Les Espagnols manifestent en masse contre l'austérité
Par par Julien Toyer | Reuters –Reuters/Reuters - Des dizaines de milliers d'Espagnols ont investi la Puerta del Sol et les rues de Madrid samedi à l'appel du parti anti-austérité Podemos ("Nous pouvons"), qui espère suivre
par Julien Toyer
MADRID (Reuters) - Des dizaines de milliers d'Espagnols ont investi les rues de Madrid samedi à l'appel du parti anti-austérité Podemos, qui espère suivre l'exemple du parti de la gauche radicale Syriza en Grèce lors des prochaines élections législatives.
Aux cris de "Oui, nous le pouvons!" et "tic tac tic tac", les manifestants ont rappelé au président du gouvernement conservateur Mariano Rajoy que les sondages donnent le parti de gauche Podemos ("Nous pouvons") en tête des intentions de vote en vue des élections régionales en mai et législatives à la fin de l'année.
Le rassemblement de samedi est le plus grand jamais organisé par le parti issu du mouvement des "Indignés", fondé il y a un an à peine par l'universitaire Pablo Iglesias.
"Les gens en ont marre de la classe politique", a déclaré Antonia Fernandez, une retraitée de 69 ans, expliquant qu'elle votait jusqu'alors pour le Parti socialiste mais que celui-ci s'est discrédité à cause de sa gestion de la crise économique et de son soutien aux mesures d'austérité.
"Si nous voulons avoir un avenir, il nous faut des emplois", a-t-elle conclu.
Après sept années de crise profonde, l'Espagne est un des pays de la zone euro qui bénéficie de la croissance économique la plus soutenue mais ces bonnes statistiques ne se traduisent pas encore de manière significative sur le niveau de vie de la population, alors qu'environ un Espagnol sur quatre est au chômage.
"QUI A DIT QUE C'ÉTAIT IMPOSSIBLE?"
Dans ce contexte, la promesse du nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras de mettre fin à "l'humiliation et la souffrance" trouve un fort écho en Espagne.
S'adressant à ses partisans sur la place Puerta del Sol, Pablo Iglesias a promis que 2015 serait "l'année du changement" pour l'Espagne.
"Le vent du changement commence à souffler sur l'Europe", a déclaré en grec le leader de Podemos, âgé de 36 ans.
"Qui a dit que c'était impossible?", a-t-il poursuivi en espagnol. "La Grèce a maintenant un gouvernement du changement. Il y a eu plus de choses faites en Grèce en six jours qu'au cours des années précédentes."
Comme Syriza en Grèce, Podemos espère faire exploser le système bipartisan qui a dominé la vie politique espagnole depuis le rétablissement de la démocratie en 1975 en fédérant les déçus du socialisme et du communisme.
Pablo Iglesias s'est une nouvelle fois présenté samedi comme la seule alternative au parti conservateur de Mariano Rajoy lors des prochaines élections législatives: "Ce sera Podemos ou le Parti populaire", a-t-il martelé.
Selon un sondage réalisé à la fin de l'année dernière, une personne sur quatre qui dit avoir voté pour le Parti socialiste lors du dernier scrutin parlementaire, en 2011, a l'intention de donner sa voix à Podemos lors du prochain.
(Tangi Salaün pour le service français)
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