Aveu de Cahuzac: Hollande et Ayrault pointés du doigt par la droite et une partie de la gauche
Le HuffPost | Par Geoffroy ClavelPublication: 02/04/2013 20:33 CEST
AVEU DE CAHUZAC - La sanction de l'Elysée n'a pas tardé après les aveux spectaculaires de Jérôme Cahuzac, qui a confirmé ce mardi 2 avril détenir un compte bancaire à l'étranger après l'avoir longuement démenti.
Mais alors que François Hollande a longtemps soutenu son ancien ministre, avant de finalement accepter sa démission, le gouvernement se retrouve désormais pointé du doigt sur sa gestion de l'affaire Cahuzac, obligeant le président de la République et le premier ministre à monter au front pour plaider leur bonne foi.
Le chef de l'Etat a ainsi jugé avec "grande sévérité" les confessions de Jérôme Cahuzac, selon un communiqué de l'Elysée dénonçant une "impardonnable faute morale" de Cahuzac qui a nié "l'existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale".
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Une riposte particulièrement musclée alors que François Hollande, lors de son intervention télévisée de jeudi dernier, adressait encore sa confiance à son ancien ministre du Budget. "J'ai confiance en sa parole", avait assuré le chef de l'Etat sur France2. Et pour cause: "Quand il y a eu les premières révélations, il m'a dit qu'il n'avait pas de compte, il l'a répété devant l'Assemblée nationale".
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Ayrault accuse Cahuzac d'avoir "trahi" le gouvernement
Alors que l'opposition UMP s'est emparée de l'affaire pour mettre en accusation le gouvernement, le premier ministre Jean-Marc Ayrault et certains membres du gouvernement sont venus à la rescousse de François Hollande en chargeant Jérôme Cahuzac à son tour.
Dans un communiqué, le premier ministre a exprimé sa "tristesse et sa consternation" en accusant son ancien ministre d'avoir "menti devant le président de la République, le Premier ministre et la représentation nationale".
Sur le plateau de France2, Jean-Marc Ayrault a encore épinglé une "faute individuelle grave" et demandé à Jérôme Cahuzac de renoncer à ses mandats politiques. "J'ai eu un échange avec lui pour lui dire qu'il nous avait trahi", a dénoncé le chef du gouvernement.
"C'est le président de la République en tant qu'institution qui a été bafoué et trahi dans cette histoire", a renchéri la ministre de la Culture Aurélie Filippetti sur BFMTV, jugeant que François Hollande avait été "irréprochable" dans cette affaire.
Vers une commission d'enquête parlementaire?
Si le couple exécutif joue la carte de l'indignation, c'est aussi parce que cet ultime rebondissement de l'affaire Cahuzac menace de l'éclabousser à son tour. Dès l'annonce de la confession de l'ancien ministre confirmée, l'UMP ainsi qu'une partie de la gauche, dont EELV et le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, se sont empressés de réclamer des explications à François Hollande.
"La question qui se pose désormais est de savoir si le Président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement étaient au courant et s’ils ont couvert ces faits", tranche le président de l'UMP, Jean-François Copé, dans un communiqué, estimant au passage que "ce mensonge signe définitivement la fin de la gauche morale et donneuse de leçons".
"J'ai du mal à imaginer que le Premier ministre et le président de la République n'aient pas été au courant de cette situation", a renchéri le patron des députés UMP, Christian Jacob.
"La question se pose désormais de savoir si Hollande et Ayrault ont voulu protéger Cahuzac avec cette pseudo attestation bancaire suisse", a réagi sur Twitter le député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti.
Plusieurs députés UMP, dont Daniel Fasquelle, ont réclamé une commission d'enquête "sur le mensonge de Jérôme Cahuzac" dans ce qui "apparaît de plus en plus comme une affaire d'Etat". Et l'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a réclamé des "excuses" de Jean-Marc Ayrault devant les députés ce mercredi dans l'hémicycle.
La gauche s'interroge sur le rôle de Hollande et Ayrault
La situation n'est guère plus apaisée à gauche. Jérôme Cahuzac "a accepté d'être ministre du Budget, il avait déjà un compte secret. Où s'arrête la chaîne des mensonges ? C'est pas possible que personne n'ait rien su", s'est interrogé Jean-Luc Mélenchon à l'autre bout de l'échiquier politique.
Pascal Durand, secrétaire national d'Europe-Ecologie Les Verts, prend encore moins de gants. "S'il est avéré que l'information du Canard Enchaîné (du 27 mars) selon laquelle l'Elysée est au courant depuis décembre et qu'aucune mesure à ce moment n'a été prise, on est en droit de s'interroger sur la notion de l'intérêt général qui préside dans ce pays",
Selon le Canard Enchaîné, François Hollande "dispose depuis Noël d'une note (...) émanant de Beauvau" affirmant que la voix sur la bande enregistrée diffusée par Mediapart "est proche de celle du ministre du budget".
La séance des questions au gouvernement de ce mercredi promet d'être particulièrement animée.
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