Des hauts-fourneaux contestée
Des documents internes à Arcelor Mittal montrent que les
installations
tiennent la comparaison par
rapport à celles d’autres sites européens
Les hauts-fourneaux de Florange, pas
rentables? C’est ce qu’a toujours affirmé Lakshmi Mittal pour justifier la
fermeture de ces deux installations du site mosellan d’Arcelor Mittal, qui devraient
être éteints fin mars2013. «Laisser
penser qu’Arcelor Mittal voudrait fermer une phase liquide profitable n’a pas
de sens», rappelait encore le groupe sidérurgique,
dans un communiqué publié le 13décembre.
Cette version martelée depuis des mois par Arcelor Mittal et reprise
à son compte par le gouvernement pour justifier l’accord signé avec M.Mittal le
30novembre, qui exclut un plan social mais entérine la «mise sous cocon» des hauts-fourneaux, laisse sceptiques un certain nombre de professionnels.
Déjà, Olivier Faure, l’expert nommé avant l’été par le
gouvernement
pour étudier l’avenir de Florange, n’y croyait pas. «Si le site d’Arcelor Mittal Florange souffre
d’un handicap logistique pour la réception des matières premières lié à son éloignement
de la mer,il compense ce désavantage par
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L’éloignement
de la Lorraine de la mer serait compensé par la performance industrielle du site
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une
logistique interne performante qui lui permet une haute performance industrielle
à pleine charge», pouvait-on lire dans son rapport, sur
lequel Arnaud Montebourg s’est appuyé pour demander une nationalisation du
site.
Des
documents récemment mis au jour semblent confirmer l’avis de M.Faure.
Mercredi12décembre,
Le Républicain lorrain a
révélé une note interne montrant que Florange était l’un des sites européens les
plus rentables du groupe, devant Liège (Belgique) et Brême (Allemagne), au
coude-à-coude avec Dunkerque (Nord), pourtant considéré comme la «Rolls» de l’entreprise.
Certes,
l’éloignement de la mer de la Lorraine a un coût logistique
important
(24 euros par tonne d’acier produit), mais ce défaut est
«plus que compensé par la performance industrielle» du
site, peut on
ainsi
y lire.
Ce
document «ne contredit en rien le constat de
non-rentabilité de
la phase liquide de Florange et ne prouve en rien la profitabilité
de cette
partie du site, car il ne prend pas en compte les coûts
complets »,avait aussitôt réagi Arcelor Mittal, assurant
qu’ils’agissait d’un «document d’ étude (…)
tout à fait partiel».
D’autres
documents internes, dont Le Monde s’est
procuré une copie, semblent néanmoins aller dans le même sens. Un graphique comparant
l’ensemble des coûts d’exploitation de la phase liquide («HRC Ebitda cost », pour les
initiés) des sites de Florange et de Brême, sur la période allant de janvier 2010
à mai 2011, montre ainsi que le site lorrain tient facilement la comparaison
pour la production de bobines d’acier, appelées «coils à chaud». Mieux,une deuxième
note énumérant l’ensemble des coûts de fabrication, variables et fixes, des sites
de Florange et de Dunkerque pour le mois de mai 2011, montre que fabriquer de l’acier
en Lorraine revient à peine plus cher que dans le Nord: la différence ne serait
que de 4,2 euros par tonne d’acier, alors que le groupe a toujours avancé le chiffre
de 40euros!
Les
coûts de main-d’oeuvre et de maintenance sont plus élevés à
Florange
qu’à Dunkerque, respectivement de 2,9 euros et de 5,3
euros
par tonne. De même, les hauts-fourneaux lorrains, qui n’ont pas été rénovés
depuis 1996 pour l’un et 1998 pour l’autre,
alors
que ceux de Dunkerque l’ont tous été depuis moins de dix ans côutent plus cher à faire fonctionner : ils
consomment en gaz l’équivalent
de
1,7euro de plus par tonne d’acier produit et il faut 58 mégawatt heures pour
fabriquer une tonne d’acier à Florange contre seulement 18 à Dunkerque, ce qui
implique une différence de 2,4euros par tonne.
Mais
les hauts-fourneaux lorrains sont plus performants que les nordistes : ils
consomment moins de matière première et génèrent moins de rebuts. Performance que
M.Faure expliquait par «une
accumulation exceptionnelle de compétences et de savoir-faire [à
Florange], touchant à l’ensemble des métiers
de la sidérurgie».
«Tout ceci est la preuve que la fermeture de Florange est
une décision politique et non économique », s’est indigné
Edouard Martin,délégué
CFDT
du site, à l’évocation de ces documents .
Interrogée ,la direction d’Arcelor Mittal n’a pas souhaité commenter dans l’immédiat.
Cédric Pietralunga
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