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lundi 1 avril 2013

Les socialistes au cœur de la mondialisation

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POLITIQUE -  le 28 Mars 2013
Cactus Les dessous chics

Les socialistes au cœur de la mondialisation


              

Le socialiste Pascal Lamy, président de l'Organisation mondiale du commerce depuis 2005
Retrouvez les Dessous chics, la chronique des Pinçon-Charlot, chaque jeudi dans Cactus, le supplément grinçant de l'Humanité.
Les Français pensent souvent que les Américains, les Anglais ou les Allemands sont les principaux responsables de la mondialisation du commerce, des affaires et de la finance. Or les faits sont têtus. Jacques Delors, délégué national du Parti socialiste pour les relations économiques internationales (1976-1981), fut nommé président de la Commission européenne de 1985 à 1994 après avoir été ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement Mauroy, de 1981 à 1984, sous la présidence de François Mitterrand.
Son directeur de cabinet avait été alors Pascal Lamy (photo), ancien membre du comité directeur du Parti socialiste, inspecteur général des finances après son passage par l’École nationale d’administration (ENA), celle des hautes études commerciales (HEC), et l’Institut des études politiques de Paris (IEP). Ils ont élaboré ensemble la directive de 1988 sur la libéralisation des mouvements des capitaux à l’intérieur de l’Europe. Puis le traité de Maastricht qui, soumis en 1992 à l’assentiment des Français par référendum, ne recueillera que 51,05 % des suffrages exprimés. Ce traité rendit tout de même obligatoire l’extension de cette libéralisation aux mouvements de capitaux avec les États tiers, c’est-à-dire n’appartenant pas à la Communauté européenne. Depuis 2005 Pascal Lamy, pour qui « l’ouverture des marchés et la réduction des obstacles au commerce ont été, restent et resteront essentielles », est président de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Michel Camdessus, ancien élève de l’ENA, haut fonctionnaire proche du Parti socialiste, fut nommé directeur du Trésor en 1982 puis gouverneur de la Banque de France en 1984, durant le premier mandat de François Mitterrand. Il occupa ensuite pendant treize ans le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI), de 1987 à 2000. Henri Chavranski, autre haut fonctionnaire proche du Parti socialiste, put, à l’OCDE qu’il présida de 1982 à 1994, contribuer à la libéralisation de tous les mouvements de capitaux entre les États membres.
Puis ce fut le tour de Dominique Strauss-Kahn, éminent membre du Parti socialiste, d’être proposé par Nicolas Sarkozy dès qu’il fut élu président de la République, en 2007, pour sa candidature au poste de directeur général du FMI, où il resta jusqu’à sa chute hautement médiatisée en mai 2010. Curieusement c’est encore une Française, Christine Lagarde, qui fut nommée le 30 juin 2011 directrice générale du FMI en remplacement de Dominique Strauss-Kahn, alors qu’une enquête était ouverte par la commission des requêtes de la Cour de justice de la République sur la responsabilité de l’ancienne ministre de l’Économie et des Finances de Nicolas Sarkozy dans la décision du tribunal arbitral qui a accordé plus de 200 millions d’euros à Bernard Tapie, qui fit une brève apparition dans le gouvernement socialiste de Pierre Bérégovoy en 1992-1993. Martine Aubry, la fille de Jacques Delors et secrétaire nationale alors du Parti socialiste, a dit apprécier les qualités et la nomination de Christine Lagarde à la tête du FMI, qui, toutefois, ne saurait être taxée de proximité avec le PS.
L’oligarchie libérale est ainsi faite que depuis le tournant de 1983, au cours duquel les élites du Parti socialiste ont assumé leur « modernité », c’est-à-dire leur adhésion au libéralisme, elle peut défendre ses intérêts en faisant jouer l’alternance entre la droite et la « gauche ». On change le personnel, mais, comme le miroir aux alouettes, il s’agit de faire briller l’espoir pour mieux neutraliser le gibier.
  • A consulter:
Le dernier ouvrage paru de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon: l’Argent sans foi 
ni loi, conversation avec Régis Meyran, Textuel, 2012.
  • A lire aussi les dernières chroniques des Pinçon-Charlot dans l'Humanité:
monique pinçon-charlot et michel pincon

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