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La nouvelle Constitution égyptienne approuvée par 63,8 % des voix
Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le
Le projet de Constitution égyptienne a été approuvé par 63,8 % des voix exprimées lors du référendum qui s'est déroulé en pleine crise politique, les 15 et 22 décembre, a annoncé mardi 25 décembre au soir la commission électorale. La participation officielle ressort à 32,9 % des près des 52 millions d'électeurs inscrits, a précisé Samir Aboul Maati, le président de la commission. Ce résultat officiel est conforme aux estimations des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, et des médias d'Etat qui avaient déjà rapporté que 64 % des votants avaient approuvé cette Constitution qu'ils défendent.
Controversé, le projet de Constitution avait donné lieu à des semaines de contestation, parfois émaillées de violences. Après l'annonce des résultats officiels, les Etats-Unis ont appelé mardi le président Morsi à mettre "fin aux divisions" et à "élargir le soutien au processus politique". "Le président Morsi, en tant que président démocratiquement élu d'Egypte, a la responsabilité d'agir d'une façon qui reconnaisse le besoin urgent de mettre fin aux divisions, de bâtir la confiance et d'élargir le soutien au processus politique", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Patrick Ventrell, dans un communiqué.
Lire (en édition abonnés) : Le projet de Constitution égyptienne dominé par l'ambiguïté
"Il n'y a pas de vaincu dans le résultat de ce référendum. Cette Constitution sera celle de tous", a réagi plus tôt le premier ministre, Hicham Qandil, en appelant"toutes les forces politiques à coopérer avec le gouvernement (...) pour donner une chance à la nation de reprendre son souffle et pour que l'économie se rétablisse". De son côté, Mohamed Badie, le Guide suprême des Frères musulmans, a félicité "le peuple égyptien pour l'approbation de la Constitution de l'Egypte de la révolution". "Commençons tous à construire la renaissance de notre pays (...), hommes et femmes, musulmans et chrétiens", a-t-il ajouté sur son compte Twitter.
Des élections législatives doivent se tenir dans les deux mois suivant l'adoption de la Constitution. Une fois la loi fondamentale ratifiée, le Sénat, dominé par les islamistes, récupèrera le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'une nouvelle chambre des députés. L'ancienne, où les islamistes étaient aussi majoritaires, avait été dissoute en juin.
LES PLAINTES EXAMINÉES "AVEC SÉRIEUX"
Après les violentes manifestations des dernières semaines, Le Caire semblait calme mardi soir à l'annonce des résultats définitifs, et les partis d'opposition n'ont pas lancé d'appels à manifester. "Les résultats (officieux) étaient très bizarres, et pourtant aucun changement n'a été opéré dans le score, ce qui prouve que rien n'a été fait pour prendre nos plaintes en ligne de compte", a réagi Khaled Dawood, un des porte-parole de l'opposition.
Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) avaient dénoncé des irrégularités pendant le scrutin en deux phases, et l'opposition a accusé les Frères musulmans de fraude en faveur du "oui". Sans mentionner les fraudes présumées, M. Aboul Maati a indiqué que la commission avait reçu des plaintes et les avait toutes examinées, assurant que le processus s'était déroulé sous supervision judiciaire. "Nous avons examiné avec sérieux toutes les plaintes", a précisé mardi le juge.
En Egypte, les élections doivent se dérouler sous la supervision des magistrats pour être valides. Or les ONG et l'opposition ont assuré que des personnes s'étaient fait passer pour des juges dans certains bureaux de vote. "Rien n'a prouvé que dans un bureau de vote il y ait eu des gens n'appartenant pas à la magistrature. Tous ceux qui ont participé au processus étaient membres d'une des instances de la magistrature", a commenté le président de la commission électorale. M. Aboul Maati a toutefois indiqué que les résultats de certains bureaux avaient été invalidés, notamment parce qu'ils avaient fermé avant l'heure fixée par la commission.
"ÉCHANGER UN RÉGIME AUTORITAIRE CONTRE UNE DICTATURE ISLAMISTE"
L'opposition laïque, de gauche et libérale dénonce de son côté un texte adopté par une commission dominée par les islamistes, qui ouvre selon elle la voie à des interprétations rigoristes de l'islam et offre peu de garanties pour certaines libertés. Dimanche, le Front du salut national (FSN), la principale coalition de l'opposition, a vivement contesté les résultats préliminaires, dus selon lui "à la fraude et aux irrégularités" et a promis de faire appel du résultat. Ce référendum "n'est pas la fin du chemin", mais "n'est qu'une bataille" dans le combat contre le pouvoir du président Morsi, affirmé le FSN dans un communiqué.
Le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, chef de file du FSN, a admis que le texte va être adopté, dans un entretien lundi avec la chaîne américaine PBS. "Le texte va passer. A mon avis, ce sera vraiment un triste jour pour l'Egypte parce que ce vote va institutionnaliser l'instabilité", a-t-il dit. La nouvelle Constitution devra être considérée comme un texte "intérimaire" jusqu'à la rédaction d'un nouveau projet sur la base d'un consensus, a-t-il ajouté.
Dimanche, la républicaine Ileana Ros-Lehtinen, présidente de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, avait qualifié le vote de"défaite pour le peuple égyptien". "Nous ne pouvons célébrer le fait d'échanger un régime autoritaire contre une dictature islamiste", avait-elle dit dans un communiqué.
Mardi soir, l'agence officielle MENA a par ailleurs annoncé la démission du ministre des communications Hany Mahmoud, qui n'a pas donné de précisions sur les raisons de sa décision prise il y a un mois. La date de cette démission semble coïncider avec l'annonce, le 22 novembre, du décret controversé par lequel le président Morsi s'était accordé des pouvoirs exceptionnels.
Selon des analystes, l'adoption de la nouvelle loi fondamentale a peu de chances de conduire à un redressement de l'économie du pays, en proie à de graves difficultés depuis la chute de Moubarak. Avec 83 millions d'habitants, l'Egypte est le plus peuplé du monde arabe, mais aussi l'un des plus pauvres, avec 40 % de sa population vivant avec 2 dollars ou moins par jour.
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