L’armée et l’industrie de la défense rassurées par Hollande
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Par Vincent Lamigeon
DECRYPTAGE François Hollande a tranché: le budget de la défense sera "stabilisé". Un scénario presque rêvé pour le ministère de la Défense.
Mots-clés : défense
François Hollande a tranché : il ne sera pas le fossoyeur des armées. "Je suis chef de l'Etat, chef des armées, j'ai pu apprécier la qualité de notre outil militaire, assurait-il, le 28 mars, lors de son entretien télévisé. Nous dépenserons en 2014 exactement le même montant qu'en 2013. Et après, ce sera la même chose." Le chef de l’Etat a positionné le curseur avant même la remise du Livre blanc, attendue pour la première quinzaine d’avril, optant pour un budget quasi-inespéré pour l’aréopage de la défense française.
Exit, donc, le scénario le plus noir, devenu le cauchemar des armées, le repoussoir ultime. Son nom de code : "scénario Z". Derrière ce nom de film de série B, ce cadrage budgétaire, transmis il y a environ un mois par Bercy au ministère de la défense, envisageait une coupe de plus de deux milliards par an sur le budget militaire. Les armées avaient sorti leurs calculatrices : un tel scénario aurait abouti à 50.000 suppressions de postes au ministère de la défense, 30.000 dans l’industrie de défense, et un format des armées divisé par deux ! "Ce scénario Z stupide menaçait un secteur d’excellence français, un facteur d’influence, mais aussi un outil de cohésion sociale qui intègre des milliers de jeunes sans qualification", assène Loïc Tribot la Spière, délégué général du think tank CEPS.
En stabilisant le budget de la défense à 31,4 milliards d’euros, le niveau de 2013, l’arbitrage présidentiel va au-delà des projections les plus optimistes de l’hôtel de Brienne, qui défendait un "modèle Y" à environ 30 milliards d’euros par an. "Nous avons obtenu une sorte de modèle Y +, c’est une grande victoire", se félicite-on au cabinet de Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense.
Inflation compensée dans le budget
Dans le détail, le budget de la défense en 2013 (31,4 milliards d’euros) est maintenu en 2014 et 2015, soit les deux premières années de la loi de programmation militaire (LPM) qui devrait être votée par le parlement à l’automne. C’est la règle dite du "zéro valeur", ce qui signifie que le budget sera quand même rogné par l’inflation. Les deux années suivantes, 2016 et 2017, verront l’application de la règle dite "zéro volume" : pas de hausse du budget, mais une inflation compensée. Enfin, les deux dernières années de la programmation militaire (2018 et 2019) actent une forme de clause de retour à meilleure fortune, avec une hausse du budget de 1% par an, en plus de l’inflation.
Pour Jean-Yves Le Drian, la victoire est incontestable. "Vu le contexte budgétaire, les armées ne pouvaient pas espérer mieux que ce scénario", assure François Lureau, ancien délégué général pour l’armement. "Le cap fixé maintient l’intégrité des armées", se félicite Gwendal Rouillard, député PS et membre de la commission de défense de l’Assemblée nationale. Le ministre de la défense avait pu compter sur une union sacrée inédite des parlementaires de tous bords pour défendre l’outil militaire français. Mi-mars, la commission de défense du Sénat réclamait le maintien de l’effort de défense à 1,5% du PIB, contre 1,18% pour le "scénario Z", menaçant de ne pas voter la loi de programmation militaire s’ils n’étaient pas entendus. Le 26 mars, la présidente PS de la commission de défense de l’Assemblée nationale Patricia Adam enfonçait le clou: "Bercy veut tuer le ministère de la défense, assénait-elle dans le Monde. Dès 2015, si on le suit, il ne lui restera que la sécurité nationale, les forces spéciales et la dissuasion."
Le scénario "zéro" écraté pour de bon?
Le scénario noir – il y a encore quelques jours, le député UMP Christophe Guilloteau assurait sur le blog de défense le Mamouth avoir vu passer un scénario noir à "zéro porte-avions", "zéro char lourd" et"140 avions de combat" au lieu de 300- semble écarté. Mais les armées auraient tort de crier victoire trop tôt. La précédente loi de programmation militaire (2009-2014) n’avait pas été respectée : la Cour des comptes avait mis en évidence un écart de 4 milliards d’euros entre les prévisions la LPM et les budgets effectivement appliqués....
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