Un
article du MONDE en date du 26 avril
2013
M.Mélenchon
accentue la pression sur
M.Hollande
L’opposition du gouvernement à l’amnistie
syndicale aggrave le fossé avec le Front
de gauche
Il
n’a réagi que par un tweet,mercredi 24avril.«La
honte! Le PS vote contre l’amnistie sociale. Socialistes, rompez les rangs!»,
s’est indigné Jean-Luc Mélenchon après le rejet en commission des lois de l’Assemblée
nationale de la proposition de loi communiste
sur l’amnistie syndicale. Un choix appuyé par le gouvernement,qui a clairement
fait part de son opposition à ce texte par la voix de son ministre chargé des
relations avec le Parlement, Alain Vidalies.
Une
conférence de presse a été organisée avant d’être annulée par le coprésident du
Parti de gauche (PG).Ce dernier a préféré laisser ses lieutenants et les communistes en première ligne pour se
concentrer sur la préparation de l’émission «Des
Paroles et des actes», dont il est l’invité jeudi soir sur France 2.
Une
émission qui tombe on ne peut mieux pour le leader du Front de gauche à dix
jours de sa marche – son «coup de balai» –
pour une VI e République.
Il
y sera opposé à l’économiste Jacques Attali et au député UMP de la Marne
Benoist Apparu. «C’est intéressant, car
Attali arrive à faire des recommandations aussi bien à des gens de droite que de gauche, estime
Martine Billard,coprésidente du PG. C’est exactement ce que l’on
dénonce sur l’interchangeabilité de certaines personnes dites expertes.»«Après Jérôme Cahuzac, il n ’ y a plus grand monde qui accepte
de se mesurer à Jean-Luc», veut elle également croire.
A
n’en pas douter, le leader du Front de gauche réservera une place de choix au sujet
de l’amnistie sociale, dont il a fait un cheval de bataille. En février, il
avait menacé de«tordre le bras» de
François Hollande et de «pourchasser jusque dans le dernier village de France» les
parlementaires de gauche qui ne
voteraient pas le texte. La fermeté affichée mercredi par le gouvernement, qui
s’était montré divisé sur le sujet lors de l’examen du texte au Sénat, donne à l’ancien
candidat à la présidentielle de nouvelles armes pour taper
sur l’exécutif.
Les
communistes ont déjà lancé une première salve mercredi, lors d’une conférence
de presse. Jugeant cette décision «totalement
incompréhensible», Pierre Laurent, secrétaire national du PCF,
a dénoncé «un désaveu de la majorité
sénatoriale», qui avait adopté le texte en février, et
une «volte-face» du
gouvernement. «Le Front de gauche organise la Semaine prochaine une manifestation en disant “tous
pourris, du balai” ,on ne va pas en plus leur donner un texte!»,
répond-on du côté des députés socialistes.
Au
PCF et au PG , on espère désormais que cette décision permettra de grossir les rangs
de la marche du 5 mai. «La réalité, c’est qu’un certain nombre
de personnes y ont cru quand le gouvernement s’est félicité du texte, juge
Mme Billard. Ce revirement va créer des réactions
assez furieuses et un certain nombre de personnes vont venir à la manif.»
La
séquence s’annonce d’autant plus compliquée pour le gouvernement que le
calendrier ne lui est pas favorable dans les quinze prochains jours. Il y a d’abord
le 1er Mai, manifestation syndicale au cours de laquelle pourraient fleurir des slogans
sur l’amnistie. Viendra ensuite le défilé du 5 mai. Puis le 14 mai, le texte sur
l’accord national interprofessionnel (ANI),que le Front
de gauche a âprement combattu, sera voté au Sénat.
Face
à la fronde des sénateurs communistes et malgré le recours au vote bloqué, le gouvernement
n’a en effet pas réussi à faire définitivement adopter ce texte avant le 1e rmai.
Deux jours plus tard, enfin, le 16 mai, la proposition de loi sur l’amnistie
sera débattue à l’Assemblée.
Autant
de rendez-vous qui permettront au Front de gauche de maintenir la pression. «On ne va pas les lâcher, confie
François Delapierre, secrétaire national du PG. L’amnistie des communards a bien pris un demi-siècle… Ce
sont des enjeux symboliques.»
Le
Front de gauche a trouvé un allié inattendu du côté d’EELV qui dénonce <<
une nouvelle occasion manquée >>
En
attendant, le Front de gauche a trouvé un allié inattendu du côté d’Europe
Ecologie - Les Verts. Le parti de Pascal Durand a en effet dénoncé dans un communiqué «une nouvelle occasion manquée» sur
l’amnistie. «Au moment de l’ utilisation par le
gouvernement du vote bloqué pour faire adopter l’ANI, il était
pourtant plus que nécessaire d’apaiser le climat social»,
jugent les écologistes. Pas de quoi les faire descendre dans la rue le 5 mai,
mais un signe supplémentaire des tensions qui traversent aujourd’hui la gauche.
Raphaëlle Besse Desmoulières
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