Sous la gauche, un premier 1er Mai divisé
(Mis à jour: 30 avril 2013 à 11:41)
Le défilé
traditionnel des syndicats lors de la Fête du travail. Paris, le 1er mai 2012.
(Photo Charles Platiau. Reuters)
RÉCIT Les nouveaux dirigeants de la CGT et de la CFDT
s’écharpent au sujet de l’accord sur l’emploi.
Par FRÉDÉRIQUE ROUSSEL
Ce 1er Mai
n’aura pas l’air de fête de l’année dernière, organisé dans l’espoir, cinq
jours plus tard, de la victoire de François Hollande à la présidentielle. Cette
année, les syndicats défileront en ordre dispersé, façon puzzle.
Il y a un an, le
carré de tête voyait les leaders de cinq organisations (CFDT, CGT, Unsa, FSU et
Solidaires) défiler unis de Denfert-Rochereau à la Bastille, la mine réjouie.
On était sous Sarkozy, qui tenait le même jour un meeting au Trocadéro. Ses
déclarations sur «le vrai travail» avaient rameuté plus de manifestants
que de coutume. Le seul couac entre CGT et CFDT tenait à une consigne de vote.
Thibault avait appelé à se rendre aux urnes contre Sarkozy, Chérèque n’y avait
pas sacrifié.
Reims. Un an plus tard, on est sous Hollande. La photo de
groupe aurait pu changer, avec l’avènement de deux ténors syndicaux à la CGT et
à la CFDT. Thibault a passé la main à Thierry Lepaon en mars ; François
Chérèque a laissé la place en novembre à Laurent Berger. La gauche est au
pouvoir et les deux hommes s’évitent. Le premier défilera avec la FSU et
Solidaires à Paris, de Bastille à Nation (à 15 heures) et annonce
279 manifestations en France. Bien loin de la capitale, le deuxième
participe à un rassemblement à 10 heures au stade de Cormontreuil,
près de Reims (Marne) avec Luc Bérille, de l’Unsa et Philippe Louis de la
CFTC.
Une division entre
les deux grandes confédérations qu’on avait pas vue depuis la campagne
pour le référendum européen en 2005. Encore en 2006, alors que la
CGT, l’Unsa, Solidaires et la FSU battent le pavé contre le CPE avec les
étudiants et les lycéens à Paris, François Chérèque est en Franche-Comté,
affirmant «ne pas vouloir rentrer dans une béatitude de
l’unité syndicale». Auront finalement suivi cinq années de
béatitude, avec cortèges unitaires, avant ce nouveau schisme.
Principale pomme de
discorde cette année : l’ANI, l’accord national interprofessionnel sur la
sécurisation de l’emploi, signé le 11 janvier entre le patronat
(Medef, CGPME, UPA) et trois syndicats (CFDT, CGC et CFTC). CGT et FO ont
dénoncé ce texte «scélérat» et organisé plusieurs manifestations.
Drapeau. CGT et CFDT sont depuis à couteaux tirés. Des noms
d’oiseaux ont volé, et un drapeau CFDT a même été brûlé par un militant CGT à
Lille, lors de la manif du 5 mars organisée par FO et la CGT contre
l’accord. «On ne va pas défiler avec un syndicat qui brûle
nos drapeaux», résume un proche de Laurent Berger. Côté CGT, on
aurait été moins intransigeant si une partie de la base ne tirait pas vers une
tendance plus contestataire. Quant à FO, elle fait bande à part, comme de
tradition, au Père-Lachaise. Mauvaise ambiance, qui augure d’une piètre participation.
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