise. Aujourd’hui, ils s’interrogent sur sa capacité à les en faire sortir.
Le spleen a saisi les socialistes eux-mêmes, qui commencent à dire stop. "Stop aux hausses d’impôts ! Stop à la baisse des dépenses publiques !", renchérissent certains, de moins en moins enclins à assumer la cure de remise en ordre des finances publiques que leur candidat avait pourtant annoncée pendant la campagne.
Ils n'en contestent pas le principe comme en 1983. Simplement, ils doutent de ses effets, car ils voient la croissance ralentir et le chômage augmenter. Ils ont peur que le malade meure guéri avec un peu moins de déficit, mais beaucoup trop de chômeurs.
Il ne savent pas quoi raconter à leurs électeurs, tétanisés par l’exemple de l’Italie, ce voisin bien-aimé, mais devenu ingouvernable sous l’effet d’une puissante vague populiste qui a saisi le pays en pleine cure de rigueur.
Et si c’était cela qui guettait la France ? Avec jubilation, Jean-Luc Mélenchon enfonce le clou . Le co-président du Front de gauche décrit « une société européenne qui se cabre contre les politiques d'austérité » en dénonçant « l’autisme de la caste politico-médiatique ».
Comme à chaque moment de crise, le président de la République est mis à l’épreuve. On guette sa parole, on attend son oracle, mais sortir du brouillard ne sera pas si facile, car il manque depuis le début du quinquennat un diagnostic partagé à partir duquel bâtir un horizon.
La faiblesse de la campagne présidentielle, qui s’est essentiellement jouée sur le rejet d’un homme, n’explique pas tout. Depuis la crise de 2008, il y a comme une incapacité des économistes et des politiques à décrire le monde tel qu’il est et à tracer un chemin d’avenir.
On se réfère au passé : « la croissance reviendra, c’est une affaire de cycles », dit François Hollande. On minimise les effets de la mondialisation, la dynamique asiatique qui fait pendant au déclin européen. On met sur le dos de l’Europe et de ses manquements tous les maux, y compris ceux qui ne relèvent pas d’elle.
Du coup, tout semble sous contrainte, tout paraît bouché. Au lieu de rassurer, le politique semble perdre chaque jour en puissance. Dans ce contexte, le plus dangereux n’est pas la crise, mais les confusions qu’elle fait naître.
Il manque une pédagogie élémentaire. Et quand certains osent, comme Michel Rocard, dire qu’en réalité il n’y a pas une crise, mais plusieurs – financière, économique , sociale, écologique – qui appellent des changements radicaux de production et de mode de vie, on préfère se boucher les oreilles. Trop révolutionnaire !

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