Un article du Canard enchaîné du 2 janvier 2013
Le coup d'Etat que mitonne Laurence Parisot
Pour conserver son fauteuil,la patronne des patrons s'apprête à faire modifier les statuts du Medef. Une recette façon Poutine.
En juillet, Laurence Parisot devrait abandonner la présidence du Medef. C'est du moins ce que prévoient les statuts de l'organisation patronale:ils interdissent,en effet,d'occuper cette fonction plus de deux mandats de suite ( deux foix quatre ans.)
Pourtant, Laurence Parisot est de nouveau prête à faire don de sa personne au patronat.Et d'ores et déjà,ses soutiens s'agitent en coulisses pour faire modifier les statuts du syndicat patronal lors de son assemblée générale,le 22 janvier.
Trésorier du Medef-un poste de confiance-et président de la fédération de l'industrie pétrolière, Jean-Louis Schilansky a été le premier à manger le morceau ( <<Le Monde>>,14/12): <<Elle (Parisot) a un capital de reconnaissance et a développé des relations avec le gouvernement qui marchent.Il faut qu'elle reste,quitte à changer les statuts.>>
Les dirigeants de plusieurs grosses fédérations,comme celle de la banque,sont ,eux aussi,prêts à jeter à la poubelle cette disposition des statuts. Avec cet argument,qu'avance un des caciques de la maison:<< Elle était au mieux avec Sarkosy,mais elle a su admirablement prendre le virage,et elle est aussi écoutée à l'Elysée qu'auparavant.>> Que demander de plus à une patronne des patrons?
Officiellement,Laurence Parisot ne souffle mot.Lorsque la question lui est posée (<< Le Monde >>,14/12),elle bote en touche: <<Nous avons décidé que la question de la succession serait traitée après la négociation sur l'emploi, je ne vais pas enfreindre cette règle.>> Vu la vitesse à laquelle avance ladite négociation,dont l'issue était prévue à la fin de décembre,Laurence Parisot va pouvoir continuer de jouer au chat et à la souris au moins jusqu'au 14 janviers.
Comité aux ordres
Ce jour-là doivent se réunir les 52 membres du comité exécutif du Médef. Il leur faudra notamment arrêter l'ordre du jour de l'assemblée générale du 22 janvier et proposer une éventuelle modification des statuts. Parmi ces 82 membres,10 sont des personnalités dites<<qualifiées>>,nommées sous Laurence Parisot. Laquelle ne devrait donc avoir aucun mal,après huit années sans contestation,à leur faire adopter une proposition de changement des statuts.
Ce premier pas franchi, la présidente du Medef devra obtenir les deux tiers des voix de l'assemblée générale pour obtenir la modification statutaire qui lui permettrait de rempiler.
Les candidats déjà déclarés à sa succession,tel Jean-Claude Volot, un industriel de l'aéronautique,ancien médiateur du crédit,ou le patron de Virgin Mobile, Geoffroy Roux de Bézieu ,ont déjà mobilisé leurs partisans pour tenter de faire barrage à cette opération.
L'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), dont dépendra,pour une bonne part,le résultat du vote de l'assemblée générale,s'est bien gardée de prendre position pour l'instant. Logique: elle est la plus puissante et la plus riche des fédérations patronales. Et, au patronat,chacun connaît le poids du tiroir-caisse.
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