NPA recherche anciens militants: où sont-ils partis? Au Front de Gauche mais pas que
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De 10.000 militants à sa naissance, le NPA ne compte plus que 2100 adhérents en 2015 | AFP
EXTRÊME GAUCHE - C'est l'histoire d'une révolution qui a mal tourné. En janvier 2009, un peu moins de 10.000 militants enthousiastes participaient à la création d'un objet politique non identifié: le Nouveau Parti Anticapitaliste. Fondé sur la charpente de l'ancienne Ligue communiste révolutionnaire (trotskiste), nourri par le mouvement citoyen et associatif altermondialiste et guidé par un Olivier Besancenot alors au comble de sa popularité, le NPA devait, à terme, fédérer la gauche radicale en vue d'instaurer "le socialisme du 21e siècle, démocratique, écologique et féministe".
Cinq ans plus tard, malgré la gravité de la crise financière et économique, le bilan est bien maigre. Le créneau de la gauche radicale est occupé par le Front de Gauche et personne ne s'est imposé pour succéder à l'ancien facteur de Neuilly. Surtout, les troupes ont fondu: le parti anticapitaliste revendique désormais un "effectif supérieur à 2100 membres", un nombre en chute constante malgré la promesse de la direction que l'hémorragie a été "stabilisée".
C'est donc dans un climat de crise que s'ouvre ce troisième congrès qui se tient de vendredi à dimanche en Seine-Saint-Denis même si le NPA puise dans l'expérience Syriza en Grèce de nouveaux espoirs pour l'avenir. Encore faut-il comprendre ce qui a mal tourné.
De scissions en déceptions, que sont devenus les 7900 pionniers des origines?
LES DISSIDENTS: LA TRIPLE FRACTURE FRONT DE GAUCHE
Lorsqu'émerge le NPA en 2009, année des élections européennes, l'ensemble de la gauche (hors Parti socialiste) est entrée dans une phase de recomposition politique où le maître-mot est l'ouverture à la société civile. Les Verts s'apprêtent à concourir sous la bannière Europe Ecologie avec le trio Daniel Cohn-Bendit-José Bové-Eva Joly en tête. Jean-Luc Mélenchon, parti fonder le Parti de Gauche en dehors du PS, s'est rapproché du PCF dans le cadre d'une alliance baptisée "Front de Gauche pour changer l'Europe".
Auréolé du succès d'Olivier Besancenot, qui a frôlé la barre des 5% à la présidentielle de 2007, le NPA fait alors figure de tête de pont de la gauche radicale et refuse donc de rejoindre l'alliance que lui propose le FG. Ce refus du "cartel des gauches", encore valable aujourd'hui, sera à l'origine d'une série de scissions et de dissidences qui, associées à des résultats électoraux décevants, vont vider la formation de ses forces vives.
Dès le 8 mars 2009, Christian Picquet, un ancien de la LCR, claque la porte du NPA pour fonder la Gauche Unitaire (GU) qui s'allie d'emblée avec le Front de Gauche. Résultat des courses: à la faveur d'une bonne campagne, Europe-Ecologie triomphe (16,3%) et le Front de Gauche (6,48%), bien aidé par un Jean-Luc Mélenchon que la France découvre, devance le NPA qui ne parvient pas à dépasser 5% ni à imposer un seul de ses candidats.
Malgré des accords territoriaux aux régionales, la direction du NPA refuse d'intégrer le Front de Gauche ce qui provoque dès mars 2011 la dissidence du courant unitaire "Convergences et alternative" qui rejoint le FG. La présidentielle de 2012, où la direction du NPA impose la candidature de Philippe Poutou, précipite une troisième scission avec le départ du courant "Gauche anticapitaliste", qui rejoint là encore le FG.
La plupart des anciennes fractions du NPA se sont aujourd'hui rassemblées sous l'appellation Ensemble afin de peser au sein du Front de Gauche.
LES DÉÇUS DU SECTARISME
A ses débuts, le NPA attire une nouvelle génération militante venue du monde associatif altermondialiste. Beaucoup vont renoncer en dénonçant le "sectarisme" de la formation politique où les luttes d'appareil héritées de la LCR sont encore la règle. "Le réflexe unitaire a presque disparu, remplacé par une ligne 'gaucho-guevariste' de type 'le NPA seul contre tous!'", se désole Raoul-Marc Jennar en février 2011 lorsqu'il quitte le NPA "sur la pointe des pieds". Venu de la société civile, ce spécialiste des relations internationales participe à la fondation du parti avant d'être propulsé tête de liste aux européennes dans le Sud-Est. Il a depuis rejoint le Parti de Gauche.
Même itinéraire pour Leïla Chaibi, venue de l'association "anti-précariat" L'Appel et la pioche, qui rejoint le NPA avant de rallier Jean-Luc Mélenchon pour privilégier l'action coup de poing loin "des guerres de chapelles où on disserte pendant des heures du marxisme".
Le sociologue Philippe Corcuff, altermondialiste, membre d'Attac et passé par toutes les formations politiques de gauche pour finir sur le NPA, claque la porte en 2013 pour rejoindre la Fédération anarchiste tout en militant dans le syndicalisme.
Le fonctionnement du NPA poussera certains de ses membres les plus en vue à prendre du recul. En octobre dernier, Philippe Poutou, ex-candidat à la présidentielle de 2014, annonce son départ en éreintant une direction "trop parisienne". "Je n’ai jamais su ou pu m’intégrer" au comité exécutif du parti, écrit l'ancien candidat-ouvrier, déclarant se sentir à la fois éloigné et inutile.
LES TRANSFUGES EXTRÊMES VERS LE FN
Le phénomène est difficile à quantifier: il n'en fait pas moins beaucoup parler. Plusieurs soutiens du NPA, déçus par l'évolution de la formation anticapitaliste, ont choisi l'autre extrême de l'échiquier politique pour leur reconversion politique. Une reconversion souvent bien plus difficile qu'il n'y paraît. Le cas d'Aurélien Legrand, ex-candidat et militant du NPA devenu la plume du Front national à Paris, se voudrait emblématique, il ne l'est pas.
Fabien Engelmann, avant d'être élu maire d'Hayange en Moselle sous l'étiquette du parti d'extrême droite, a été syndicaliste à la CGT, candidat de Lutte ouvrière avant de rejoindre le NPA à sa fondation en 2009. Il le quitte moins de deux ans plus tard pour se rallier à la théorie de la "préférence nationale" prônée par le parti d'extrême droite. A l'époque, c'est la décision du NPA d'introniser une candidate voilée qui précipite sa décision. "Nous étions tous littéralement sidérés de voir que le parti acceptait une candidate voilée, sans même prendre l’avis des ses adhérents lors d’un congrès national", confiera-t-il au site d'extrême droite Riposte Laïque. Accueilli à bras ouverts, élu maire, Engelmann déchante. Les disputes à la mairie d'Hayange et la menace d'une invalidation de son élection ont convaincu la direction du FN qu'il constitue désormais un "maillon faible".
Autre transfuge, autre déception. Evadée du NPA, Vénussia Myrtil, 21 ans, métissée, est brièvement apparue en 2011 comme le nouveau visage d'un Front national dédiabolisé. "Perdue" au sein du NPA qui rejette tout nationalisme, la jeune fille avoue se sentir "attirée par le discours patriote de Marine". Mais ses convictions pro-LGBT et favorables à la légalisation du cannabis, immédiatement exploitées par les adversaires internes de Marine Le Pen, l'ont rapidement mise à l'écart.
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