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mardi 18 décembre 2012

Malgré la réforme Sarkozy, le système des retraites sera déficitaire en 2020


Un article du Monde en date du 19/12/2012


Malgré la réforme Sarkozy, le système des retraites sera déficitaire en 2020

Pour le Conseil d’orientation des retraites, le déficit devrait dépasser 20 milliards d’euros



Le relèvement à 62 ans de l’âge  minimum légal pour partir à la retraite devait permettre d’équilibrer le système à l’horizon 2018, avait promis le précédent gouvernement.Le Conseil d’orientation des retraites (COR) est venu doucher  cet espoir, lundi 17 décembre, dans un document encore préparatoire transmis aux partenaires sociaux. Selon  l’organisme, le déficit devrait de fait s’élever à 18,8 milliards d’euros en 2017, puis au-delà des 20 milliards en 2020, bien loin de l’équilibre.
Il est vrai que la situation aurait été bien pire sans la réforme des retraites de 2010. Menée par Nicolas Sarkozy, elle avait fait descendre des centaines de milliers de salariés dans la rue. Mais, notamment en raison de la crise, force est  de constater qu’elle est déjà caduque.
A charge désormais pour François Hollande et son gouvernement de montrer comment ils comptent s’y prendre pour sauver les retraites des Français, dans un contexte budgétaire contraint. Il sera donc difficile de ne pas demander des sacrifices aux Français. Le COR donne des pistes qui permettraient un retour à l’équilibre.
Si rien n’est fait pour changer les règles, il faudrait par exemple augmenter le taux de prélèvement de 2,2 points d’ici à 2020, en plus des 0,5 point de cotisation déjà prévus pour financer le retour partiel de la retraite à 60 ans décidé cet été. Cela ferait monter le taux de prélèvement à 32%, le tout pour financer des retraites dont le poids passerait de 13,8% à 14,3% du produit intérieur brut (PIB). Une dépense qui semble considérable.
Mais les autres options ne sont pas beaucoup plus réjouissantes. Le gouvernement pourrait ainsi décider de réduire les pensions: il faudrait que le rapport de la pension moyenne sur le revenu d’activité moyen descende de 5%, avance le COR. Pour cela, il pourrait décider de bloquer la revalorisation des pensions. Un choix extrêmement
sensible étant donné le poids électoral des retraités. Le COR rappelle toute fois que le niveau de vie des retraités risque de progresser plus vite que celui des actifs dans les dix prochaines années.«Entre2011 et 2020, la progression de la pension moyenne serait de 0,8%par an, alors que celle des revenus d’activité serait ralentie du fait de la crise (+0,7% par an)»,estime ainsi le COR,et ce sans compter les revenus du patrimoine, souvent supérieurs pour les retraités.
Autre option, le gouvernement pourrait aussi décider de reculer de six mois supplémentaires l’âge effectif de départ à la retraite, tout en  sachant que celui-ci, selon le COR, devrait déjà augmenter d’un An d’ici à 2020 à législation constante. Pour les salariés du privé, l’âge de départ moyen devrait grimper à 63,5 ans en 2020, contre 62 ans en 2011, pour atteindre l’équilibre.
Pour la fonction publique d’Etat, il faudrait passer de près de 57 ans en 2010 à 59,2 ans en 2025.
Le COR se garde bien de trancher entre un relèvement de l’âge minimum légal ou de la durée de cotisation, mais la gauche a toujours exprimé sa préférence pour la seconde option. Le gouvernement pourra naturellement aussi décider de mixer les trois leviers.
La dégradation des comptes est notamment due au papy-boom,en raison des départs à la retraite des générations de l’après-guerre. Une fois le cap difficile des années 2020 assé, le COR estime que la situation financière peut ensuite s’améliorer à l’horizon 2060, mais dans
des conditions très particulières.
Le scénario le plus optimiste, qui prévoit un retour à l’équilibre dès le  début des années 2040, nécessite par exemple un taux de chômage de long terme de 4,5% associé à une croissance de la productivité du travail de 2% par an.Un scénario qui semble inatteignable dans les conditions actuelles.
Le scénario le plus sombre prévoit lui un déficit de 105 milliards en
2060. Et encore avec des conditions qui feraient rosir d’envie un
socialiste au pouvoir: le taux de chômage de long terme devrait
être contenu à 7% et la productivité moyenne augmenter de1%.
«Ces projections montrent qu’il y a un cap difficile à passer dans les dix prochaines années. Toute la question est de savoir si on peut trouver des ressources exceptionnelles pour une situation exceptionnelle », estime déjà Jean-Christophe Le Duigou, représentant de la CGT au  COR, pour parer toute décision trop sévère et durable sur les prestations. Laurence Parisot, la présidente du Medef, a ainsi demandé mardi matin «de passer au plus vite à la retraite à 63 ans avec quarante-trois années de cotisations».
Dans tous les cas, les décisions s’annoncent extrêmement difficiles à prendre pour une gauche qui a largement défilé contre la réforme de 2010 de Nicolas Sarkozy. Le gouvernement a promis d’entamer une concertation sur le sujet au printemps avec les partenaires sociaux avant de prendre une décision. Sur un sujet aussi sensible pour l’opinion publique, il lui faudra du doigté pour ne pas fâcher les syndicats.

Jean-Baptiste Chastand
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L’écart entre la fonction publique et le privé se réduit

Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), les  différences d’âge de départ entre la fonction publique et le privé vont se maintenir dans les rochaines décennies, même si les réformes de 2003 et 2010 vont largement réduire l’écart. Le COR estime que l’âge moyen de départ effectif des salariés du privé devrait
passer de 62 ans en 2011,à 63 ans en 2020, puis 64 ans après 2035.  Fait  notable, l’écart entre hommes et femmes, lesquelles partent plus tard en retraite, devrait se réduire. 

Pour la fonction publique d’Etat, l’âge moyen devrait passer de 57,1 ans en 2010 à 58,7 ans en 2025, cet âge restant plus bas en raison des départs anticipés des militaires et des catégories dites actives.

Pour la fonction publique hospitalière et territoriale, l’âge de départ passerait de 58,4 ans en 2010 à 62,4 ans en 2025.
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