1er-Mai : un front syndical désuni sur le terrain de l'emploi
Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour leDans un climat social lourd où l'impatience grandit face à l'explosion du chômage, les syndicats, partagés sur la réforme du marché du travail, affichent leurs divisions en célébrant le 1er-Mai en ordre dispersé : la CGT organise des défilés, la CFDT tient meeting à Reims et FO sera devant le mur des Fédérés.
Pour cette première Fête du travail du gouvernement de gauche, sous un ciel gris, les syndicats, soudés durant cinq ans sous l'ère Sarkozy, sont divisés en deux camps respectivement emmenés par la radicale CGT et la CFDT réformiste. Les divergences se cristallisent autour du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi,"accord scélérat" pour la CGT et FO, une avancée pour créer des emplois aux yeux de la CFDT.
LA CGT DEMANDE UN "CHANGEMENT DE CAP"
La CGT, FSU et Solidaires organise 279 défilés à travers le pays, dont les premiers à Marseille Rennes ou Nantes se constituaient dans la matinée. Le cortège parisien partira à 15 heures de Bastille vers la place de la Nation. Pour le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, cette mobilisation donne l'occasion de "dire au patronat et à ce gouvernement que nous entendons avoir un changement de cap et une autre politique économique et une autre politique sociale".
Selon lui, l'adoption définitive le 14 mai du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi n'est "pas une défaite" pour la CGT mais "un constat de division dans le monde syndical, et aussi parmi les salariés, parmi les entreprises, parmi les partis politiques et parmi les parlementaires", puisque le texte a été adopté sur fond d'abstention. M. Lepaon rappelle qu'il a demandé dans une lettre à François Hollande qu'"on puisse avoir un débat national sur la question du travail et de sa rémunération".
Le leader de la CGT a aussi regretté la "responsabilité des syndicats de salariés, face à [la] poussée des idées d'extrême droite, de se rassembler et essayerd'avoir un esprit de conquête". "La solution n'est pas le Front national", selon lui,"la solution est que le gouvernement et le patronat répondent aux interrogations des salariés".
"ON N'ALLAIT PAS MANIFESTER ENSEMBLE"
Du côté de la CFDT, son leader Laurent Berger appelle à un rassemblement en fin de matinée dans la banlieue de Reims avec son homologue de l'UNSA, Luc Bérille, et de la CFTC, Philippe Louis. L'initiative est inédite et augure un début de front uni des réformistes. Certaines organisations syndicales, dont la CFDT, "ont fait le choix de signer un accord pour préserver l'emploi et lutter contre la précarité", a affirmé le patron de la CFDT sur RMC-BFM-TV, au sujet de l'accord paritaire. De ce fait, pour M. Berger, la division était inévitable : "La CGT manifeste contre cet accord, on n'allait pas manifester ensemble. (...) Il faut une Europe qui ne soit plus une Europe de l'austérité, et il faut appliquer vite les mesures pour l'emploi."
Force ouvrière fait, comme souvent, cavalier seul avec un rassemblement au Mur des fédérés en hommage à la Commune de Paris. La centrale organise des meetings et des rassemblements dans 22 départements, et son numéro un, Jean-Claude Mailly sera à Laval. Opposé, comme son homologue de la CGT, à l'accord emploi, M. Mailly a minimisé la portée des divisions, estimant que les 1er-Mai unitaires "sont rares". Pour nous "c'est une journée où on réexprime nos revendications" et c'est une journée de "solidarité internationale". "Ce n'est pas la peine de dire 'on va défiler coude-à-coude' si on n'est pas d'accord, chacun exprime ses positions", a fait valoir M. Mailly.
RECORD HISTORIQUE DU CHÔMAGE
Au moment où le nombre de chômeurs atteint un record historique (3,2 millions) et que chaque jour apporte son lot d'annonces de suppressions d'emplois, la majorité des Français (57 %) estiment que la défense de l'emploi doit être le premier objectif des syndicats, selon un sondage CSA. "La seule priorité qui vaille, c'est l'emploi, le seul objectif, c'est l'emploi", avait affirmé mardi le président François Hollande.
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A la veille des défilés, les députés socialistes ont opportunément mis sur la table de l'Assemblée nationale une proposition de loi sur la reprise des sites rentables – dite "loi Florange" –, un texte qui compléterait l'accord emploi dans le sens voulu par les syndicats, au grand dam du Medef qui dénonce une "aberration".
Ce 1er-Mai donne aussi le signal d'une série de mobilisations politiques dirigées contre François Hollande : outre le défilé frontiste mercredi, les communistes etJean-Luc Mélenchon sonneront la charge contre l'austérité dimanche, jour choisi aussi par les opposants au mariage homosexuel pour se rassembler avant leur manifestation nationale du 26 mai.
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