La morale à l'école : un vœu pieux ?

Vendredi 25 Janvier 2013 à 16:00 | 

Régis Soubrouillard - Marianne

Des cours de morale laïque à l'école dès la rentrée 2013 ? L'initiative ferait coup double : plébiscitée par les Français, elle ne coûte quasiment rien par temps de coupes budgétaires. Seul problème : personne ne peut dire à cette heure ce qui serait au juste enseigné.

SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA

Réintroduire la morale à l'école, l'initiative fleure bon la IIIe République, le temps béni des Jules (Ferry et Grévy), l'époque où la leçon de morale, systématiquement, inaugurait la journée de classe. L'air du temps suffisait alors à assurer à cet enseignement une apparence d'évidence. Le pouvoir de l'institution scolaire, l'autorité du maître et le consensus de la nation sur les valeurs faisaient le reste. Une convergence bienheureuse mais un conformisme certain : dans sa «Lettre aux instituteurs», en 1883, Jules Ferry lui-même leur recommandait la plus grande prudence : «Bornez-vous à l'office que la société vous assigne : poser dans l'âme des enfants les premiers et solides fondements de la simple moralité.» La petite maxime du jour est alors écrite au tableau noir : «Je prendrai grand soin de mes affaires», «J'écouterai toujours le maître». Le tout illustré d'exemples tirés de l'expérience commune la plus immédiate qui conféraient à ces règles simples un supplément d'autorité.   

Risquons la transposition des maximes élémentaires dans une époque désorientée qui voit le«parent d'élève» faire lui-même le coup de poing à la sortie des collèges afin de venger le fiston outragé. Faudra-t-il que les profs osent un «Je ne cognerai pas mon professeur de lettres, ce bouffon amoureux de la princesse 2Klev» ? Ou encore un «Je ne participerai pas à des tournantes à l'heure des devoirs» ? ...

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