Reuters/Reuters - L'économie française stagnera au premier semestre 2013 après une légère contraction à la fin de cette année, selon les prévisions de l'Insee qui anticipent une nouvelle hausse du chômage et …
PARIS (Reuters) - L'économie française stagnera au premier semestre 2013 après une légère contraction à la fin de cette année, selon les prévisions de l'Insee qui anticipent une nouvelle hausse du chômage et fragilisent l'objectif du gouvernement d'une croissance de 0,8% l'année prochaine.
L'institut a annoncé jeudi tabler sur un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 0,1% au premier et au deuxième trimestres 2013 après une contraction de 0,2% sur les trois derniers mois de cette année, où la croissance moyenne ne serait donc que de 0,1% sur douze mois.
Dans ses précédentes perspectives, publiées début octobre, l'Insee s'attendait à une croissance nulle au troisième et au quatrième trimestres 2012 et de +0,2% sur l'ensemble de l'année.
Après une croissance de +0,2% au troisième trimestre, plus soutenue que prévu, l'Insee s'attend à un contrecoup en fin d'année qui explique la révision à la baisse de ses prévisions.
"L'économie est toujours sans élan", a constaté Cédric Audenis, le chef du département conjoncture de l'Insee, alors que l'effet des nouveaux prélèvements fiscaux prévus par la loi de finances 2013 sur les revenus des ménages ne se fera sentir qu'au second semestre de l'année prochaine.
Sur le front du chômage, l'Insee s'attend à 40.000 suppressions de postes par trimestre sur la première partie de 2013 dans les secteurs marchands non agricoles et anticipe un taux de chômage à 10,5% fin 2012 et à 10,9% mi-2013 (10,1% et 10,5% respectivement en France métropolitaine), proche des plus hauts touchés début 1997.
Alors que le gouvernement ne prévoit pas de baisse du chômage avant un an, l'Insee note que le recul de l'emploi marchand sera atténué d'ici juin 2013 par les premiers effets du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et la montée en charge des emplois aidés.
A la fin juin 2013, qui constitue l'horizon de prévision de l'Insee, l'acquis de croissance ne serait que de 0,1%.
DOUTES SUR L'OBJECTIF DE CROISSANCE
La réalisation de l'objectif de croissance gouvernemental sur l'année nécessiterait que "les aléas favorables entourant notre prévision se concrétisent dès le premier semestre", a expliqué Cédric Audenis, lors d'une conférence de presse de présentation de la dernière note de conjoncture de l'Insee de l'année.
Il a précisé qu'une croissance de 1,0% par trimestre serait nécessaire sur la deuxième partie de l'année pour réaliser une hausse de 0,8% du PIB en moyenne en 2013.
Un soutien extérieur plus important que prévu constitue le principal aléa favorable dont pourrait bénéficier l'économie française qui sera confrontée à une demande interne atone, selon l'Insee.
Cet hypothétique coup de pouce résulterait d'une accélération plus soutenue qu'attendu de l'activité dans les pays émergents ou d'un dégel rapide des comportements de dépense des consommateurs et des entreprises au sein de la zone euro grâce à l'apaisement des tensions sur les marchés financiers.
L'Insee s'attend à une croissance des économies avancées de 0,2% au premier trimestre 2013 et de 0,3% sur les trois mois suivants sous réserve d'un accord aux Etats-Unis pour éviter le "mur budgétaire".
Les économies de la zone euro sortiraient de la récession à partir de l'année prochaine avec une stagnation de l'activité au premier trimestre et une hausse de 0,1% en deuxième après trois trimestres consécutifs de contraction en 2012 dont une baisse de 0,4% sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents.
La stabilisation attendue de l'économie de la zone euro au premier semestre 2013 s'explique selon l'Insee par l'apaisement des tensions financières et l'orientation un peu moins restrictive des politiques budgétaires, ce dernier effet ne jouant toutefois pas en France.
Après avoir fortement progressé fin 2012, les prélèvements sur les ménages feraient pourtant une pause au premier semestre 2013 en France, note l'Insee.
Les mesures prévues par le projet de loi de finances pour 2013 auront un impact semblable à celles votées en 2012, soit l'équivalent de 1% du revenu des ménages, prévient l'Insee, en soulignant qu'elles interviendront essentiellement dans la deuxième partie de l'année.
TAUX D'EPARGNE EN HAUSSE
Le calendrier de perception des impôts est la principale explication du profil particulièrement heurté du pouvoir d'achat des ménages qui se redresserait de 0,3% au premier semestre 2013 après une baisse équivalente sur la deuxième partie de 2012.
Le pouvoir d'achat bénéficiera par ailleurs d'une inflation faible et stable que l'Insee anticipe à 1,4% en rythme annuel en juin 2013 comme en novembre 2012 en raison de la modération des prix de l'énergie qui compensera la hausse des prix alimentaires liée à celle des matières premières agricoles.
Il subira en revanche les conséquences de la poursuite de la dégradation du marché du travail qui pèsera sur les négociations salariales.
Le rebond du pouvoir d'achat début 2013 permettra à la consommation de résister, l'Insee anticipant une stagnation au premier semestre après une contraction de 0,1% sur les trois derniers mois de 2012.
Parallèlement, le taux d'épargne remontera pour s'établir à 16,1% mi-2013, restant toutefois inférieur de 0,4 point par rapport à son niveau un an auparavant, les ménages lissant dans un sens comme dans l'autre les à-coups du pouvoir d'achat sur leurs dépenses de consommation.
Autre moteur de la croissance, les investissements des entreprises se stabiliseraient progressivement au premier semestre 2013 après un recul de 0,3% au quatrième trimestre 2012 dans un contexte de perspectives d'activité toujours dégradées et de faiblesse persistante du taux d'utilisation des capacités de production.
Le CICE pourrait aussi contribuer à soutenir l'investissement des entreprises, estime l'Insee. Le taux d'investissement des entreprises, au même niveau qu'en 2007, est aujourd'hui relativement élevé, souligne toutefois l'institut.
Au regard de la dégradation de leur situation financière, un ajustement à la baisse de l'investissement n'est pas exclu, prévient l'Insee qui fait de ce risque l'un des aléas négatifs de sa prévision.
L'autre serait un accord budgétaire moins favorable qu'espéré aux Etats-Unis. "Dans cette hypothèse, l'économie américaine serait nettement freinée en début d'année 2013, ce qui (...) pèserait sur l'activité en France", prévient l'Insee.
Marc Joanny, édité par Yves Clarisse
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