Les sénateurs du groupe CRC ont élaboré un texte relatif
à leur proposition de loi sur l'amnistie sociale,
article qui paraîtra sur le journal l’Humanité.
Les
salari-é-s, les syndicalistes, les femmes et les hommes en lutte,
engagé-e-s
dans le mouvement associatif
ne sont ni
des délinquant-e-s, ni des criminel-le-s !
Depuis des temps très
anciens mais surtout depuis la constitution de 1875 l'amnistie est
dans notre droit. Jusqu'en 2002, à chaque élection présidentielle,
une loi d'amnistie était présentée au parlement. Sans aucun débat,
Nicolas Sarkozy a mis fin à cette tradition républicaine.
Avec notre proposition de
loi qui sera débattue au Sénat le 27 février prochain .nous
avons voulu amnistier les infractions commises lors de conflits du
travail, à l'occasion d'activités syndicales ou revendicatives dans
l’entreprise et/ou au cours de manifestations sur la voie publique
ou dans des lieux publics.
Oui nous pensons qu'après
les dix années de gouvernement de droite et particulièrement les
cinq années de présidence Sarkozy nous avons l'obligation de
réparer ce qui est réparable.
Oui nous voulons que les
femmes et les hommes qui ont dit non, à leur manière, à la casse
de leur outil de travail, à la ruine de leur vie professionnelle et
familiale, au délit de solidarité ne soient plus poursuivis.
Durant une décennie nous
avons assisté à un déferlement de violence patronale. Plans de
licenciements après plans de licenciements des sociétés ivres de
profits ont sacrifié leurs salariés sur l'autel de la rente des
actionnaires.
Oui nous avons pendant
dix ans vu, entendu la morgue des hiérarques du Medef qui
considèrent encore et toujours que les salarié-e-s sont là pour
travailler et se taire.
Oui nous avons vu des
salarié-e-s poussé-e-s aux dernières extrémités et réagir
parfois fortement aux décisions brutales du patronat.
Oui, c’est bien le
patronat qui trouble l’ordre public par ses annonces et des actes
indécents !
Que peut-on que doit-on
faire quand son entreprise ferme et que le chômage est la seule
issue ? Que peut-on que doit-on faire quand les dettes s’accumulent
et que les indemnités chômage puis l'allocation de solidarité et
enfin le RSA sont le seul avenir qui se dessine? Que peut-on ou que
doit-on faire face à un gouvernement qui non seulement reste sourd
aux revendications mais au contraire se sent investi d'une mission:
être garant de l'ordre social? Tous fainéants, tous trop chers,
tous trop revendicatifs ? Mais enfin, les salarié-e-s de ce
pays ne devraient qu'obéir et attendre qu'on leur annonce la énième
restructuration de leur entreprise sans se plaindre, sans exiger
d'être au moins entendus !
Des textes de plus en
plus répressifs ont été votés. Les tribunaux se sont faits de
plus en plus sévères. L'ex-président n'hésitant pas à descendre
lui-même dans l'arène lorsqu'il était confronté à des
manifestants ou à des remarques peu amènes à son égard. Combien
de personnes au cours de manifestations ont été interpellées pour
propos déplacés à l'égard du Président de la République alors
que lui-même n'avait pas la décence et la retenue qui siéent à sa
fonction. Combien de personnes ont été poursuivies pour refus de
prélèvement d'ADN ? Combien de personnes ont été condamnées à
des amendes disproportionnées pour les asphyxier eux et leur
organisation? Alors oui il y a des différences entre la droite et la
gauche. La droite a toujours voulu criminaliser les conflits
collectifs, la droite ne supporte pas la contestation, la
désobéissance. Pour la droite « les classes laborieuses sont
toujours dangereuses ».
Que doit faire la gauche?
La gauche doit réparer ces injustes traitements. La gauche doit
s'enorgueillir d'être aux côtés de ceux qui luttent. Les récentes
déclarations du Ministre de l'intérieur nous inquiètent car elles
semblent mettre un signe d'égalité entre le patronat et les
salarié-e-s. Qu'attend-on : assister au triste spectacle d’une
droite, UMP en tête, utilisant toutes les procédures parlementaires
pour s’opposer à notre proposition de loi? Nous comprenons que
notre texte leur fasse mal. Il est pour eux comme une revanche alors
que pour nous ce n'est que justice.
Mais, il serait
incompréhensible que le 27 février une seule voix de gauche manque
pour que cette loi soit votée au Sénat puis à l’Assemblée
Nationale. Ainsi, des milliers de salarié-e-s et de citoyen-e-s
pourront se dire qu’enfin il est possible de se faire entendre par
ce gouvernement.
Les sénatrices et
sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen du Sénat :
Eliane
ASSASSI, Marie-France BEAUFILS, Michel BILLOUT, Eric BOCQUET,
Laurence COHEN, Cécile CUKIERMAN, Annie DAVID, Michelle DEMESSINE,
Evelyne DIDIER, Christian FAVIER, Guy FISCHER, Thierry FOUCAUD,
Brigitte GONTHIER-MAURIN, Pierre LAURENT, Gérard LE CAM, Michel LE
SCOUARNEC, Isabelle PASQUET, Mireille SCHURCH, Paul VERGES, Dominique
WATRIN.
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