Madrid-Paris : non aux pactes !
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Baissant la note de la France, ce 19 novembre, l’agence Moody’s dit ses raisons : pour le capital financier américain, le « marché du travail » en France est trop rigide, la classe ouvrière trop protégée contre les licenciements, et le gouvernement Hollande-Ayrault trop timide dans les réformes !
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Baissant la note de la France, ce 19 novembre, l’agence Moody’s dit ses raisons : pour le capital financier américain, le « marché du travail » en France est trop rigide, la classe ouvrière trop protégée contre les licenciements, et le gouvernement Hollande-Ayrault trop timide dans les réformes !
Faites-nous confiance, plaide aussitôt le ministre « socialiste » Moscovici, qui cite « les réformes que nous avons engagées : le pacte de compétitivité, notre agenda de réforme, le redressement des comptes publics ». Quant à Laurence Parisot (Medef), elle saisit l’occasion pour exiger « des réformes structurelles très rapidement sur l’assurance maladie, sur les retraites », et en appeler au « consensus (…) d’une manière unie entre syndicats et patronat (…) et entre la droite et la gauche».
Les uns et les autres, sans doute, regardent avec envie le « pacte » signé par les organisations syndicales (UGT et Commissions ouvrières) avec les patrons de Renault en Espagne. Un pacte par lequel les syndicats organisent eux-mêmes flexibilité, allongement du temps de travail, baisse du pouvoir d’achat des salaires et introduction d’un nouveau « contrat de travail » payé moins des trois quarts de celui d’un ouvrier qualifié !
On reconnaît là le pacte de compétitivité auquel le gouvernement Ayrault prétend, en France, à une autre échelle, lier les organisations syndicales.
Mais ce n’est pas si simple… Car le 14 novembre, vingt-quatre heures après la signature de ce pacte, plus de quatre millions de travailleurs en grève déferlaient dans les rues de toutes les localités d’Espagne, à l’appel de leurs centrales syndicales. Au-delà des slogans officiels, les deux mots d’ordre qui ont dominé ces manifestations furent : « Retrait du plan Rajoy ! » et « Dehors le gouvernement Rajoy, démission ! » (1).
En Espagne, deux voies s’offrent au mouvement ouvrier : ou bien le pacte social qui fait des organisations les supplétifs de la troïka Union européenne-FMI-BCE (et donc du capital financier nord-américain) ; ou l’indépendance des organisations ouvrant la voie à la mobilisation de masse, la grève générale, travailleurs et organisations unis, qui bloque le pays pour bloquer les plans.
En France, cette alternative se profile : tandis que gouvernement et patronat exigent des organisations syndicales qu’elles participent au consensus pour démanteler le Code du travail et la Sécurité sociale, se multiplient, dans de nombreux secteurs, les manifestations d’un mouvement de résistance qui se cherche. Cette question sera, sans doute, au cœur des débats de la conférence nationale pour l’unité et la résistance du 1er décembre, à laquelle le Parti ouvrier indépendant apporte son soutien.
_____
(1) Quatre jours plus tôt, 125 militants de toutes origines du mouvement ouvrier de l’Etat espagnol se réunissaient à Madrid pour constituer un « comité pour l’alliance des travailleurs et des peuples ». Ce comité se fixe notamment de lutter « pour que se réalise la plus large unité autour des revendications des travailleurs et de la majorité de la population », à commencer par le « retrait des plans d’ajustement » ; d’agir pour « l’abrogation de la Constitution monarchique de 1978, pour des Cortes constituantes basées sur le droit à l’autodétermination permettant de nommer un gouvernement libre et souverain » ; et « pour l’union libre des peuples et des nations d’Europe, pour la rupture avec l’Union européenne, ses traités et ses directives qui sèment le chaos et la destruction ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire