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lundi 17 décembre 2012

Florange: la non-rentabilité Des hauts-fourneaux contestée

  Un article lu dans le MONDE du 18/12/2012



    Florange: la non-rentabilité
Des hauts-fourneaux contestée

Des documents internes à Arcelor Mittal montrent que les installations
tiennent la comparaison par rapport à celles d’autres sites européens

Les hauts-fourneaux de Florange, pas rentables? C’est ce qu’a toujours affirmé Lakshmi Mittal pour justifier la fermeture de ces deux installations du site mosellan d’Arcelor Mittal, qui devraient être éteints fin mars2013. «Laisser penser qu’Arcelor Mittal voudrait fermer une phase liquide profitable n’a pas de sens», rappelait encore le groupe sidérurgique, dans un communiqué publié le 13décembre.
Cette version martelée depuis des mois par Arcelor Mittal et reprise à son compte par le gouvernement pour justifier l’accord signé avec M.Mittal le 30novembre, qui exclut un plan social mais entérine la «mise sous cocon» des hauts-fourneaux, laisse sceptiques un certain nombre de professionnels.
Déjà, Olivier Faure, l’expert nommé avant l’été par le gouvernement
pour étudier l’avenir de Florange, n’y croyait pas. «Si le site d’Arcelor Mittal Florange souffre d’un handicap logistique pour la réception des matières premières lié à son éloignement de la mer,il compense ce désavantage par
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 L’éloignement de la Lorraine de la mer serait compensé par la performance industrielle du site
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 une logistique interne performante qui lui permet une haute performance industrielle à pleine charge», pouvait-on lire dans son rapport, sur lequel Arnaud Montebourg s’est appuyé pour demander une nationalisation du site.
Des documents récemment mis au jour semblent confirmer l’avis de M.Faure.
Mercredi12décembre, Le Républicain lorrain a révélé une note interne montrant que Florange était l’un des sites européens les plus rentables du groupe, devant Liège (Belgique) et Brême (Allemagne), au coude-à-coude avec Dunkerque (Nord), pourtant considéré comme la «Rolls» de l’entreprise.
Certes, l’éloignement de la mer de la Lorraine a un coût logistique
important (24 euros par tonne d’acier produit), mais ce défaut est
«plus que compensé par la performance industrielle» du site, peut on
ainsi y lire.
Ce document «ne contredit en rien le constat de non-rentabilité de
la phase liquide de Florange et ne prouve en rien la profitabilité de cette
partie du site, car il ne prend pas en compte les coûts complets »,avait aussitôt réagi Arcelor Mittal, assurant qu’ils’agissait d’un «document d’ étude (…) tout à fait partiel».
D’autres documents internes, dont Le Monde s’est procuré une copie, semblent néanmoins aller dans le même sens. Un graphique comparant l’ensemble des coûts d’exploitation de la phase liquide («HRC Ebitda cost », pour les initiés) des sites de Florange et de Brême, sur la période allant de janvier 2010 à mai 2011, montre ainsi que le site lorrain tient facilement la comparaison pour la production de bobines d’acier, appelées «coils à chaud». Mieux,une deuxième note énumérant l’ensemble des coûts de fabrication, variables et fixes, des sites de Florange et de Dunkerque pour le mois de mai 2011, montre que fabriquer de l’acier en Lorraine revient à peine plus cher que dans le Nord: la différence ne serait que de 4,2 euros par tonne d’acier, alors que le groupe a toujours avancé le chiffre de 40euros!
Les coûts de main-d’oeuvre et de maintenance sont plus élevés à
Florange qu’à Dunkerque, respectivement de 2,9 euros et de 5,3
euros par tonne. De même, les hauts-fourneaux lorrains, qui n’ont pas été rénovés depuis 1996 pour l’un et 1998 pour l’autre,
alors que ceux de Dunkerque l’ont tous été depuis moins de dix ans  côutent plus cher à faire fonctionner : ils consomment en gaz l’équivalent
de 1,7euro de plus par tonne d’acier produit et il faut 58 mégawatt heures pour fabriquer une tonne d’acier à Florange contre seulement 18 à Dunkerque, ce qui implique une différence de 2,4euros par tonne.
Mais les hauts-fourneaux lorrains sont plus performants que les nordistes : ils consomment moins de matière première et génèrent moins de rebuts. Performance que M.Faure expliquait par «une accumulation exceptionnelle de compétences et de savoir-faire [à Florange], touchant à l’ensemble des métiers de la sidérurgie».
«Tout ceci est la preuve que la fermeture de Florange est une décision politique et non économique », s’est indigné Edouard Martin,délégué
CFDT du site, à l’évocation de ces  documents . Interrogée ,la direction d’Arcelor Mittal n’a pas souhaité commenter dans l’immédiat.

Cédric Pietralunga

      

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