L’incohérent Monsieur Borloo
Mardi 2 Avril 2013 à 14:51 |
LAURENT NEUMANN - MARIANNE
Sacré Jean-Louis Borloo ! Depuis quelques jours, le président de l’UDI est parti en guerre contre François Hollande. « Il y a le feu à la maison et le chef regarde sa boîte à outil », a-t-il encore expliqué ce matin même sur Europe 1. Se moquer de l’artisan Hollande et de sa « boîte à outil » quand on a soi-même prétendu construire des maisons à bas prix qui n’ont jamais vu le jour et dont les rares qui sont sorties de terre prennent l’eau , voilà qui pourrait prêter à sourire.
Mais il y a plus drôle : Jean-Louis Borloo - qui, rappelons-le, a piteusement renoncé à se présenter à l’élection présidentielle – exige désormais un débat public avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il sait, lui, le patron de l’UDI, comment faire pour remettre le pays sur les bons rails. Il sait, lui, les bonnes décisions qu’il faudrait prendre. Lesquelles ? Motus. Pas un mot, non plus, sur l’état dans lequel l’ancienne majorité – à laquelle il appartenait – a laissé le pays. Pas un mot sur les 600 milliards de dettes supplémentaires accumulés par le gouvernement Fillon dont il a fait partie pendant de longs mois. Non, mais comme ce Hollande « désemparé » et ce Ayrault « qui a totalement perdu la main » sont incapables de diriger la France, il compte, lui Borloo, leur expliquer comment faire. "Pour qu'il ne soit pas inquiet, je vais lui envoyer les sujets à l'avance. Je lui ai déjà écrit l'autre jour, il ne m'a pas répondu. S'il veut être aidé par son ministre des Finances, du Budget, de l'Emploi, il n'y a pas de problème", a-t-il ajouté avec une morgue toute sarkozyste.
La manœuvre politique est assez grossière : alors qu’aucun leader naturel n’émerge du côté de l’UMP, alors que le fantôme de Nicolas Sarkozy continue de tétaniser ses supposés héritiers, Jean-Louis Borloo se verrait bien incarner le rôle de chef de l’opposition. Alors il fait feu de tout bois : interview au Parisien, interview sur Europe 1… Après tout, que Borloo, allié de l’UMP, critique la politique du gouvernement, rien de plus normal. La majorité gouverne, l’opposition s’oppose : logique ! Encore que, lorsque le gouvernement annonce des mesures que la droite a elle-même défendues, on serait en droit d’attendre qu’elle ne leur trouve pas que des défauts. Mais sans doute est-ce trop demander !
L’augmentation de la TVA en 2014, par exemple : un scandale, disent-ils, alors que c’est exactement ce qu’avait prôné Nicolas Sarkozy avec sa fameuse TVA sociale. Mais l’on pourrait en dire autant de l’allègement de charges pour les entreprises, de la réforme à venir des retraites ou de la baisse des droits de succession pour la transmission des entreprises… Et l’on ne parle pas des hausses d’impôts, critiquées « matin, midi et soir » par Borloo, Copé et consorts qui oublient de rappeler que, de 2007 à 2012, les prélèvements obligatoires ont augmenté de 4 points. Etonnez-vous après cela que les Français se détournent de la parole politique…
La manœuvre politique est assez grossière : alors qu’aucun leader naturel n’émerge du côté de l’UMP, alors que le fantôme de Nicolas Sarkozy continue de tétaniser ses supposés héritiers, Jean-Louis Borloo se verrait bien incarner le rôle de chef de l’opposition. Alors il fait feu de tout bois : interview au Parisien, interview sur Europe 1… Après tout, que Borloo, allié de l’UMP, critique la politique du gouvernement, rien de plus normal. La majorité gouverne, l’opposition s’oppose : logique ! Encore que, lorsque le gouvernement annonce des mesures que la droite a elle-même défendues, on serait en droit d’attendre qu’elle ne leur trouve pas que des défauts. Mais sans doute est-ce trop demander !
L’augmentation de la TVA en 2014, par exemple : un scandale, disent-ils, alors que c’est exactement ce qu’avait prôné Nicolas Sarkozy avec sa fameuse TVA sociale. Mais l’on pourrait en dire autant de l’allègement de charges pour les entreprises, de la réforme à venir des retraites ou de la baisse des droits de succession pour la transmission des entreprises… Et l’on ne parle pas des hausses d’impôts, critiquées « matin, midi et soir » par Borloo, Copé et consorts qui oublient de rappeler que, de 2007 à 2012, les prélèvements obligatoires ont augmenté de 4 points. Etonnez-vous après cela que les Français se détournent de la parole politique…
Non, ce qui étonne, dans les propos de Jean-Louis Borloo, c’est qu’ils participent avec une égale intensité de la même surenchère verbale, de la même outrance, de la même hystérie, que celle des leaders de l’UMP. Il fallait voir, jeudi dernier, en direct du siège de l’UDI, Jean-Louis Borloo critiquer la prestation télévisée de François Hollande. Déchaîné ! Drôle de centrisme en vérité, incapable de s’affranchir de son allié l’UMP. Incapable surtout d’esquisser la moindre prise de distance avec la politique économique et sociale menée durant le précédent quinquennat. Attention Borloo, à trop vouloir singer Sarkozy, c’est la maison UDI qui risque de prendre l’eau !
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