L’histoire secrète du dollar
Samedi 26 Janvier 2013 à 15:00
LAURENT BINET
L’auteur d’HHhH a lu pour « Marianne » le livre de Malek Abbou : « Fondements métaphysiques du dollar ». Une plongée instructive dans l’imaginaire puritain du néolibéralisme.
Dans Pastiches et Postiches, Umberto Eco s’était amusé à faire l’explication de texte d’un billet de cent mille lires. Dans Fondements métaphysiques du dollar (Fage éditions), Malek Abbou se livre au même exercice avec le billet vert et son érudition n’a rien à envier à celle du vieux sage de Bologne.
Ainsi apprend-on que le signe $ signifie «spanish pillar dollar» parce que le mot «dollar» est une déformation hispanisante du thaler, monnaie autrichienne que les Habsbourg ont exportée en Amérique latine via l’Espagne, la double barre représentant les colonnes d’Hercule censées encadrer le détroit de Gibraltar. On apprend aussi que l’air coincé de George Washington sur les one dollar bills provient d’un dentier rudimentaire ou que l’aigle qui orne le Grand Sceau présidentiel s’est imposé au détriment du Phénix mais que Benjamin Franklin aurait préféré une dinde ou un serpent à sonnette.
Le projet de l’auteur, cependant, ne se limite pas à cette collection d’anecdotes savoureuses. A partir du sociologue Max Weber, qu’il reprend et dépasse en exposant magistralement le «double bind infernal» où nous place la doctrine mortifère de la prédestination, il lit dans les lignes du billet vert la trajectoire idéologique d’une nation partie de Calvin pour arriver aux agences de notations : la Main invisible du marché fait écho à la divine Providence, ...
Ainsi apprend-on que le signe $ signifie «spanish pillar dollar» parce que le mot «dollar» est une déformation hispanisante du thaler, monnaie autrichienne que les Habsbourg ont exportée en Amérique latine via l’Espagne, la double barre représentant les colonnes d’Hercule censées encadrer le détroit de Gibraltar. On apprend aussi que l’air coincé de George Washington sur les one dollar bills provient d’un dentier rudimentaire ou que l’aigle qui orne le Grand Sceau présidentiel s’est imposé au détriment du Phénix mais que Benjamin Franklin aurait préféré une dinde ou un serpent à sonnette.
Le projet de l’auteur, cependant, ne se limite pas à cette collection d’anecdotes savoureuses. A partir du sociologue Max Weber, qu’il reprend et dépasse en exposant magistralement le «double bind infernal» où nous place la doctrine mortifère de la prédestination, il lit dans les lignes du billet vert la trajectoire idéologique d’une nation partie de Calvin pour arriver aux agences de notations : la Main invisible du marché fait écho à la divine Providence, ...
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