Un
député quitte le parti de M.Mélenchon, qu’il
accuse de « dérive gauchisante »
Pour MarcDolez, la stratégie «Front
contre front» à Hénin-Beaumont a «cornérisé» le Front de gauche
Le député du Nord, Marc Dolez.
FRANÇOIS GUILLOT/AFP
C’ est un coup dur pour le Parti
de gauche (PG). Mercredi 19 décembre, le député du
Nord Marc Dolez a annoncé, dans Libération, qu’il rendait
sa carte du parti. Dénonçant une «dérive gauchisante», il quitte une formation qu’il a contribué à créer en novembre2008.
A la direction du PG, qui a appris la nouvelle par la presse,on dit
regretter cette défection.
«C’est triste qu’il parte comme ça, en n’ayant
même pas un geste envers les militants », juge Martine Billard. D’autant,souligne
la coprésidente du PG, que cette annonce intervient trois jours après une réunion
du conseil national du parti en vue du congrès qui doit se tenir fin mars à Bordeaux. «S’il avait voulu déposer un texte, il aurait
pu le faire, déplore-t-elle.Quand on a un désaccord, on vient l’exprimer.»
«Il n’a jamais émis de divergences, c’est ça qui
nous surprend », renchérit François
Delapierre, secrétaire national du PG.M.Dolez, qui reconnaît s’être mis en retrait des instances du parti,
affirme au contraire avoir eu l’occasion de dire à M. Mélenchon
«toute sa perplexité» sur la ligne du PG. «S’ils n’ont pas
été formellement prévenus de ma décision, il ne faut pas qu’ils jouent la
surprise non plus », glisse le député du Nord. Quant à l’idée de se battre au sein du
parti, il y a renoncé. «Chacun sait bien que le fonctionnement et
les statuts du PG font que c’est extrêmement difficile de mener un débat de ce type à l’intérieur», souligne-t-il. M. Dolez a donc choisi les médias pour dire tout le mal qu’il pense
de son ex-parti. M.Mélenchon est particulièrement visé. C’est pourtant ensemble qu’ils
ont choisi de quitter le PS pour lancer le PG en 2008. Les propos de M.Dolez sont d’autant
plus forts qu’il est rare d’entendre un membre du PG critiquer le coprésident du parti. Le
député du Nord reproche à ce dernier d’avoir «dilapidé» «l’acquis» de la
présidentielle «dès les législatives»: la stratégie «Front contre Front» face au FN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a selon lui «cornérisé»
le Front de gauche.
«Inaudible»
A l'époque ,le député n’avait pas été consulté sur ce choix qu’il avait
ensuite publiquement désapprouvé. En novembre, il avait jugé que si le Conseil
constitutionnel annulait l’élection, mieux vaudrait se ranger derrière le socialiste Philippe Kemel.
Pas vraiment la ligne de M.Mélenchon.
Depuis la victoire des socialistes à la présidentielle et aux
législatives, M.Dolez déplore
Egalement « l’expression
médiatique » du député européen qui «critique le plus souvent Le président de la République » plutôt que «de
s’attaquer à la droite».
«Nos propositions sont souvent rendues inaudibles à cause de l’outrance
du verbe », martèle-t-il. Question stratégie, il ne partage pas
«le mythe du recours» et explique ne pas croire à «la thèse des deux gauches
irréconciliables». «Ce n’est pas un problème de vocabulaire,reconnaît M.Delapierre. Mais
une appréciation, différente de la nôtre , de la politique gouvernementale». Pour ce dernier, quand M.Dolez parle de faire «réussir la gauche», «il utilise le vocabulaire duPCF d’il y a six
mois».«Ce qui est aujourd’hui la ligne du PG serait suicidaire pour le Front de gauche, répond M.Dolez. Ce dernier ne doit pas être à l’extrême
gauche mais au coeur de la gauche.»
Ce départ signe la fin de la représentation du Parti de gauche à l’Assemblée
nationale.
Très implanté dans le Nord, dont il a été premier secrétaire
fédéral quand il était au PS,
M.Dolez, député depuis
1997, est le seul à avoir réussi à se faire réélire en juin avec l’étiquette du PG, Mme Billard ayant
été battue à Paris. Il assure vouloir rester «un militant actif du Front de gauche». «Cela ne nous affaiblit pas outre
mesure, affirme Mme Billard. Les parlementaires fonctionnent comme des parlementaires du Front
de gauche.» Le rôle et l’autonomie de ces derniers sont d’ailleurs un
autre point de divergence entre M.Dolez et son ex-parti. Comme les députés communistes, l’élu avait
choisi de s’abstenir sur le projet de loi de finances pour 2013 tandis que M.Mélenchon avait répété que s’il avait été député, il
aurait voté contre. Le PG souhaiterait, lui, «plus de cohérence entre ce que défendent les élus et la force
politique qui a permis leur élection». M.Dolez n’est pas le premier à quitter le PG. «Des membres fondateurs,
il ne reste plus que les amis de Mélenchon», souligne le député du Nord. Un avis partagé par Claude Debons, également à l’origine du PG, qui est parti en 2011.
Pour celui-ci, il n’est pas certain que ce départ fasse réfléchir la direction du parti. «Je crains que le mode de fonctionnement du PG,dans lequel le débat tourne beaucoup autour
de la parole d’un seul,ne permette pas une
inflexion du parti», estime-t-il.
Au PS, si on ne se félicite
pas ouvertement de cette défection, on la note avec satisfaction. «Cela prouve l’isolement de Mélenchon à gauche»,veut croire un proche du premier secrétaire,Harlem Désir.
Raphaëlle Besse
Desmoulières
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La position d'ERIC COQUEREL : Lettre d'ERIC COQUEREL concernant MARC DOLEZ
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La position d'ERIC COQUEREL : Lettre d'ERIC COQUEREL concernant MARC DOLEZ
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