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Conseil national du PS le 17 nov : la motion 6 (le rapport Gallois) fort contestée
18 NOVEMBRE 2012 – 18:49
Le Conseil national du PS s’est réuni, très fortement renouvelé. Plus de 30 % de ses membres ont été élus sur des motions opposées à celles de la direction majoritaire. Et même au sein de la motion 1 il y a eu un fort renouvellement. Le BN lui-même est renouvelé à au moins 80 % ! Une vraie secousse. Il faudra du temps pour mesurer tous les effets de ce mouvement interne.
Avec 13,67 %, forte de 11 800 voix, la motion 3 dispose de 65 membres élus au CN, titulaires, suppléants et membres de diverses commissions et elle a 7 membres au BN. Mais la motion 4 (Hessel : 11,99 % des voix) dispose aussi de 45 membres et il est possible de la compter à gauche du parti et de travailler avec elle. Même la motion 2 est représentée à la proportionnelle (5 %) et pas mal de questions sont posées en son sein. Au sein de la motion 1, les ex-UMA ( ex- « Un Monde d’avance » ) ont conservé une trentaine de postes mais peu au BN. Dans les fédérations, la grogne de la base du parti s’est manifestée par ces 32 % de voix qui ont refusé la motion 1 le 11 octobre, par 28 % de voix sur le candidat Emmanuel Maurel qui a été nationalement opposé à Harlem Désir le 18 octobre, et le jeudi 15 novembre par des scores encore plus importants aux élections des comités, bureaux et secrétariats fédéraux (souvent plus de 30 %, 40 %). Jamais la gauche du parti n’a été aussi forte à la base du parti.
L’ampleur croissante et la répétition de tous ces votes non suivistes par rapport à la majorité du PS exprime le malaise profond qui traverse le parti et la gauche dans le pays, vis à vis des attentes sociales insatisfaites. Le parti affichait 250 000 membres pour le congrès de Reims, 170 000 pour le congrès de Toulouse, et 80 000 environ ont voté. Le congrès des 27 et 28 octobre a ouvert le débat plus qu’il ne l’a clos.
En effet l’eau passe vite sous les ponts de la nouvelle direction du parti et le courant ne s’est décidément pas inverse dans le bon sens. La tonalité de ce premier conseil national après le vote des militants a été éloignée des discours parfois combatifs qui ont été entendus à Toulouse.
Certes Harlem Désir, dans un discours construit et percutant, a su trouver les mots justes pour brocarder l’esprit de « résistance » de l’UMP, qui est surtout une résistance à la justice sociale, ou pour décrire la dérive droitière de ses chefs, qui tous, désormais, empruntent à la rhétorique du Front National, mais, en positif, des grands engagements du congrès, il ne reste pas grand chose tellement le « pacte de compétitivité » est passé par là.
Des conventions thématiques, ont été annoncées, tout d’abord.
Ainsi, celle sur la réorientation européenne se tiendra après la rédaction d’un « manifeste » élaboré dans le cadre du Parti des Socialistes Européens, et qui devra donc avoir l’approbation du SPD allemand, qui trouve le gouvernement français trop « austère » ou du Labour britannique pas encore relevé des séquelles du blairisme. Est-ce le mieux pour préparer les européennes de 2014 ?
Et encore, la méthode avancée, un « grand forum où chacun pourra s’exprimer » n’a pas grand chose à voir avec ce que doit être une convention du parti : un débat de fond des militants, dans toutes les sections, dont les questions essentielles sont tranchées par un vote.
Lointaine aussi parait l’idée de rassembler la gauche.
Le premier secrétaire a eu des mots plus que durs vis-à-vis de nos partenaires qu’ils soient actuellement au gouvernement, comme EELV, ou qu’ils soient hélas, en-dehors, comme le Front de gauche. Ce n’est pas avec un discours de ce type qu’on réduira les divergences qui se cristallisent entre forces de gauche ! L’unité est pourtant plus que jamais nécessaire contre la finance, contre les « trois M » (Merkel, Medef et Marchés) et pour la faire avancer, il ne faut pas cultiver les critiques mais rechercher de façon volontariste les points d’accord possibles, sur les salaires, le droit du travail et l’emploi. Il est plus que nécessaire, dans les futures listes municipales de 2014, pour battre la droite, d’avoir des listes unitaires dés le 1er tour, c’est le cas emblématique notamment à Paris.
Malheureusement, depuis Toulouse une sorte de « 6ème motion » est apparue, « la motion Gallois », qui est apparemment devenue majoritaire, puisque deux de ses propositions essentielles, la hausse de la TVA et 20 milliards de cadeaux fiscaux au patronat sans aucune nuance ni contrepartie (même pas en termes de sauvegarde de l’emploi), ont été proposées plus vite que le contrôle des licenciements, le droit de vote des étrangers, le non-cumul des mandats. Pourtant si on écoute la base du parti, inclus de larges secteurs de la motion 1 ce n’est pas populaire, voire pas majoritaire du tout. Beaucoup, au CN, se sont interrogés sur la nécessité d’introduire à l’Assemblée des contreparties exigeantes manquantes en matière d’emploi, et lorsque que cela a été proposé par différents orateurs ce fut fort applaudi. Signe du temps.
Les instances BN et SN ont été élues ce 17 novembre. Et la motion 3 n’a pu accepter la participation minorée et conditionnée qui lui était proposée au secrétariat national, d’autant qu’elle était assortie de la part de la motion 1, de contraintes inacceptables : interdiction de choisir ceux de la motion 3 qui y figureraient et de s’exprimer ensuite autrement que pour défendre la nouvelle orientation du parti.
Dans ce CN renouvelé, apparemment, ceux qui, avec Benoit Hamon, prétendaient défendre dans la motion 1 la ligne politique qui avait été celle d’ex-UMA ont perdu leur voix, même pour dénoncer l’intrusion dans le langage de la direction socialiste du concept de « réduction du coût du travail ».La gauche de ce parti c’est celle qui « met le social au coeur », la hausse des salaires, la relance, combat l’austérité, demande la redistribution des richesses, pas celle qui se tait.
Cela ne peut que conforter notre volonté de poursuivre l’action de la motion 3 dans la durée et nous nous sommes fixés des objectifs dans ce sens. D&S, pour sa part, et pour y contribuer, appelle à une rencontre le samedi 15 décembre à Paris. Ce sera à l’occasion des 20 ans de la revue, du n° 200, colloque, débats, spectacle militant, fête, repas collectif et festif et musique, permettront de conclure la séquence du congrès de Toulouse et d’ouvrir la suivante : celle du mouvement social.
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