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samedi 25 mai 2013

Manif pour tous : Valls "déconseille" aux familles avec enfants de manifester

                                              Le Nouvel Observateur

Manif pour tous : Valls "déconseille" aux familles avec enfants de manifester

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Politiques et policiers redoutent des débordements lors de la manifestation contre le mariage homo prévue dimanche.

Affrontements entre policiers et manifestants lors de la "Manif pour tous" du 24 mars dernier à Paris (PIERRE ANDRIEU / AFP)
Affrontements entre policiers et manifestants lors de la "Manif pour tous" du 24 mars dernier à Paris (PIERRE ANDRIEU / AFP)
La tension monte à l'approche de la manifestation contre le mariage homosexuel prévue dimanche à Paris, politiques et forces de l'ordre craignant des débordements.

La vérité m'oblige à dire mon inquiétude face à ces menaces physiques, verbales, des menaces de mort qui ont concerné plusieurs personnalités, et je déconseille effectivement aux familles avec des enfants de se rendre à cette manifestation", a poursuivi Manuel Valls.
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a "déconseillé" samedi 25 mai aux familles avec enfants de participer dimanche à la manifestation nationale organisée à Paris contre le mariage homosexuel, en raison des risques de débordements. "Nous craignons pour aujourd'hui même des actions, des initiatives, de groupes d'extrême droite", a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, en marge de la fête du bouddhisme au bois de Vincennes. "Selon les informations que nous avons c'est vrai aussi pour demain", a-t-il ajouté. 
Cette manifestation, a-t-il relevé, est organisée alors que la loi sur le mariage homosexuel a été adoptée par le Parlement, ratifiée par le Conseil constitutionnel" et que "tout le monde sait que l'opposition d'aujourd'hui ne reviendra pas sur ce texte". Par conséquent, "le sens" de cette manifestation "n'est pas clair", selon lui.

"Jouer la radicalisation"

Le ministre de l'Intérieur avait déjà fait part ces derniers jours de son inquiétude face "aux menaces" que font peser sur la manifestation des "groupes radicaux d'extrême droite", soupçonnés de vouloir "créer l'affrontement et le désordre". Il a réitéré samedi ses craintes et conseillé "à tous ceux qui voulaient se rendre à cette manifestation de réfléchir, d'être prudents".
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a de son côté mis en garde l'UMP et appelé à la vigilance, suivi par le Parti socialiste (PS).
Visant clairement Jean-François Copé, le Premier ministre a reproché aux responsables UMP qui appellent à manifester de prendre "une lourde responsabilité en provoquant la crispation et la radicalisation". Appelant les organisateurs à "une très grande vigilance", il leur a demandé de ne prendre "aucun risque". Lui emboîtant le pas, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS) a appelé "tous les Républicains, de droite comme de gauche, à ne pas mêler leurs voix à celles des extrémistes". La loi sur le mariage pour tous "a été votée", elle "doit être appliquée". 
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a lui appelé "solennellement" le président de l'UMP à renoncer à manifester avec "La Manif pour tous", l'accusant de "jouer la radicalisation". Le député écologiste Noël Mamère a estimé quant à lui que Jean-François Copé "instrumentalise une situation qui lui échappe" : "Monsieur Copé, c'est un coucou qui essaie de s'introduire dans le nid des autres."

La préfecture de police, très critiquée après les violences qui ont gâché le 13 mai la fête du PSG, va mobiliser 4.500 policiers et gendarmes pour encadrer les quatre cortèges prévus dans la capitale. Les organisateurs annoncent une mobilisation "massive", avec trains et cars venus de province, et partent sur une participation semblable à celle de leur manifestation du 24 mars, lorsqu'ils avaient mis "plus d'un million de personnes dans la rue". La police s'attend elle à environ 200.000 manifestants et chiffre à quelques centaines les "ultras" qui pourraient vouloir en découdre pour ce "baroud d'honneur".

"La responsabilité en incombe au ministre de l'Intérieur"

Critiqué, Jean-François Copé a dénoncé samedi ce qu'il appelle "les tentatives inacceptables de pression et d'intimidation" du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur "pour tenter de décourager" les opposants au mariage homosexuel à venir manifester dimanche à Paris avec "La Manif pour tous".
"Cette façon de jouer sur les peurs n'est pas admissible. Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls ont-ils oublié que le droit de manifester est une liberté fondamentale ? Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls ont-ils peur du peuple de France ?", a interrogé le président de l'UMP, qui appelle le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur "à reprendre leurs esprits".
Jean-François Copé ne recule pas et continue d'appeler à manifester pour, dit-il, marquer son "opposition à la loi" sur le mariage homosexuel et "plus globalement à la politique familiale du gouvernement". Eviter les débordements, "la responsabilité en incombe au ministre de l'Intérieur", a-t-il déclaré samedi, tout en "condamnant par avance toutes les formes de provocations, tensions et violences".
Le Front national n'a donné aucune consigne mais aura aussi une délégation dans la manifestation, en présence notamment de la députée Marion Maréchal-Le Pen.
Le collectif "la Manif pour tous", fer de lance depuis l'automne de la contestation, a prévu trois cortèges, qui vont traverser Paris à partir de 14 heures, avec les Invalides comme point de ralliement. Deux défilés partiront de l'ouest (Porte Dauphine et Porte de Saint-Cloud), un de l'est, près de la gare d'Austerlitz. A l'issue de la manifestation, les "Veilleurs", qui prônent une "résistance pacifique", ont d'ores et déjà appelé à une veillée sur l'esplanade des Invalides, tandis que d'autres militants actifs sur les réseaux sociaux appellent à des actions ponctuelles.

"La manif de la colère"

Dans le même temps, l'institut Civitas, proche des catholiques intégristes, organise lui aussi une manifestation, à partir de 14h30, de la place du général Catroux, dans le nord-ouest de la capitale, jusqu'à l'Opéra. Le président de Civitas, Alain Escada, qui veut aussi mobiliser l'extrême droite nationaliste, a donné le ton : ce sera "la manif de la colère", pas "la manif en chantant ou en dansant", allusion au style de "La manif pour tous" dont l'égérie, Frigide Barjot, est désormais débordée par sa droite.
Cette dernière a d'ailleurs fait état de menaces, de craintes qui l'ont amenée à envisager d'être absente de la manifestation de dimanche. Elle-même redoute que "certains veuillent profiter de l'ambiance de contestation sociale pour faire déraper le mouvement". Parmi les anti-mariage homo, une tendance plus radicale est portée par le "Printemps français", nébuleuse que Manuel Valls amenacé de dissoudre en raison de ses excès et de sa "phraséologie factieuse".
La manifestation de dimanche devrait être le dernier rassemblement de grande ampleur contre le mariage homosexuel, la loi étant promulguée depuis une semaine et la première union gay prévuemercredi prochain à Montpellier. "Cette manifestation vise à contester une loi votée par le Parlement et ratifiée par le Conseil constitutionnel, donc [...] on n'en voit pas bien ni le sens, ni le but", a commenté Manuel Valls.

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