L'épouse de Luz sur le débat post-Charlie Hebdo: "Être aimé par des cons, c'est dur, être haï par des amis, c'est pire"
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Luz et son épouse Camille Emmanuelle arrivent aux obsèques de Charb, le 16 janvier à Pontoise | AFP
CHARLIE HEBDO - "Je dois me taire. Mais quand je vois certains militants, pro-putes ou LGBT ou féministes, des gens dont je partage les combats, communiquer sur leur 'différence', en crachant sur des morts qui ne peuvent plus répondre, j’enlève le bâillon que je me suis mise moi-même sur la bouche."
Dans une tribune publiée ce vendredi 30 janvier sur le site de Brain Magazine et largement partagée sur les réseaux sociaux, la journaliste Camille Emmanuelle, épouse de Luz, dessinateur à Charlie Hebdo, écrit qu'"être aimé par des cons, c'est dur", mais qu'"être haï par des amis, c'est pire".
Citant plusieurs articles de presse parus depuis la tuerie du 7 janvier, la journaliste spécialiste "des sexualités" (dont plusieurs billets ont été publiés sur Le HuffPost) évoque des "bêtises ou des contresens". Quand Luz, dans un hommage irrévérencieux et au-delà du second degré, raconte durant les obsèques de son "frère" Charb à quel point ils ont pu "s'enculer", L'Internaute publie un article intitulé "Luz avoue avoir été son amant lors des obsèques" et "des haters sur Twitter se lâchent et traitent de 'grosses tapettes' les gens de Charlie".
Écoutez le discours de Luz :
Quand une militante LGBT publie sur le site de Têtu un billet qualifiant l'hebdomadaire endeuillé de "journal raciste, homophobe, transphobe, sexiste et tout particulièrement islamophobe", Camille Emmanuelle juge avec ironie qu'il est "tellement plus cool, quand on est militant dans une organisation qui défend les 'opprimés', d’être 'contre' la masse, les médias, l’unité nationale. En oubliant que Charlie Hebdo conchie aussi le discours de masse et les symboles, et n’était pas, dernièrement, soutenu par grand'monde".
"Se positionner politiquement 'anti-unité-nationale-je-suis-Charlie', c’est logique. En tant que militants de mouvements qui défendent le droit à la différence, cela leur redonne une légitimité de "hé, regardez, nous on n’est pas des moutons! Mais c’est un aveuglement idéologique", poursuit-elle.
Plus loin dans sa tribune, la journaliste évoque aussi les propos de l'écrivaine et essayiste franco-canadienne Nancy Huston, qui dit avoir "toujours détesté l'image des femmes et des homosexuels qui transparaissaient dans les dessins de Charlie Hebdo". Et de citer et endosser la réponse d'une de ses amies sur Facebook:
"C’est tout à fait idiot ce qu'elle dit-là. (...) En tant que femme, les caricatures sur les femmes aliénées volontairement me font rire. Comme toute formes de caricatures qui détournent les dogmes, les préjugés, les intolérances pour les ridiculiser et détruire par le rire leur pouvoir néfaste. (...) En tant que femme, j'aimerais être caricaturée comme un homme, parce que je suis pas en sucre et que j'ai de l'humour et de l'intelligence."
Sur la page Facebook de Brain et dans les commentaires du billet, de nombreux internautes félicitent la jeune femme pour son texte. "Très bonne critique des anti-systèmes qui se croient autorisés à baver sur des cadavres", écrit l'un d'eux.
La suite ici ---->http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/30/debat-reactions-charlie-hebdo-epouse-luz-camille-emmanuelle_Lire aussi :
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